Des élections dangereuses
Abdel-Moneim Saïd
Les
egyptiens ont effectué une série
d’élections durant les quelques derniers mois, outre les
élections législatives. Ils ont voté un ensemble d’idées
préliminaires qui créent l’atmosphère des élections
législatives.
Il s’agissait au sein de certains partis de faire le choix
entre la participation aux élections dans le cadre
constitutionnel et juridique, et par conséquent légitime, ou
de les boycotter, et par conséquent mettre en doute leur
légitimité. Ce, comme l’a revendiqué un ensemble de
personnes et de groupes politiques se trouvant en marge. Le
vote s’est orienté vers la voie de la participation, non à
travers un nouveau régime politique ni d’autres
Constitutions ni gouvernement mais à travers le régime, la
politique et le gouvernement en place actuellement en
Egypte. Les résultats de ce vote furent écrasants à tel
point que le nombre de candidats a atteint près de 5 000,
soit plus de 10 candidats pour chaque siège, pour la
première fois dans l’histoire des élections législatives
égyptiennes.
Le deuxième vote a eu lieu pour choisir le genre de contrôle
sur la transparence des élections, à travers des
organisations et des associations étrangères ou à travers
des organisations et des organes locaux. Bien que j’aie
toujours opté pour le premier choix, la majorité des partis,
des groupes politiques, des indépendants, des organisations
de la société civile et du peuple égyptien avaient un autre
point de vue. Ceux-ci pensent qu’il n’y a pas de forme
propre de supervision étrangère, mais qu’il s’agit toujours
d’un début d’ingérence ou de tentatives pour imposer la
domination et l’hégémonie sur l’Etat.
Un troisième scrutin a logiquement suivi les deux votes
précédents. Il s’agissait de déterminer l’avenir égyptien.
S’agit-il de déterminer cette voie à travers une opération
chirurgicale ou à travers un processus de développement
accumulatif où la nouvelle Assemblée du peuple représentera
un pas vers l’avant ?
Il n’est un secret pour personne que de nombreux aspects
dans le régime politique, économique, juridique ou
législatif présentent des déséquilibres qui nécessitent de
nombreux programmes de réformes. Ces programmes nécessitent
non seulement du temps, mais aussi une adhésion politique et
sociale. Par exemple, de nombreux groupes égyptiens ont des
plaintes autour de sujets relatifs à l’enseignement, à la
santé, au niveau de vie et à la cherté à tel point de
déclarer leur refus de la situation actuelle. C’est alors
qu’apparaît dans la société une autre orientation. D’autres
groupes avancent alors de nombreux chiffres et indices qui
indiquent une amélioration de la situation des Egyptiens par
rapport aux précédentes décennies. Dans ce cas, la première
orientation ne refuse pas les prétentions de la seconde
orientation, mais pose immédiatement une question : où en
sommes-nous d’autres pays qui étaient avec nous sur la même
voie ou qui étaient même en retard par rapport à nous, comme
la Malaisie, la Turquie, la Corée du Sud, Singapour ou
autres ? Le sujet est alors tout
autre. La question qui s’impose alors est : sommes-nous
disposés, en tant qu’Egyptiens, à suivre les mêmes
politiques adoptées par ces pays, pour parvenir à quoi ils
sont parvenus ? La question n’est pas facile, car elle
nécessite des politiques différentes en ce qui concerne la
subvention, l’investissement, la gestion des richesses, le
traitement de la pauvreté, la centralisation et les limites
de la décentralisation ainsi que le cadre du rôle régional.
Il s’agit de questions difficiles auxquelles il est
impossible de trouver des réponses sans engager des
discussions et des dialogues sociaux. Le plus important est
de parvenir à une majorité prête à accepter de payer le prix
payé par les autres pays pour leur développement. Y a-t-il
donc de meilleure place que le parlement où la nation peut
discuter les plus graves décisions qu’elle doit adopter ?
Le vote n’était donc pas dans l’intérêt des opérations
chirurgicales que voulaient effectuer les groupes marginaux.
Il était dans l’intérêt de la poursuite des processus
accumulatifs qu’a connus le peuple égyptien pendant les deux
derniers siècles qui l’ont sorti de l’emprise ottomane et de
l’occupation britannique, puis israélienne, et qui ont
permis la construction du pays et de son développement
progressif. Ceci ne se confirmera qu’à travers les élections
législatives qui ont lieu au courant de cette semaine et la
semaine prochaine, pour la formation du nouveau parlement.
Le processus électoral est exposé à de nombreux dangers,
dont certains remontent à des phénomènes historiques que
nous avons connus depuis les premières élections
législatives en 1924. Il y a toujours eu des degrés
différents de violence, dont une partie revient au fanatisme
familial et tribal et une autre partie à l’enthousiasme
électoral, surtout avec l’augmentation de la compétitivité
et la faiblesse des traditions libérales correctes.
Avant les élections, les vagues de violence historiques ont
commencé assez tôt au mois de septembre, puis se sont
exacerbées à Nag
Hammadi, à
Minya, à Mansoura, à Alexandrie, dans le quartier de
Matariya, dans les universités
du Caire et de Aïn-Chams
ainsi que dans les branches de l’Université d’Al-Azhar.
En un seul jour, et précisément le 23 novembre, des actes de
violence ont été perpétrés dans 7 gouvernorats. Les actes de
violence perpétrés le mercredi dernier par des citoyens
coptes dans le gouvernorat de Guiza
et dans le quartier de
Omraniya étaient dénués
de toute sagesse. Bien que ces actes n’aient pas de
relations directes avec les élections, ils ont jeté leur
ombre sur elles, car de nombreux groupes qui ont ressenti
leur défaite dans les opérations de vote précédant les
élections législatives ont profité de cette occasion, afin
de jeter l’huile de la sédition confessionnelle sur le feu
de la concurrence politique.
Les groupes de la marge politique n’ont pas du tout accepté
les résultats auxquels sont parvenus le peuple égyptien et
ses forces politiques vivantes. Par conséquent, avec
l’encouragement de nombreuses forces étrangères, ils ont
trouvé l’occasion de jeter l’huile sur le feu et de
compromettre la capacité populaire d’exprimer sa volonté
devant les urnes.
Ces élections sont les plus dangereuses dans l’histoire de
l’Egypte, car les Egyptiens défendent leurs choix. Toutes
les forces civiles s’épaulent pour faire face aux tentatives
de transformer l’Egypte en un autre Iran ou Afghanistan par
la violence ou par des urnes à la manière nazie qui a
conduit Hitler au pouvoir. L’esprit égyptien authentique
prouve qu’il refuse la violence et le terrorisme et que la
préservation de la sécurité de l’Egypte est une mission
sacrée. Nous n’avons qu’à regarder autour de nous pour
constater la valeur de ces élections et comment elles sont
le seul moyen pour l’Egypte de réaliser un avenir sûr loin
du chaos et des heurts.