Al-Ahram Hebdo,Arts | Réminiscences d’art brut

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 Semaine du 1er au 7 décembre 2010, numéro 847

 

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Arts

Peinture . Porté par un style peu académique, Samir Fouad présente une série de toiles puissantes et crues aux relents d’angoisse et de folie. Une exposition couleur sang où l’absence de formalisme est salvatrice.

Réminiscences d’art brut

C’est trapu, fort, dérangeant et encore pur : la chair à vif. « Chair » c’est aussi le titre de l’exposition de Samir Fouad à la galerie Picasso. Des tons pastel pour une matière écarlate, toujours un léger décalage dans le mouvement et un interstice, très mince, « entre l’amour et la mort, le rire et le cri, la souffrance et l’extase », écrit Fouad. Le décor est planté : la nouvelle saison de l’artiste né au Caire en 1944 est rouge, les carcasses égorgées pendent aux crocs du boucher. Pour évoquer l’âme, le corps est un médium utile, la chair, les muscles et le sang vont, eux, au plus profond et le rouge du corps devient la noirceur de l’âme.

Fouad n’a pas choisi de rendre la matière palpable, vivante. Comme si l’art brut pouvait se transformer en toile de fond et le temps en entité active. La frustration appelle au secours, hurle et demeure muette, pas un son, pas un bruit ; l’angoisse est mutilée. Car c’est bien l’art brut qui caractérise Samir Fouad, diplômé d’ingénierie de l’Université du Caire. Pas d’académisme, les toiles sont vides de culture artistique, la technique sans réel rapport avec le sujet qui est, lui, uniquement porté sur les premiers thèmes de l’art brut : l’inconscient révélé par l’ineffable. Loin de tout mouvement artistique, l’acteur de l’art brut n’est porté que par un désir d’expression qui sortira sous des formes pas encore définies au début du processus de création. Le lien entre la toile — ou toute autre forme — et la personnalité du créateur n’en est que renforcé : la création étant supposément vierge de tout « parasite » culturel, de volonté d’imitation ou de continuation de formes artistiques existantes.

Pourtant, l’absence d’influence n’est pas éternelle, et la première exposition d’un art brut est aussi, en général, sa dernière : le créateur entrant alors dans un monde artistique qui lui transmet ses codes, ses styles et ses discours. Seul l’isolement permet au créateur d’art brut de survivre. Mais il reste des traces chez Samir Fouad, une volonté de garder un lien privilégié et direct avec la toile. Le plus frappant est peut-être le désir d’allier le traitement de la surface de la toile avec l’expression des sujets qu’il peint. Torturés, ivres d’angoisses et de douleur, les personnages imprègnent leur support matériel, lui aussi mutilé, rayé, gratté et abîmé tout simplement. Ainsi, la chair, pourtant prisée en peinture pour sa texture et le rendu de sa matière, devient un élément fade, aux couleurs passées, perdant de sa saveur pour gagner en force. Mi-homme, mi-bête, les éléments les plus féroces jaillissent des cadres, pour transformer la galerie en musée des horreurs : splendide !

Dommage cependant que l’artiste accorde de la valeur à son travail. Pour toucher à l’art brut, même de loin, le désintéressement de l’artiste (qui, en art brut, ne devrait pas se nommer ainsi) doit être complet, sans concession. Un art brut, qui cherche les louanges, disparaît. Malgré tout, on sent une force constante chez Fouad : la volonté de ne pas s’encombrer d’inutiles artifices, d’ajouts symboliques ou de références qui, souvent, n’apportent rien à la peinture. Les pulsions se sentent encore dans la toile. Il n’y a pas, dans sa méthode, de construction définie, mais un travail instinctif, particulièrement dans l’élaboration des carcasses animales, abstraction de l’état d’esprit des personnages qui les côtoient. Le résultat est toutefois mitigé, principalement soutenu par l’absence de formalisme.

Alban de Ménonville

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A la galerie Picasso,

jusqu’au 17 décembre.

30 rue Hassan Assem, Zamalek,

de 10h30 à 21h, sauf le dimanche.

Tél. : 2723 7544.

 




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