Al-Ahram Hebdo,Société | Cordons-bleus à l’égyptienne

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 Semaine du 24 au 30 novembre 2010, numéro 846

 

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Société

Chefs Cuisiniers . Ils ont gagné en notoriété ces dernières années. Grâce à leur persévérance, ils ont pu s’imposer sur la scène mondiale. Enquête à l’occasion d’un concours organisé au Caire.

Cordons-bleus à l’égyptienne

Les flashs des caméras fusent de toutes parts. Des photographes se bousculent pour prendre les concurrents en photo, alors que des visiteurs s’empressent autour de la célèbre chef de la chaîne culinaire arabe spécialisée Fatafeet, Nermine Hanno, pour prendre des photos avec elle. Cette dernière a obtenu, en février 2010, l’accréditation de juge culinaire internationale, délivrée par la Fédération mondiale des sociétés de cuisiniers (WACS). Hanno est la première femme au monde à la décrocher.

Elle est là aujourd’hui comme juge au concours culinaire au niveau des chefs professionnels, organisé par l’Association des chefs égyptiens, dans le cadre de l’Exposition annuelle des équipements hôteliers (HACE’ 10).

L’air est embaumé de parfums divers. L’odeur du beurre se mêle aux odeurs des herbes, des épices et de la viande. On entend le son à peine audible des cuillères dans les casseroles. Près de six ou sept chefs cuisiniers, vêtus de costumes blancs et portant de hautes coiffes blanches, s’affairent autour de leurs fourneaux surveillés par des juges menus de papiers et d’un crayon pour enregistrer leurs remarques et donner des notes.

Hanno n’est pas la seule à faire ce parcours. Un autre chef égyptien, Madgi Mouriess, a obtenu la même accréditation. D’autre part, il y a de plus en plus de chefs égyptiens à remporter des médailles d’or et d’argent dans des concours culinaires internationaux. En effet, un groupe de 10 chefs, sélectionnés avec soin par l’Association des chefs égyptiens et appelés les ambassadeurs culinaires d’Egypte, ont remporté 5 médailles à Berlin et 35 en Turquie.

Les réussites se succèdent pendant les 10 dernières années, réanimant le domaine de l’art culinaire longtemps stagnant. Chefs Yousri, Hassan, Ossama, Mona Amer : leurs fans, s’intéressent aujourd’hui à eux comme l’on s’intéresse aux vedettes de cinéma. On cherche leurs livres dans les librairies. Beaucoup de femmes ont tendance à varier leurs mets sur la table grâce à ces chefs. Cependant, ce n’est pas la règle pour tous les chefs. Le regard de la société vis-à-vis des chefs cuisiniers a changé, il regagne un respect.

Le parcours du chef en Egypte est parsemé d’embûches, puisqu’il faut compter sur ses propres moyens. « Dans l’Institut de tourisme et d’hôtellerie dont je suis diplômé, il n’y avait que très peu de formation pratique », raconte Mohamad Saber, 28 ans, chef de partie. Son diplôme en main, Mohamad a commencé à travailler comme apprenti dans les cuisines des hôtels. Il achetait des livres et lisait beaucoup pour parfaire ses connaissances. Dès qu’il entendait parler d’un stage, il s’y inscrivait. Un domaine difficile où il faut faire de nombreuses concessions si l’on veut arriver au sommet. Mohamad Sobh, comme tout chef qui veut suivre cette voie, a commencé sa carrière comme stagiaire, gratuitement bien sûr, dans des restaurants et des centres commerciaux jusqu’à ce qu’il puisse mettre les pieds dans des hôtels. D’abord comme apprenti, puis 3e commis, second commis et aujourd’hui il est premier commis. « Dans ce métier, chacun parviendra à ce qu’il veut à condition de travailler sérieusement et de ne pas tomber dans le piège de la déception », s’exprime Sobh qui vient de remporter le premier prix de « Junior chef of the year » au cours du concours.

Il ajoute qu’il existe des lacunes qui affaiblissent le métier et freinent son élan. En effet, les grands chefs responsables dans les hôtels comptent sur la notoriété de leur hôtel et conservent leurs stéréotypes. Il faut, selon Sobh, donner plus de chance aux innovations des jeunes.

« L’on est à la recherche d’un bon chef comme l’on cherche un bon joueur de foot », exprime Mohamad Al-Saadani, chef exécutif et représentant de l’Association des chefs égyptiens en Côte-Nord.

Créée en 1997, cette association a été un tournant dans le domaine de la formation des chefs cuisiniers en Egypte. Non seulement elle a réuni les chefs, mais elle a aussi permis à ses membres de participer à des ateliers pour améliorer leur niveau et à des concours culinaires pour leur permettre d’échanger les expériences. « Actuellement, on organise quatre concours au lieu d’un seul par an dont l’objectif est de susciter l’enthousiasme des chefs et de stimuler la concurrence positive », ajoute Al-Saadani.

Malgré les efforts louables de l’Association et les efforts individuels des chefs, on ne peut pas prétendre qu’ils connaissent les règles de base ou qu’ils possèdent tous les mêmes critères culinaires internationaux.

« L’art culinaire n’est pas seulement un plat que l’on prépare. Il s’agit de toute une science qui a des bases », dit Markus J. Iten, président de l’Association des chefs égyptiens. Selon ce dernier, ce concept commence à prendre forme en Egypte qui, auparavant, accordait peu d’intérêt à la cuisine dans le monde du tourisme, car on comptait davantage sur l’idée que nous possédons des monuments uniques au monde pour attirer les touristes. Cependant, le touriste de nos jours est exigeant en tout ce qui concerne son hospitalité et n’accepte que la perfection.

Il poursuit : « L’Egypte accueille des touristes du monde entier. Ils ont besoin de manger comme chez eux. On ne peut pas leur présenter une bolognaise avec un goût différent. C’est un plat universel qui doit avoir le même goût partout dans le monde ». Le chef représente tout son pays. « Si un plat cause une diarrhée à un touriste, il dira qu’il l’a eue en Egypte, il ne dira pas que c’est à cause du chef », ajoute Markus.

Il ajoute : « Il n’y a pas de standards fixes pour tous les chefs égyptiens. Si nous demandons à un chef égyptien le nombre de manières pour préparer un aliment, il donnera 4 ou 5. Alors qu’en fait, il existe près de 18 manières », dit Markus.

C’est pourquoi est née l’idée de fonder une école pour rectifier les notions de base et pour procurer un programme d’apprentissage international pour les chefs.

Cette école créera une véritable révolution dans le monde de l’hôtellerie. Au bout d’une année d’études intensives, les chefs obtiendront un diplôme  reconnu sur le plan international qui leur permettra de travailler partout dans le monde.

En fait, selon Al-Saadani, l’intérêt pour l’art culinaire existe depuis l’époque des Mamelouks. Une évolution a eu lieu dans les années 1960 grâce à l’occupation, mais le métier était quand même limité. Après, la scène a connu un genre unique de chef qu’on nommait « Haramawi », car la rue Al-Haram était La Mecque du tourisme à la mode à l’époque. Plus tard, la carrière a été plus réglée et les chefs ont pris leurs premières formations réelles lors de la naissance de « Egos », première institution pour la formation des chefs en Egypte. « Mais aujourd’hui, les Egyptiens doivent être fiers de notre équipe nationale représentée par les ambassadeurs culinaires d’Egypte », conclut Al-Saadani.

Hanaa Mekkawi
Racha Darwich

 




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