Al-Ahram Hebdo, Evénement | Les Frères affaiblis

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 Semaine du 1er au 7 décembre 2010, numéro 847

 

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Législatives . Se déroulant globalement dans un calme relatif, les élections de dimanche ont été marquées par les magouilles « classiques ». Reportages dans des circonscriptions-clés.

Les Frères affaiblis

Gouvernorat d’Alexandrie, circonscription Al-Raml, fief des islamistes. Le ministre du Développement local, Mohamad Abdel-Salam Al-Mahgoub (PND), fait face à seize candidats indépendants dont le plus redoutable est Sobhi Saleh, candidat affilié aux Frères, qui se présente en indépendant.

Les premières heures des élections sont marquées par un désordre manifeste. Jusqu’au jour du vote, les Alexandrins n’étaient pas sûrs de la tenue du scrutin. En fait, le Tribunal administratif d’Alexandrie a décidé, le 26 novembre, l’annulation des élections dans les onze circonscriptions du gouvernorat, du fait qu’un nombre de candidats, dont quatre islamistes, qui répondaient à toutes les conditions ont été exclus par la commission électorale. Suite à un recours présenté la veille des élections par le PND, les demandes de la justice d’annuler les opérations ont été suspendues et les bureaux de vote ont ouvert leurs portes.

Pour ajouter à la confusion, un faux tract assurant le retrait de Sobhi Saleh a circulé à travers la ville. « Je me retire des élections pour voir comment les choses vont se passer sans les Frères en Egypte », lit-on dans ce papier distribué devant les 280 bureaux de vote d’Al-Raml. Les Frères ont dénoncé « une mascarade ».

Mais cet intérêt à s’assurer de la tenue ou non du scrutin n’est pas partagé par la majorité des résidents de cette ville côtière. C’est l’indifférence qui est de mise. La plupart ont déjà pris la décision de s’abstenir pour éviter une mésaventure. On n’a pas oublié les affrontements sanglants qui ont eu lieu ici lors des élections de 2005 et qui ont fait une vingtaine de blessés.

Mais cette fois-ci, il n’y a rien à voir avec les masses que la confrérie des Frères musulmans a pu mobiliser en 2005. Les Frères manifestent les symptômes d’un affaiblissement évident.

Pour prendre le risque, il fallait une motivation. Et c’est justement là que les moyens du PND entrent en jeu. Pour encourager les gens à aller voter, des repas copieux sont distribués dans les centres de jeunesse. C’est là que les gens se rassemblent pour déjeuner avant de s’installer confortablement dans les autobus réservés aux bureaux de vote. Des autocars qui appartiennent à des organismes publics. Une fois arrivés, les délégués des candidats PND, seuls à pouvoir accéder aux bureaux de vote, accueillent les électeurs avec des enveloppes dont le contenu « est à deviner ». On parle de 50 L.E. par voix. Une somme qui aurait augmenté à 200 L.E. à la fin de la journée.

La situation est autre pour les sympathisants du candidat islamiste Sobhi Saleh dont les 300 délégués ont été interdits d’accéder aux bureaux de vote. Il n’a donc aucune chance de vérifier la transparence du scrutin. Devant l’école Ard Al-Awayed, une foule s’entasse provoquant un vacarme. « Ils ne nous laissent pas entrer au bureau de vote », lâchent une dizaine de délégués. « Nous avons les permis d’accès, mais les agents de police refusent de les valider et réclament l’autorisation du commissariat de police. Là-bas, les responsables sont absents », souligne Adel Abdel-Kérim, un sympathisant de Saleh. « C’est une manœuvre pour faciliter la fraude et la falsification des voix », dénonce Saleh. « Dans certains bureaux de vote que j’ai visités, j’ai trouvé des urnes pleines de bulletins, alors que d’après les listes, le nombre d’électeurs qui ont voté ne dépasse pas une poignée », affirme-t-il.

Accompagné d’un nombre de ses sympathisants, Sobhi a fait le tour des bureaux de vote dans le village d’Abbis 2, un fief du PND. Des enfants et des adolescents, bâtons à la main, ont été à leur accueil. Dès qu’ils ont mis le pied dans le village, ils ont été roués de coups de bâton et de ceinture. La rixe a fait une dizaine de blessés parmi les hommes de Sobhi, qui a été brièvement hospitalisé.

De son côté, Abdel-Salam Al-Mahgoub a rejeté ces accusations d’un revers de la main. « Ce sont des allégations sans fondement de la part de gens qui veulent seulement masquer leur échec », a-t-il dit.

Débarrassé des islamistes, Abbis a commencé déjà à fêter la victoire du candidat PND. Les femmes du village avaient reçu l’ordre de préparer de la nourriture pour servir les responsables des bureaux de vote. Sur des plateaux immenses, elles offrent des galettes, des plats de mélasse de canne à sucre et de miel, du fromage salé, sans oublier le dessert, des dattes et du raisin. Le directeur du bureau de vote a oublié momentanément ses charges, laissant les délégués des candidats PND remplir les bulletins de vote à la place des électeurs. Les femmes n’ont pas oublié la part du ministre Al-Mahgoub et des agents de police. Il n’était que 13h, soit six heures avant la fermeture des bureaux de vote, les habitants du village ne tardent pas à se féliciter de leur victoire, celle des candidats du PND.

Héba Nasreddine

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