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 Semaine du 22 au 28 décembre 2010, numéro 850

 

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Arts

Cinéma . Le réalisateur Fawzi Saleh a enregistré des moments vifs et intenses dans la vie des enfants-tanneurs du Vieux-Caire, à travers un documentaire Guild hay (peau vive), primé au Festival d’Abou-Dhabi.

Avoir le mal du Caire

Juste quelques heures avant de remporter le prix spécial au dernier Festival du cinéma d’Abou-Dhabi pour son documentaire Peau vive, le réalisateur Fawzi Saleh évoquait ses ambitions de tourner un long métrage basé sur le roman d’Ahmad Zaghloul Al-Chiatti, Wouroud sammasaqr (les fleurs vénéneuses d’un faucon). Il semblait être désespéré de remporter un prix au festival. Il a même déclaré : « Je suis inquiet du choix que peut adopter un jury présidé par le Palestinien Elia Soliman ».

Aujourd’hui, après avoir remporté un prix de 25 000 dollars avec les estimes du jury lequel a fait l’éloge de son film, Saleh déclare sur un ton confiant : « Les attendus ont dévoilé que le président du jury, Elia Soliman, possède une conception démocratique de l’art. Il n’aime pas imposer ses choix et préfère défendre la diversité ».

Fawzi Saleh est venu s’installer au Caire, depuis 8 ans, provenant de sa ville natale Port-Saïd, poussé par la volonté d’étudier le cinéma et de changer le monde. Il a fait son entrée dans les milieux culturels par un recueil de poèmes en dialectal, publié en 2007 chez Merit. De gauche, il a vite percé les secrets du Caire et ses trous noirs. C’est certainement ce qui l’a poussé à aborder un sujet comme celui du film Guild hay (peau vive) sur les enfants qui travaillent dans les tanneries, situées derrière la muraille de Magra Al-Oyoun dans le Vieux-Caire. Fawzi a voulu que son film soit un hymne à la vie, parlant d’enfants qui avancent vers une mort lente, vu les conditions de leur travail. Le réalisateur a passé sa première année d’étude à l’Institut du cinéma, vivant dans un modeste appartement pas loin des tanneries. Il souligne : « Mon ambition est de produire des films sur des mondes inabordés par le cinéma indépendant qui se plaît à aborder des sujets au caractère orientaliste, chose que je n’aime pas du tout ».

Il révèle que son expérience de la pauvreté n’était pas sa seule motivation pour produire ce film, mais surtout sa volonté de briser le stéréotype comme présenté sur les écrans, tous assassins ou terroristes ou prostituées.

Il contredit alors les stéréotypes par des stimulants artistiques et intellectuels et cherche à présenter les pauvres loin de la lecture consommatrice fréquente dans les films commerciaux de Khaled Youssef, à titre d’exemple. Cette manière de voir diffère, selon lui, du cinéma des réalisateurs des années 1980, tels Mohamad Khan, Khaïri Béchara et Daoud Abdel-Sayed.

Fawzi Salah se veut plus proche de ces derniers, il a d’ailleurs décidé de faire du cinéma après avoir regardé le film de Khan, Ahlam Hind wa Camélia (les rêves de Hind et de Camélia) et Yom helw yom mor (un jour doux et un autre amer) de Béchara. Ces films ont éclairé sa lanterne.

D’aucuns ont vu dans Guild hay, produit en partie par le comédien Mahmoud Hémeida, un nouveau coup acéré contre la réputation de l’Egypte. Le réalisateur s’en moque alors et réplique : « Je savais que mon film n’allait pas attirer les organismes privés de production régis par des systèmes commerciaux. Ils ne veulent pas trop se casser la tête avec les histoires des pauvres. C’est pourquoi j’ai eu recours au Fonds arabe pour la culture et les arts afin d’assurer un financement. En outre, j’ai ignoré complètement les lectures fascistes faites à partir de mon film, notamment de la part de certaines personnes complices du régime ».

Un certain enthousiasme se dégage naturellement du vocabulaire quotidien du réalisateur, qui est monté sur l’estrade du Festival d’Abou-Dhabi pour offrir son prix à « ceux qui rêvent de jours meilleurs et de justice ». Mais cet enthousiasme est tout à fait absent de son film où le romantisme a pris le dessus, pour nous faire découvrir le monde des enfants-tanneurs, leur passion pour les jeux et leur vie sur les charrettes chargées de déchets.

Le réalisateur reconnaît plusieurs défauts : « Lorsque je regarde mon film, je ressens un balbutiement. Le public a été assez indulgent à mon égard, épris du style singulier de la narration ».

Fawzi Saleh a vécu la plus grande partie de sa vie à Port-Saïd. Il en garde un accent assez fort, caractéristique des habitants de cette ville côtière, dont il a écrit un article dans la revue Amkéna (lieux). « J’aurais bien aimé être un Cairote. J’ai une vraie passion pour Le Caire. Je me suis réveillé un jour pour découvrir que la ville où j’ai toujours vécu n’est plus. Ce n’est plus la ville cosmopolite dont a parlé le penseur Samir Amin dans ses mémoires, ni la ville de la résistance que j’ai connue à travers les histoires de ma grand-mère. Il n’en reste plus qu’une ville remplie de marchandises et de courtiers. C’est pourquoi je ne voulais pas narrer d’histoires sur ma ville ».

Sayed Mahmoud Hassan

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