Al-Ahram Hebdo, Enquête | Une augmentation qui ne fait pas l’unanimité

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 Semaine du 3 au 9 novembre 2010, numéro 843

 

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Enquête

Salaire Minimum. Le gouvernement vient de fixer un salaire minimum de 400 L.E. pour les salariés du secteur privé suite à un verdict de la Cour administrative. Montant dérisoire pour l’Union des travailleurs, les ONG et plusieurs économistes. Analyse.

Une augmentation qui ne
 fait pas l’unanimité

Le salaire minimum en Egypte sera dorénavant fixé à 400 L.E. par mois, l’équivalent de 70 dollars. Il concernera les travailleurs du secteur privé et ceux du secteur des affaires. Ce montant a été décidé par le Conseil suprême des salaires, présidé par le ministre du Développement économique Osman Mohamad Osman. Le salaire minimum était fixé à 35 L.E. par mois depuis 1984.

La décision a été prise la semaine dernière après un premier décret de la Cour administrative, pris au début de l’année en cours, obligeant le gouvernement à revoir le salaire minimum à la hausse. Mais la décision du gouvernement n’a pas fait l’unanimité et ce, pour trois raisons. La première : le montant que le gouvernement propose est dérisoire. « On parle à peine de 70 dollars. Ça ne fait même pas 100 », crie l’un des représentants des syndicats. En fait, suite à l’annonce de la décision, l’Union des travailleurs d’Egypte a déclaré qu’elle va faire appel contre la décision du Conseil des salaires. Les représentants des ouvriers proposent en échange un salaire minimum de 500 L.E. pour les travailleurs sans expérience, 750 L.E. pour les ouvriers ayant un diplôme technique et 1 000 L.E. pour la main-d’œuvre qualifiée. Pour les calmer, une réunion regroupant des représentants de l’Union, le ministre du Développement économique et celle de la Main-d’œuvre pour discuter du sujet. Le résultat n’était pas brillant. On a décidé d’organiser une conférence pour débattre de la question des salaires en Egypte et pas seulement du salaire minimum. Les résultats seront soumis au Conseil suprême des salaires qui va les étudier.

Une réaction plus radicale est venue de la part de l’ONG qui a intenté le procès devant la Cour administrative. Khaled Ali, l’avocat et le directeur du Centre égyptien pour les droits économiques et sociaux, a intenté un autre procès contre le gouvernement en disant que ce montant fixé est inférieur au seuil national de pauvreté. Ceci dit, l’ouvrier ou l’employé qui touchera le salaire minimum demeurera pauvre.

Samir Radwan, l’auteur d’une étude qui vient d’être publiée sur ce thème, « Le salaire minimum doit être de 656 L.E. par mois », propose de suivre la méthode internationale qui détermine le salaire minimum en fonction du seuil de la pauvreté. Radwan, qui est aussi conseiller auprès de l’Autorité de surveillance financière, ajoute : « Le seuil de la pauvreté par personne est fixé à 1 968 L.E. par an selon les chiffres de 2008. En admettant que la moyenne des membres d’une famille en Egypte est de 4, le salaire minimum devra être fixé à 656 L.E. par mois pour pouvoir la nourrir ».

Craintes d’abus

La deuxième raison pour laquelle la décision du gouvernement est critiquée est qu’elle ne fixe pas le salaire minimum en fonction du salaire de base. Ce dernier est en fait une déformation originale de la grille des salaires en Egypte. Pour réduire les sommes que payent les employeurs pour les pensions et les primes, le gouvernement égyptien a inventé ce qui est connu sous le nom de salaire de base et qui représente en moyenne 20 % du salaire. C’est en fonction du salaire de base que sont calculées les pensions et les primes. « Selon la loi, c’est la partie fixe du salaire que l’employeur ne peut pas toucher alors que les primes pourront être réduites. Les employeurs pourront prendre cela comme prétexte et ne payeront aux employés que le salaire de base qui sera bien sûr inférieur à 400 L.E. », explique Khaled Ali, qui a souligné cela dans le nouveau procès qu’il a intenté contre le gouvernement.

Exclure la fonction publique

Le plus drôle dans la décision du Conseil des salaires était d’exclure les fonctionnaires publics. Pour le gouvernement, ceux-là ne sont pas concernés, car ils touchent tous un salaire minimum qui se rapproche des 400 L.E. Un chiffre démenti par beaucoup de fonctionnaires. Certains ont indiqué leur salaire mensuel en direct lors d’un programme télévisé qui a invité le ministre du Développement économique. Plusieurs fonctionnaires qui ont décliné leur nom et lieu de travail ont assuré que leur salaire, primes incluses, est inférieur aux 400 L.E. dont parle le ministre. Les employés des centres d’informations qui ont organisé plusieurs sit-in devant le Conseil des ministres, le dernier étant empêché le 26 octobre par la police, sont une preuve de ce malentendu. Leurs salaires sont même inférieurs à 100 L.E. Il s’agit d’employés sans contrats ; ils ne sont pas inclus dans les statistiques du ministre, mais ils sont employés par le gouvernement. Ce qu’a dit Osman en défendant sa décision s’applique à eux aussi : « La logique du salaire minimum est de défendre les plus vulnérables, c’est-à-dire les nouveaux arrivants sur le marché de travail et les moins qualifiés, pour ne pas faire l’objet d’exploitation ». Ainsi, les fonctionnaires en colère ont saisi l’occasion de l’annonce de cette décision et réclament au premier ministre d’obtenir le salaire minimum. Le gouvernement respectera-t-il la décision ou va-t-il contredire sa propre décision ?

Marwa Hussein

 

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Une décision
 tant attendue

La décision du gouvernement de fixer le salaire minimum à 400 L.E. est arrivée après 7 ans d’attente. Le Conseil suprême des salaires a été créé par la loi du travail unifiée, promulguée en 2003, et avait pour mission de fixer un salaire minimum et de le revoir tous les trois ans. Plusieurs dates ont été fixées pour que le Conseil prenne une décision mais à chaque fois, rien ne se fait. Les parties concernées, à savoir le gouvernement, les représentants des travailleurs et ceux des hommes d’affaires, ne se sont jamais mises d’accord. Et ils ne le sont toujours pas. Au moment où les syndicats ont contesté le montant avancé par le gouvernement, l’Union des industries l’a bien accueilli. Au cours de cette période marquée par plusieurs hausses importantes des prix, le salaire minimum a été au centre des débats. En fait, il n’a pas été revu depuis 1984, étant fixé à 35 L.E . Avec l’addition des primes annuelles, le salaire minimum a atteint 394 L.E. par mois dans le secteur public et 158 L.E. dans le privé.

 




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