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 Semaine du 1er au 7 décembre 2010, numéro 847

 

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Corées . Au moment où la péninsule coréenne est au bord de la guerre, de nouvelles manœuvres militaires entre les Etats-Unis et la Corée du Sud ont commencé dimanche pour quatre jours en mer Jaune. Des exercices dénoncés par Pékin et qualifiés par Pyongyang de « provocation intolérable ».

La spirale vers la guerre

La tension est montée d’un cran dans la péninsule coréenne, faisant craindre l’éclatement d’une nouvelle guerre sans merci. Dimanche, les Etats-Unis et la Corée du Sud ont entamé quatre jours de manœuvres militaires conjointes en mer Jaune, une nouvelle démonstration de force aéronavale destinée à renforcer la dissuasion contre la Corée du Nord.

« Ces manœuvres sont beaucoup plus importantes que les précédentes », a averti dimanche l’état-major sud-coréen des armées, surtout que ces exercices interviennent cinq jours après le bombardement de la Corée du Nord d’une île sud-coréenne de Yeonpyeong située en mer Jaune.

Signes de l’importance de ces exercices : plus d’un million de soldats étaient massés tôt dimanche de part et d’autre de la frontière qui partage la péninsule. La pièce maîtresse du dispositif est le porte-avions nucléaire George Washington qui peut transporter 6 000 hommes et 75 avions dont des chasseurs-bombardiers, ravitaillés en vol, à grand rayon d’action. Il est accompagné des croiseurs lance-missiles USS Cowpens et USS Shiloh, ainsi que des destroyers lance-missiles. Washington a aussi fourni un important avion de commandement et de surveillance des cibles terrestres. De son côté, Séoul a engagé un destroyer lance-missiles de 7 600 tonnes équipé du système Aegis, deux destroyers de 4 500 tonnes et des moyens aériens de lutte contre les sous-marins.

Dans ce climat de haute tension, le président américain a déclaré samedi que les Etats-Unis resteraient fermement et complètement engagés dans la défense de Séoul. « Ces exercices démontrent la puissance de l’alliance Séoul-Washington et notre engagement pour la stabilité régionale et sont destinés à améliorer notre interopérabilité militaire », a affirmé M. Obama.

Réalisant bien que ces exercices sont dirigés contre elle, la Corée du Nord a mis en garde dimanche contre les « conséquences imprévisibles » de l’engagement du porte-avions américain George Washington dans ces manœuvres. Peu avant, le régime stalinien a promis de « frapper sans pitié » en cas de violation de son espace souverain, avertissant que ces manœuvres poussaient un peu plus la péninsule au bord de l’affrontement armé. Sur le qui-vive, Pyongyang a déployé dimanche des missiles sol-air près de sa frontière maritime contestée avec Séoul. Ces missiles semblent potentiellement viser des avions de combat sud-coréens qui voleraient trop près de la ligne de démarcation maritime entre les deux Corées.

En effet, la péninsule est au bord de la guerre depuis la semaine dernière quand Pyongyang a bombardé l’île sud-coréenne de Yeonpyeong en mer Jaune. Dirigée contre une zone civile, cette attaque d’ampleur inédite depuis la guerre de Corée (1950-1953) a tué deux civils et deux soldats, outre une vingtaine de blessés et déclenché des tirs de riposte de la part de l’armée sud-coréenne. Selon l’état-major sud-coréen, l’armée du Nord a tiré 170 obus, dont 80 ont atteint l’île où se trouve un détachement permanent de l’armée sud-coréenne. Le Sud a procédé à 80 tirs de riposte. Selon Séoul, cette attaque vise à asseoir la légitimité de l’héritier présumé de Kim Jong-II, Kim Jong-Un, récemment poussé sur le devant de la scène. « Le Nord cherche à proclamer les prouesses militaires de l’héritier apparent Kim Jong-Un, renforcer l’unité nationale et détourner vers l’extérieur le mécontentement de la population nord-coréenne », a estimé le premier ministre sud-coréen Kim Hwang-Sik.

Juste après ces bombardements, Séoul a crié vengeance. Tout au long de la semaine, des appels de vengeance se sont élevés à Séoul. Samedi, le commandant en chef de la marine sud-coréenne a promis des représailles. « Il nous faut répondre fermement aux provocations de la Corée du Nord », a ajouté Kim Kwan-Jin, ancien chef d’état-major des armées. D’autres appels à la fermeté contre le régime stalinien ont été lancés par un millier d’anciens soldats de la marine, qui se sont rassemblés samedi dans le centre de Séoul et ont brûlé un drapeau nord-coréen ainsi que des portraits du dirigeant nord-coréen Kim Jong-II et de son fils et héritier présumé, Kim Jong-Un. « Unissons-nous et vengeons-nous », ont scandé les manifestants.

Appels à la retenue

Dans une tentative d’empêcher la guerre, la Chine, unique alliée de Pyongyang, a proposé dimanche des consultations d’urgence début décembre des pays participant aux négociations à Six sur le programme nucléaire nord-coréen (deux Corées, Etats-Unis, Japon, Russie et Chine). Un haut responsable du gouvernement chinois, le conseiller d’Etat Dai Bingguo, s’est rendu samedi à Séoul pour des entretiens avec le ministre sud-coréen des Affaires étrangères, alors qu’un haut responsable nord-coréen va se rendre en Chine cette semaine pour chercher une issue à la crise.

Il semble que Pékin n’a pas l’intention de lâcher son allié. Alors que les tirs mortels d’obus de Pyongyang sur l’île sud-coréenne ont provoqué dans le monde un concert de condamnations, Pékin se borna à exprimer sa « préoccupation » et à lancer des appels à la retenue. Se rangeant aux côtés de son allié, Pékin s’est dit opposée à l’organisation de ces manœuvres, mettant en garde contre toute action militaire non autorisée au large de ses côtes. « Nous nous opposons à tout acte militaire unilatéral mené dans la zone économique exclusive de la Chine, sans le feu vert de celle-ci », a déclaré le ministère chinois des Affaires étrangères.

En revanche, les Etats-Unis se sont défendus des critiques chinoises, soulignant que cet exercice ne visait que le régime communiste du Nord « et n’est pas dirigé contre la Chine », a déclaré Darryn James, porte-parole du Pentagone. Passant de la défense à l’attaque, l’amiral Mike Mullen, chef d’état-major interarmes, a déclaré dimanche que Pékin devait user de son influence sur Pyongyang pour inciter les Nord-Coréens à changer leur attitude agressive à l’égard de leurs voisins. « Il est difficile de savoir pourquoi la Chine n’exerce pas davantage de pression. Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-II n’est pas quelqu’un en qui nous pouvons avoir confiance. Si un pays a une influence sur Pyongyang, c’est bien la Chine », a critiqué l’amiral.

Ces évolutions sanglantes ont rendu de plus en plus probable le scénario d’une nouvelle guerre entre les deux Corées les jours à venir. Selon les experts, un nouveau conflit dans la péninsule serait un scénario cauchemardesque, provoquant d’énormes pertes et entraînant peut-être même l’utilisation d’armes nucléaires. De toute façon, ce dernier acte d’attaque de la part de Pyongyang démontre le peu d’influence que Pékin exerce sur son voisin indomptable.

Les deux Corées sont encore formellement en guerre, puisque la guerre de Corée (1950-1953) s’est conclue sur un accord de cessez-le-feu et non par un traité de paix. Les Etats-Unis ont toujours maintenu une forte présence militaire chez leur allié du Sud. Ils comptent actuellement 28 500 hommes en Corée du Sud. En cas de guerre, les Etats-Unis exerceraient le commandement militaire en Corée du Sud, selon l’accord de défense mutuelle signé en 1953 entre les deux Etats.

Maha Al-Cherbini

 




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