Al-Ahram Hebdo, Monde | L’épreuve des nerfs

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 Semaine du 22 au 28 décembre 2010, numéro 850

 

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Corées . Alors que la tension persiste laissant présager l’éclatement d’un conflit armé, le ballet diplomatique se poursuit de plus belle pour tenter de trouver une solution.

L’épreuve des nerfs

La crise de la « poudrière » coréenne a occupé cette semaine le devant de la scène, mobilisant les efforts d’une communauté internationale soucieuse de stopper le spectre d’une guerre devenue « inéluctable ». Dans une tentative de contenir la crise, l’ancien diplomate américain de haut rang, Bill Richardson, s’est rendu cette semaine à Pyongyang où il a transmis, samedi et dimanche, une série de propositions à la Corée du Nord pour résoudre la crise. M. Richardson, ancien ambassadeur des Etats-Unis à l’Onu, a appelé dimanche les responsables nord-coréens à faire preuve d’une « extrême retenue » et a proposé la mise en place d’un téléphone rouge militaire entre les deux Corées, à utiliser en cas d’incidents à leur frontière commune. L’émissaire américain a également proposé la création d’une commission militaire comprenant des membres nord-coréens et sud-coréens, auxquels s’ajouteraient les Etats-Unis, afin de surveiller les zones dont la souveraineté est contestée en mer Jaune. M. Richardson a été invité en Corée du Nord par Kim Kye-Gwan, négociateur en chef nord-coréen des pourparlers multipartites sur le programme nucléaire nord-coréen.

Dans le cadre des efforts internationaux visant à en finir avec la crise coréenne, la Russie a demandé, samedi, à Séoul de ne pas procéder aux exercices d’artillerie qui étaient à l’origine de la détérioration de la crise cette semaine. Ces exercices, qui devaient commencer samedi dernier en mer Jaune, ont été retardés à cause du mauvais temps, selon des responsables sud-coréens. Face à la réticence de Séoul qui insiste à tenir ses manœuvres les jours à venir, Moscou a tenté d’éviter une « escalade », appelant les deux Corées à la reprise du dialogue et au règlement de tous les contentieux par des moyens politiques et diplomatiques. La Russie a, en outre, convoqué les ambassadeurs sud-coréen et américain à Moscou pour « exhorter avec insistance la République de Corée et les Etats-Unis à s’abstenir d’effectuer les exercices de tir prévus ». Sur le qui-vive, Moscou a placé ses forces stationnées dans l’est de son territoire en état d’alerte, en raison de ces tensions, a déclaré le chef d’état-major de l’armée russe. La Russie partage une petite frontière avec la Corée du Nord et elle a déjà exprimé son inquiétude en raison des essais nucléaires et balistiques du régime de Pyongyang.

Partageant la même inquiétude, la Chine, unique allié de Pyongyang, a de sa part appelé samedi au calme sur la péninsule et demandé à toutes les parties d’éviter l’escalade. « La Chine s’oppose fermement à toute action qui pourrait causer de la tension et aggraver la situation, et demande aux deux parties de la péninsule de faire preuve de calme et de modération », a déclaré le ministre chinois des Affaires étrangères, Yang Jiechi. Cette semaine, Pékin était plus inquiète que jamais, qualifiant la situation sur la péninsule « d’extrêmement précaire » et appelant à la tenue de discussions afin d’éloigner le cauchemar de la guerre. La Chine est le seul autre pays qui appelle à une reprise des pourparlers à Six (Corées du Nord et du Sud, Chine, Etats-Unis, Russie, Japon) sur la dénucléarisation de la Corée du Nord. La Corée du Sud et les Etats-Unis refusent de reprendre ce dialogue à brève échéance. Ils considèrent que cela reviendrait à récompenser Pyongyang pour son comportement belliqueux.

Menaces de part et d’autre

En effet, cet intense ballet diplomatique a été motivé par la détérioration rapide de la situation dans la péninsule coréenne ces derniers jours. En début de semaine, Séoul avait menacé de procéder à des manœuvres militaires avec des munitions réelles sur l’île de Yeonpyeong bombardée en novembre par Pyongyang (4 morts et 18 blessés). Bien que retardées à cause des conditions météorologiques, ces manœuvres ont irrité la Corée du Nord qui a promis « un désastre » à toute la région, mettant en garde contre un risque de conflit nucléaire en cas de nouvelle guerre entre les deux Corées. « La situation dans la péninsule coréenne explosera et une issue désastreuse ne pourra pas être évitée si la Corée du Sud mène les manœuvres militaires prévues dans les jours à venir sur l’île de Yeonpyeong », a mis en garde le ministère nord-coréen des Affaires étrangères, rajoutant qu’une deuxième et une troisième frappes d’autodéfense, imprévisibles, seront déclenchées si le Sud mène ses exercices à tirs réels, après une première frappe menée le 23 novembre contre l’île sud-coréenne de Yeonpyeong. « L’intensité et la portée des frappes seront plus grandes que le 23 novembre », date du bombardement sur l’île située en mer Jaune dans une zone frontalière disputée, a ajouté l’armée nord-coréenne.

Se rangeant aux côtés de son allié sud-coréen, les Etats-Unis ont fourni cette semaine un « bouclier humain » à la Corée du Sud pour les nouvelles manœuvres en cours de préparation. Selon Washington, ces exercices « n’ont rien de provocant, d’inhabituel ou de menaçant », a déclaré le porte-parole du département d’Etat Philip Crowley, rajoutant que Pyongyang ne doit pas en tirer le prétexte de « nouvelles provocations ». « Il est difficile de comprendre comment des exercices de routine qui ont déjà eu lieu dans le passé pourraient constituer une menace quelconque contre la Corée du Nord. En fait, ils n’en posent pas », a estimé Philip Crowley. En effet, les Etats-Unis redoutent une possible « réaction en chaîne » entre Pyongyang et Séoul à la suite des exercices d’artillerie à tirs réels que va mener la Corée du Sud.

Mettant de l’huile sur le feu, la Corée du Nord a relevé le défi cette semaine en creusant un tunnel de plus de 500 mètres de profondeur sur son site d’essai nucléaire, en préparation d’un nouvel essai, a affirmé un grand quotidien sud-coréen, citant des sources au sein des services de renseignements. Les travaux en cours sont dans le district de Punggye, dans la province de Hamgyong du Nord (nord-est du pays), là où le pays a procédé à deux essais nucléaires, en octobre 2006 et mai 2009. Le mois dernier, la Corée du Nord a également provoqué l’inquiétude de la communauté internationale en révélant un site d’enrichissement d’uranium sur son sol de plus de 1 000 centrifugeuses. Les Etats-Unis, comme la Corée du Sud, soupçonnent d’en avoir d’autres. Selon le New York Times, citant anonymement des responsables de l’administration Obama, les Etats-Unis jugent la Corée du Nord « beaucoup plus avancée » que l’Iran dans son programme nucléaire.

Selon les analystes, la Corée du Nord agite de temps en temps la menace d’un conflit nucléaire afin d’obtenir davantage de concessions en cas de reprise des pourparlers à six. Car, à l’encontre de Téhéran, l’arme nucléaire n’est pas une fin en soi pour Pyongyang, mais c’est plutôt un moyen de faire chantage, une carte de pression pour obtenir le maximum de gains possibles. N’oublions pas que les tensions actuelles serviraient à affermir la position de Kim Jong-un, fils cadet du dirigeant nord-coréen Kim Jong-II, promis à la succession de son père.

Maha Al-Cherbini

 




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