Côte d’Ivoire .
Partagé entre deux présidents, le pays vit toujours dans
l’impasse. Une situation paralysante où plane le spectre
d’une guerre civile inquiétant la communauté internationale.
Le statu quo se maintient
Essayant
de trouver une issue pour la crise qui plane sur le pays
depuis plusieurs semaines, le président Laurent Gbagbo a
proposé de lancer une série de discussions avec le camp de
son rival, Alassane Ouattara.
Des propositions rejetées par le président Alassane
Ouattara. Le camp de ce dernier a annoncé, dimanche dernier,
que les discussions avec Laurent Gbagbo ne pourront débuter
qu’une fois que celui-ci aura clairement admis qu’il a été
battu lors du second tour de la présidentielle. Le chef de
l’Etat sortant avait suggéré cette idée, afin de régler
l’impasse, née du scrutin du 28 novembre, qui a vu les deux
candidats en lice revendiquer la victoire. Les propos de
Gbagbo visaient à désamorcer la tension entre les deux camps
et à écarter le danger d’une nouvelle guerre civile dans le
pays. Cette proposition avait été relayée par Guillaume
Soro, ancien premier ministre de
Laurent Gbagbo, qui a démissionné de l’ancien
gouvernement, pour prendre la tête du gouvernement constitué
par Ouattara. « Nous n’avons jamais été contre le dialogue,
mais il faut commencer par la reconnaissance d’Alassane
Ouattara comme président », a déclaré Patrick
Achi, porte-parole du
gouvernement Soro. La Commission
Electorale Indépendante (CEI) a désigné Alassane Ouattara
vainqueur de l’élection avec un peu plus de 54 % des
suffrages, proclamation soutenue par la mission locale des
Nations-Unies qui disposait de sa propre copie des
résultats.
Mais le Conseil constitutionnel, qui soutient le président
sortant, a invalidé la décision de la CEI et a annoncé un
résultat totalement opposé, donnant la victoire à Gbagbo
avec 51 % des voix. Et pour que chaque camp renforce sa
position de vainqueur, les deux rivaux ont, depuis, nommé
chacun un premier ministre et un gouvernement.
Le pays coupé en deux, les forces rebelles installées dans
le nord de la Côte d’Ivoire se sont
rangées derrière Ouattara, tandis que des officiers
de l’armée sont apparus plusieurs fois à la télévision pour
affirmer leur soutien à Gbagbo. En dépit d’intenses menaces
internationales d’isolement, Laurent Gbagbo conserve le
soutien des chefs de l’armée ivoirienne et des médias
officiels, et continue à gouverner à partir des bâtiments
officiels. Quant à Alassane Ouattara, il est toujours
retranché dans l’hôtel du Golf, sous bonne garde des casques
bleus de l’Onu, qui ont installé des groupes électrogènes
pour parer à d’éventuelles coupures de courant. Il a invité
les agents de l’Etat à ne pas travailler pour un
gouvernement jugé illégal, non seulement par son camp,
mais aussi par l’ensemble de la communauté internationale.
En effet, les Nations-Unies, qui étaient chargées de
certifier le résultat de l’élection présidentielle aux
termes d’un accord passé en 2007 avec toutes les parties,
ont donné leur reconnaissance à Alassane Ouattara.
Pour accentuer les pressions, plusieurs chefs d’Etat et
plusieurs organisations régionales, comme la Communauté
Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et
l’Union Africaine (UA) ont, par la suite, reconnu Ouattara
comme le nouveau président de la Côte d’Ivoire. A cet égard,
l’UA a suspendu la participation de la Côte d’Ivoire à son
institution jusqu’à ce que le président sortant, Laurent
Gbagbo, reconnaisse sa défaite face à Alassane Ouattara. «
Le Conseil a décidé de suspendre la Côte d’Ivoire jusqu’au
moment où M. Ouattara, président élu démocratiquement, entre
effectivement en fonctions », a déclaré
Ramtane Lamamra,
commissaire de l’UA pour la paix et la sécurité.
l’UA a aussi menacé de prendre
des sanctions contre le président sortant et contre sa
famille, renforçant ainsi son isolement international. Pour
sa part, le Nigeria, qui assure la présidence tournante de
la Cedeao, a exclu l’idée
d’un gouvernement d’unité nationale, prenant pour exemple
les échecs du Kenya et du Zimbabwe.
Pour l’encourager à quitter la présidence, le président
américain, Barack
Obama, a fait un geste en
direction de Laurent Gbagbo, lui proposant de le recevoir à
la Maison Blanche s’il accepte de démissionner.
Maha
Salem