Législatives .
Beaucoup d’électeurs, supposés être inscrits sur les listes
électorales, n’ont pas trouvé leurs noms sur celles-ci et
n’ont pas été en mesure de voter.
« Nous nous excusons,
vous n’avez pas le droit de voter »
En ce dimanche 28 novembre, notre journaliste décide de
prendre congé de son travail et de participer au vote des
législatives. A 8h du matin, elle se rend au commissariat de
police de Madinet
Nasr (où se trouve son domicile)
pour savoir dans quel bureau elle va voter. Ainsi est la
procédure. Elle gare sa voiture à plusieurs centaines de
mètres de la rue Al-Nasr où se
trouve le commissariat, car la circulation est paralysée. Le
commissariat où se rend notre journaliste est situé à
quelques mètres de l’Université ouvrière, où se trouve un
bureau de vote. Devant l’entrée de l’université, il y a une
nuée de personnes. Ce sont les représentants de 43
candidats. Mais ceux qu’on remarque le plus sont ceux de
Sameh Fahmi,
ministre du Pétrole et candidat du PND, ainsi que
Manal Aboul-Hassan,
candidate des Frères musulmans.
Notre journaliste se fraie un chemin à travers cette foule
et arrive au commissariat. Devant celui-ci, une tente a été
installée devant laquelle deux jeunes policiers ont pris
place avec des ordinateurs vétustes. Ils ramassent les
cartes d’identité des électeurs et leur disent où ils
doivent voter. Notre journaliste attend son tour comme les
autres. « Je suis allée voter, mais je n’ai pas trouvé mon
nom sur les listes électorales », dit
Manal, qui est devant notre journaliste dans la file
d’attente. Derrière, il y a un monsieur barbu qui se moque :
« Ils ont peut-être rayé mon nom moi aussi à cause de cette
barbe ». Notre journaliste arrive enfin devant les deux
policiers. Mais surprise. « Votre nom ne figure pas sur les
listes électorales. Vous n’avez pas le droit de voter », lui
lance l’un des policiers. Une discussion s’engage. « Comment
se fait-il ? », répond notre journaliste avec étonnement. Et
de poursuivre : « J’ai déjà voté ici en 2000 et en 2005 et
j’ai ma carte d’électeur ». Face à son insistance, le
policier demande à notre journaliste de s’adresser à un
certain M Hassan. Au premier étage, une plaque indique « le
bureau des affaires administratives
». Avec un grand sourire, Hassan prend la carte d’électeur
de notre journaliste et lui dit qu’elle doit se rendre à
l’école Abbass Al-Aqqad
à Madinet
Nasr, car c’est là-bas qu’elle trouvera son nom.
Notre journaliste prend alors sa voiture et se rend à
l’école. Elle découvre un magnifique spectacle. Les
candidats sont accueillis par un DJ et une troupe de jeunes
qui dansent dans la rue et entonnent des chansons composées
spécialement pour le ministre Sameh
Fahmi. Deux bureaux sont
consacrés aux femmes au deuxième étage. Notre journaliste
entre dans l’un d’eux, mais les fonctionnaires lui demandent
de vérifier son nom sur les papiers à l’entrée. Notre
journaliste découvre qu’elle doit faire la queue, pour
arriver à ces papiers. Enfin, après un quart d’heure, elle y
arrive. Elle doit chercher son nom dans une centaine de
feuilles. Les noms ne sont pas classés par ordre
alphabétique. Elle cherche désespérément son nom mais ne le
trouve pas. On lui demande de monter à l’étage suivant. Elle
monte et cherche mais toujours sans résultat.
Désespérée, elle sort de l’école et se dirige à nouveau vers
le poste de police chez M Hassan. Il est 13h. M. Hassan lui
annonce le verdict : « Cette année, vous n’avez pas le droit
de voter. Revenez me voir au mois de décembre après les
législatives, pour faire une nouvelle carte électorale ! ».
Notre journaliste est étonnée. « Comment mon nom a-t-il été
retiré soudain des listes ? », s’interroge-t-elle. Pour la
calmer, une employée s’approche d’elle et lui explique que
l’ancienne députée de la circonscription Soraya
Labana a pris la décision de
rayer 35 000 noms des listes électorales, car il y avait des
noms qui se répètent. Notre journaliste est rentrée
bredouille comme bien d’autres personnes.
Chérine
Abdel-Azim