Législatives .
Se déroulant globalement dans un calme relatif, les
élections de dimanche ont été marquées par les magouilles «
classiques ». Reportages dans des circonscriptions-clés.
Les PND, des batailles fratricides
A Choubra Al-Kheima, dans le gouvernorat de Qalioubiya, au
nord du Caire, les deux candidats les plus forts, Abdel-Mohsen
Salama et Eid Salem Moussa, appartenaient au PND. Néanmoins,
la concurrence était très féroce.
Kafr Achmoun, un village de la circonscription, a vécu
dimanche une journée très mouvementée. A l’entrée du
village, les haut-parleurs sont la marque la plus distinguée
de l’événement, des camions qui font le tour du village
diffusaient et rediffusaient une même chanson composée
spécialement pour Abdel-Mohsen Salama. C’est là que celui-ci
est le plus populaire. « Nous sommes avec toi monsieur, pour
toi nous sommes prêts à sacrifier notre sang et notre âme »,
répètent les enfants du village.
Une foule de femmes, dont beaucoup portant leurs enfants sur
le bras, attendent leur tour devant la porte de l’école
primaire du village aménagée en bureau de vote. « N’oublie
pas la lune et le livre », crie une jeune femme à
l’intention de ses amies. Elle fait référence aux logos de
ses candidats préférés. « Non, je vais choisir le dromadaire
et la lune », lui répond l’autre.
Dans ces villages où une grande part de la population est
analphabète, les candidats sont identifiables grâce à leurs
logos. D’ailleurs, le PND est souvent accusé d’en réserver
les plus intéressants à ses candidats.
Eid Salem, lui, a la cote à Naï, un autre village de la
circonscription. A l’entrée du bureau de vote, les délégués
des deux candidats se sont mis à orienter les votants et les
informer des procédures à suivre.
D’après les villageois, le candidat « généreux » a donné de
l’argent à beaucoup de gens, notamment les pères de famille.
Les chiffres sont contradictoires mais tournent autour de 50
livres par électeur.
A part les deux candidats PND, deux autres candidats, un
homme et une femme issus de la confrérie des Frères
musulmans, sont en lice sous l’étiquette « indépendant ».
Assez curieusement, ces deux candidats ne sont accompagnés
que de très peu de sympathisants, qui ont eu d’ailleurs de
grandes difficultés à voter.
A Naï, où les candidats Frères sont plus populaires, les
mesures de sécurité ont été renforcées. Contrairement à Kom
Achmoun, ici on doit présenter sa carte d’identité avec la
carte d’électeur. Les forces de sécurité postées devant les
bureaux de vote procédaient à la vérification des papiers
des électeurs avant de les laisser entrer. Mais cela ne
garantit rien. Beaucoup sont sortis sans pouvoir voter : ils
n’avaient pas trouvé leurs noms sur les listes électorales.
« Les listes sont pleines d’erreurs. Plusieurs personnes
n’ont pas trouvé leurs noms bien qu’elles possèdent des
cartes de vote. D’autres ont été privées de leur droit de
vote pour une simple faute de frappe dans le nom de famille
», affirme Nadia, une déléguée de Abdel-Mohsen Salama au
sein de ce bureau.
Une scène qui jure avec le décor rustique des villages :
certains électeurs font la queue devant de jeunes hommes
munis d’ordinateurs portables pour vérifier leurs noms sur
les listes et se renseigner sur le bureau où ils doivent
voter. Un service offert par certains candidats qui ont
réussi à étoffer leurs propres bases de données. Ils ont
essayé tant bien que mal de combler les défaillances de
l’administration.
Sabah Sabet