Egypte - Etats-Unis .
Qu’est-ce qu’un contrôle international ? Qui a le droit de
l’exercer ? Pourquoi un Etat accepte un contrôle
international ? La notion fait débat. L’Egypte en
particulier la rejette.
Un refus égyptien catégorique
Les
réactions ont été assez différentes, que ce soit de la part
des partis politiques ou des différentes organisations de la
société civile égyptienne quant à l’idée d’une surveillance
internationale des législatives. C’est suite aux dernières
pressions étrangères, notamment américaines, voulant imposer
un contrôle international sur ces élections, que le débat a
été lancé. Pour certains, le contrôle international ne
signifie en aucun cas une ingérence dans les affaires
intérieures, car il provient d’organisations de la société
civile internationale, et non pas de la part d’un Etat.
Tandis que d’autres ont souligné qu’il s’agit, en fait,
d’une intervention dans les affaires internes égyptiennes.
De toute façon, ce qui est sûr c’est que, de nouveau, un
grand débat autour du contrôle international des élections
en Egypte bat son plein. Entre les Etats-Unis, qui insistent
sur la présence d’observateurs internationaux, et l’Egypte
qui tient à sa position de refus, beaucoup d’interrogations
viennent s’imposer : Qu’est-ce qu’un contrôle international
? Qui a le droit de contrôler ? Pourquoi un pays a recours
au contrôle international ? Et le plus important, pourquoi
l’Egypte refuse-t-elle ce contrôle ? N’en a-t-elle pas
vraiment besoin ? Dans l’ordre normal des choses, les
élections c’est une sorte de course entre des candidats
représentant des partis et des courants opposés. En Egypte,
c’est en plus des conflits entre les différents candidats
qui représentent toutes les classes sociales d’une part et
les services de sécurité d’autre part. Et c’est d’ailleurs
d’ici qu’apparaît le rôle des observateurs. Qu’ils soient
nationaux ou internationaux, leur présence est fondamentale,
selon de nombreux analystes. Pourtant, le gouvernement
égyptien refuse catégoriquement la présence d’observateurs
internationaux. Les autorités ont fait valoir que la
supervision du scrutin par des ONG locales est suffisante
pour garantir sa régularité.
Pour le rappeler, le contrôle électoral, ou encore ce qu’on
appelle l’assistance électorale, se définit comme une aide
technique ou matérielle apportée par les
Nations-Unies ou toute autre organisation
intergouvernementale ou non gouvernementale au processus
électoral dans les pays en transition démocratique ou en
situation post-conflictuelle. Comme l’explique Hafez Abou-Seada,
directeur de l’Organisation Egyptienne des Droits de l’Homme
(OEDH), il existe dans le fond deux types de contrôle
international. D’une part, celui qui se fait à travers une
simple surveillance de la part des ONG internationales ou
des organisations comme les Nations-Unies ou l’Union
africaine, par exemple, pour fournir un certificat prouvant
la transparence des résultats. D’autre part, il y a le
contrôle dans les pays en guerre ou habitués à des fraudes
comme en Afghanistan, en Iraq ou en Ukraine. Un autre cas
encore consiste à aider les pays en transition démocratique
à organiser des élections libres et équitables. « Dans la
plupart des cas, ce sont les pays qui organisent des
élections qui prennent l’initiative d’inviter les
organisations internationales, pour venir superviser leurs
élections, car il s’agit pour eux d’un témoignage
international pour prouver la transparence de leurs
résultats et leur démocratie », précise Abou-Seada.
L’Egypte a toujours rejeté cette idée de supervision
internationale. Quant aux raisons, elles sont toujours les
mêmes, à savoir que l’Egypte refuse la moindre intervention
dans ses affaires internes, que cette supervision touche à
sa souveraineté et qu’elle est sensible vis-à-vis de
l’intervention des étrangers, à cause des périodes de
colonisation. « Ce ne sont que des prétextes, puisque ces
observateurs arrivent par invitation du pays et peuvent être
refusés ou renvoyés. Donc, rien ne touche ni la sécurité ni
la souveraineté du pays », ajoute Abou-Seada.
En effet, ces observateurs sont des activistes de droits de
l’homme de différentes nationalités, ils sont répartis sur
toutes les circonscriptions et leur mission se limite à
étudier l’environnement des élections et comment l’électeur
prend connaissance des différents candidats, ou comment les
voix sont recueillies et calculées avec leurs difficultés
afférentes, ou au contraire, les facilité fournies pour
accéder au bureau de vote. Sans la moindre intervention dans
le déroulement des faits, ces observateurs préparent leurs
rapports finaux avec tous les détails et y enregistrent les
différents types de violations. Lors des élections de 2005,
l’Egypte avait accepté de recevoir des personnalités
américaines et des ambassadeurs étrangers lors de ses
élections, mais selon les experts, il ne s’agissait pas
d’observateurs. « Ils n’étaient que de simples visiteurs,
leur mission n’avait rien d’une supervision des élections »,
lance Abou-Seada.
Ainsi, cette supervision est l’expression de l’intérêt que
la communauté internationale porte à la tenue d’élections
libres s’insérant dans le cadre du développement
démocratique, notamment le respect des droits de l’homme et
la primauté du droit. Cela dit, le rejet égyptien pose de
plus en plus d’interrogations sur le statut des élections
égyptiennes. « Nous avons, sans aucun doute, besoin d’un
contrôle international lors des élections. Nous n’avons en
Egypte ni contrôle national ni international », insiste
Abou-Seada. Sans aucun doute, la
supervision des élections ne peut rien changer dans le fond
et ne constitue pas de garantie de la transparence des
élections. Mais au moins, la présence d’observateurs est un
indice que les choses se déroulent, même si peu, de manière
légale.
Chaïmaa
Abdel-Hamid