Coupures de presse.
Le nouveau Parlement fait encore des vagues avec au milieu
une vaguelette portant une fatwa d’un
salafiste appelant à éliminer physiquement Mohamad
ElBaradei. Au milieu de cela,
l’élection du Qatar pour le Mondial 2022 a droit à quelques
commentaires qui valent le détour.
Fatwa contre ElBaradei et
bataille pour le Qatar
Nous allons laisser de côté, cette semaine, les commentaires
toujours abondants sur les législatives, les fraudes et le
nouveau Parlement, car il n’y a rien à signaler de nouveau
sur ce front. La colère des uns et des autres continue ici
et là, mais la caravane semble passer sans embûches …
Jusque-là. Seul fait insolite et révélateur en même temps
c’est cette information relayée par la presse sur une fatwa
(eh oui une autre !!!) qui appelle à couper la tête de
Mohamad ElBaradei, ex-directeur
de l’AIEA et Prix Nobel de la paix. Al-Yom Al-Sabie
rapporte que le cheikh Mahmoud Amer, un prédicateur du
mouvement salafiste, a appelé à
tuer ElBaradei qu’il accuse «
d’inciter à l’insurrection civile contre le régime de
Moubarak ». Le site du journal Al-Dostour
en ligne qui se fait désormais appeler le «
Dostour original », en
opposition au journal papier racheté par l’homme d’affaires
Réda Edouard, a interviewé le cheikh en question qui a
déclaré que « l’insurrection civile est considérée comme un
outil des khawaregs et une
atteinte au pouvoir en place et le châtiment commence de la
prison à la condamnation à mort par le biais du gouvernement
pour éviter la fitna (le
schisme) ». Le cheikh a ajouté que cette fatwa n’est pas
seulement valable pour ElBaradei
mais aussi pour tous ceux, qui comme lui, appellent à
l’insurrection. Il a également fustigé le Front national
pour le changement de Baradei
dont les revendications ne contiennent pas la demande
d’appliquer la charia islamique et se concentrent sur la
politique. « Et puis, c’est un front laïque avec à sa tête
un laïc dont les mains sont entachées du sang des musulmans
en Iraq. Le pouvoir gère comme il peut les affaires de la
nation dans la marge des circonstances internes et externes
» ! Il a appelé, selon Al-Dostour,
le président Moubarak à éliminer physiquement
ElBaradei. Drôle de fatwa de la
part d’un adepte du mouvement salafiste,
pour qui le pouvoir est un mécréant. Drôle de fatwa aussi
contre le concept de l’insurrection civile qu’il affilie aux
khawaregs, puisque c’est ce même
concept qui a été utilisé par le Front islamique du Salut en
Algérie en 1991 contre le pouvoir en place et qui a accouché
de dix ans d’horreurs contre des innocents. Mais les fatwas,
semble-t-il, ont des voies impénétrables !!!
Passons à une autre élection. Celle du Qatar au Mondial 2022
qui n’a pas eu son lot de commentaires, tous braqués, à ce
moment, sur les législatives. A tête reposée, les
commentateurs l’abordent cette semaine avec des connotations
assez différentes. Pour Salama
Ahmad Salama, dans le quotidien
Al-Shorouk, la victoire du Qatar
a été une heureuse surprise pour tous les Arabes « qui
compense les stupidités et les fractures qui ont entaché les
relations sportives entre leurs pays et ont donné lieu à des
agressions et des batailles à cause du football entre
l’Egypte et l’Algérie. Mais elle renvoie aussi à tout ce qui
reste aux peuples de sentiments de dignité nationale,
d’appartenance et de frustration ». Mais en tant que
défenseur de l’environnement, ce qui l’a intéressé en
premier lieu c’est le recours du Qatar à des énergies
propres pour climatiser les stades et l’opportunité pour les
pays arabes d’étudier le recours à l’énergie solaire.
Un commentateur sportif appelle les Arabes à un tout autre
challenge. Il y voit sur les pages d’Al-Masry
Al-Yom une manière d’unifier les Arabes et les musulmans … !
Encore une fois, une manière de charger le foot de missions
impossibles. Comment ? Il explique : « C’était juste une
blague lancée par Blatter et
c’est devenu un tollé ». Lors d’une conférence de presse en
Afrique du Sud, un journaliste a posé la question : comment
la FIFA pouvait-elle accorder au Qatar le privilège
d’organiser le Mondial alors que c’est un pays qui, comme
les autres pays arabes, opprime les libertés individuelles
et incrimine l’homosexualité ? « La réponse de
Blatter fut : les homosexuels
n’ont qu’à suspendre leur homosexualité jusqu’à la fin du
Mondial. Les homosexuels du monde entier ont déclaré la
guerre à Blatter, aux Arabes et
à l’islam. Je demande à tous de soutenir le Qatar pour
défendre les musulmans et les Arabes … Ce n’est plus le
Mondial qui est visé mais le Qatar dans son arabité et son
islam et avec lui tous les Arabes et les musulmans … Je
crois que ce n’est que le début de plusieurs batailles qui
vont suivre … Cela va attiser l’appétit de ceux qui n’aiment
pas les Arabes et l’islam et ils vont sauter sur l’occasion
pour lancer leurs agressions. Et si la politique n’a pas
réussi à nous unir, le football le fera cette fois-ci
peut-être … ». Dans sa recette d’union magique, le
commentateur a mis tous les ingrédients mais a omis
d’expliquer comment devrait se cuisiner cette union tant
rêvée et jamais atteinte. Le journal
Saout Al-Ouma, très
acerbe contre le régime, a publié cette semaine un article
apologique et paradoxal sur le deuxième fils du président,
Alaa Moubarak, qualifié de
l’homme du peuple ! L’histoire qu’il rapporte est que ce
dernier s’est vu voler ses chaussures, alors qu’il faisait
la prière du vendredi dans une mosquée de
Madinet
Nasr en compagnie du ministre du Pétrole. « Pour
seule réaction, il a ri et a dit : maintenant je suis comme
le commun du peuple. Et quand le ministre a demandé de punir
les responsables de la mosquée, Alaa
s’est interposé et a refusé. Ce qui a prouvé encore une fois
ses grandes valeurs morales ». L’article a en effet énuméré
toutes les fois où Alaa Moubarak
a été irréprochable dans son attitude : « Comme quand il
était avec sa famille dans un lieu de divertissement privé
dans la ville du 6 Octobre et que son fils est tombé d’une
balançoire. Le patron a voulu punir les employés mais il a
catégoriquement refusé cela ». Et de conclure : « Il paraît
de tout cela que Alaa Moubarak
aime être traité comme un citoyen égyptien modeste,
contrairement à d’autres qui chargent quelqu’un pour leur
porter leurs chaussures, à l’instar de
Ezz et d’autres ». En référence à Ahmad
Ezz, président de la commission
de la planification au sein du PND, qui par on ne sait quel
subterfuge est devenu pour les opposants l’unique diable
malfaisant.
Najet
Belhatem