Opposition .
Le fiasco quasi total des partis et des forces politiques
aux récentes élections législatives était perçu comme un
coup de fouet. Ils tentent de se repositionner sur la scène
politique.
Des leçons à tirer
Les résultats des élections législatives ont foudroyé
l’opposition qui a essuyé une lourde défaite due, selon
elle, à la fraude généralisée qui a marqué le scrutin. Une
défaite qui est tombée comme une douche froide sur les
partis politiques qui souffrent de divisions internes. Après
avoir accusé le coup, ils tentent de se repositionner.
Les deux grandes forces perdantes ont été le parti libéral
du néo-Wafd et la confrérie des Frères musulmans. Sur 508
sièges, l’ensemble de l’opposition n’a pu obtenir qu’un
nombre minime de sièges. Al-Wafd a remporté 4 sièges, le
Rassemblement 5, le parti d’Al-Ghad et les Frères musulmans
ont récolté un seul siège chacun. Ces résultats sont
considérés comme une faillite par rapport à la présence de
l’opposition au Parlement de 2005, où les Frères musulmans
avaient fait une percée historique en décrochant 88 sièges.
L’opposition refuse de reconnaître cette défaite et insiste
sur l’illégitimité du nouveau Parlement qui n’a été que le
résultat de la fraude. Depuis, l’opposition étudie les
procédures juridiques, pour démontrer l’invalidité du
Parlement.
Sous le slogan « Journée de la colère », l’opposition a
organisé la semaine dernière une manifestation devant le
siège de la Haute Cour administrative au Caire, pour
réclamer la dissolution du Parlement. D’autre part, une
centaine d’ex-députés ont annoncé la création d’un «
Parlement populaire » parallèle, qui accueillera aussi des
personnalités politiques de l’opposition.
Les Frères musulmans ont, de leur part, menacé de porter
plainte devant les instances internationales, pour invalider
les élections. Essam Al-Ariane, porte-parole de la
confrérie, affirme que la priorité absolue de la confrérie
est l’invalidation des résultats des élections ainsi que la
coordination avec les forces politiques. « Il y a des
procédures qui ont été entamées par les ex-députés de 2005.
Des centaines de recours appuyés de documents ont été soumis
à la justice. En outre, une plainte a été présentée à la
Haute Cour administrative réclamant la dissolution du
Parlement, étant donné que le quorum légal n’a pas été
atteint, après l’invalidation par la justice des résultats
dans 92 circonscriptions. Nous allons poursuivre ce combat
judiciaire jusqu’au bout », affirme Al-Ariane. Il ajoute que
malgré ce fiasco, il y a un point positif à retenir : «
Toutes les forces politiques sont maintenant réunies dans un
même combat, à savoir l’invalidation du Parlement ».
Les préparatifs vont bon train pour la tenue d’un colloque
auquel participeront des experts en affaires juridiques et
constitutionnelles, afin de prouver l’invalidité du
Parlement actuel et demander sa dissolution. « La tenue d’un
tel colloque nous permettra d’étudier l’impact des
irrégularités qui ont marqué le scrutin », dit Moustapha
Cherdi, du néo-Wafd.
La coordination avec les mouvements populaires est un autre
but à atteindre. Si avant les élections, certains partis ont
refusé de coopérer avec le mouvement Kéfaya et l’Association
nationale pour le changement présidée par Mohamad ElBaradei,
ex-président de l’Agence Internationale de l’Energie
Atomique (AIEA), le néo-Wafd et le Rassemblement ne cachent
pas à présent leurs intentions de revoir leurs politiques à
ce sujet. On pourrait ainsi assister, dans les prochains
mois, à un rapprochement entre l’opposition officielle et
non officielle. « Il faut avouer que l’opposition ne s’est
pas bien préparée pour ces élections, soit pour des raisons
d’organisation ou de conflits internes. Mais l’opposition
doit élargir ses activités si elle veut concurrencer le PND.
Le néo-Wafd a déjà mis en œuvre un plan global pour bâtir
une véritable base populaire », indique Cherdi. Le
Rassemblement, quant à lui, a tenu une assemblée générale,
afin d’analyser la situation à l’issue de ces élections. «
Certains membres du parti ont la conviction qu’ils ont été
trahis par une transaction secrète entre le chef du parti et
le PND, malgré le démenti de ce dernier. La priorité devra
être accordée à la réforme », affirme Hussein Abdel-Razeq,
responsable au parti.
Une Assemblée générale consacrée donc à la réforme des
politiques et des stratégies du parti. Plusieurs thèmes
seront débattus. Entre autres, l’expansion des activités
sociales et populaires, la coordination avec les forces
politiques, y compris les Frères musulmans, ainsi que les
moyens de relancer le rôle du parti.
En somme, Abdel-Razeq pense que la faillite de l’opposition
doit être exploitée en faveur d’une relance de la réforme
politique. « Le plus grave c’est que le régime a voulu faire
passer un message : il n’y a aucun espoir de changement à
travers les urnes. Il est primordial de combler le fossé qui
existe entre les partis d’opposition et le PND pour pouvoir
aboutir à la réforme envisagée », conclut-il.
May
Al-Maghrabi