Palestine . Palestiniens
et Israéliens sont dans l’attente de mesures américaines que chaque partie
espère à son avantage. Mais l’état actuel des choses n’annonce rien de positif.
Un blocage et peu d’issues
Les
Palestiniens sont toujours dans l’attente d’un gel de la colonisation pour
reprendre les négociations directes avec Israël. Les Israéliens, eux, attendent
les garanties écrites promises par les Etats-Unis dans le cadre du plan
américain destiné à relancer les négociations, garanties sans lesquelles le
vote d’un gel de la colonisation n’aura pas lieu.
Telle
est la situation actuelle. Une situation propice à des développements de toutes
sortes, dans un sens comme dans l’autre. Dimanche dernier, au Caire, le
président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbass,
a affirmé qu’il n’accepterait pas une reprise des négociations de paix avec
Israël sans un gel de la colonisation à Jérusalem-Est. « S’il n’englobe pas
Jérusalem, c’est-à-dire s’il n’y a pas de gel total de la colonisation dans
tous les territoires palestiniens, y compris Jérusalem, nous ne l’accepterons
pas », a affirmé M. Abbass. Et de poursuivre : « Si
Israël veut revenir aux activités de colonisation, nous ne pouvons pas
continuer. Il faut que le gel de la colonisation englobe tous les territoires
palestiniens et en premier lieu la ville de Jérusalem ». M. Abbass
a indiqué qu’il attendait toujours une réponse des Etats-Unis sur les résultats
de leurs efforts pour obtenir ce moratoire. « Jusqu’ici, rien d’officiel n’est
parvenu de l’administration américaine, ni à nous ni aux Israéliens, que nous
puissions commenter », a-t-il dit.
Le
secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a indiqué samedi soir, après
une rencontre avec M. Abbass, que le comité de suivi
de l’organisme panarabe se réunirait d’urgence dès qu’une réponse américaine
parviendrait aux Palestiniens. La proposition américaine, prévoyant la
livraison par Washington de 20 avions de combat supplémentaires à Israël, est
destinée à préserver les négociations directes. La semaine dernière,
l’émissaire américain, David Hale, a fait part au président Abbass,
pour la première fois officiellement, d’une série d’idées et de propositions
américaines pour relancer le processus de paix. Mais M. Abbass
a répété dimanche que les Palestiniens n’avaient « rien à faire » avec l’offre
américaine aux Israéliens. « Nous avons dit aux Américains que nous n’avions
rien à faire avec leur marché. Nous refusons le fait de lier ces marchés à la
reprise des négociations », a-t-il dit.
Intransigeance sur Jérusalem-Est
Côté
israélien, lors d’un entretien le 11 novembre avec la secrétaire d’Etat Hillary
Clinton, le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu avait accepté
d’envisager un nouveau moratoire de 90 jours sur les constructions dans les
colonies juives de Cisjordanie contre une généreuse enveloppe de mesures de
soutien sécuritaires et diplomatiques. Mais plus tard, le bureau de M.
Netanyahu a indiqué que l’éventuel nouveau moratoire ne devait pas concerner
Jérusalem-Est. Netanyahu a en outre affirmé dimanche qu’il n’avait toujours pas
reçu d’engagements écrits américains lui permettant de faire voter un gel de
trois mois de la colonisation en Cisjordanie par son cabinet, selon un
communiqué. « Si nous obtenons ces conclusions écrites, nous les présenterons
au cabinet et je suis certain que les membres du cabinet les approuveront car
ils sont positifs pour l’Etat d’Israël », a déclaré M. Netanyahu. Il a
également souligné que les ententes verbales avec les Américains ne prévoyaient
pas de fixer une échéance de trois mois — le temps d’un nouveau moratoire — aux
discussions sur le tracé des futures frontières de l’Etat palestinien. « Il n’y
a aucune demande en ce sens et aucun engagement. Il n’y a aura pas de
discussions séparées sur les frontières mais (uniquement) sur l’ensemble des
questions essentielles ».
Mais,
quand bien même les intentions du premier ministre israéliens seraient bonnes —
ce qui n’est certainement pas garanti —, M. Netanyahu ne disposerait pas pour
le moment d’une majorité au sein de son cabinet pour faire adopter un gel de la
colonisation.
Le
parti ultra-orthodoxe Shass est en position
d’arbitre. Ses deux ministres exigent que Washington s’engage par écrit à ce
que le nouveau gel ne concerne pas Jérusalem-Est, à ne pas renouveler le moratoire
et à permettre ensuite le lancement de milliers d’appels d’offres pour la
construction de logements dans les implantations de Cisjordanie. Si telles sont
les garanties américaines, une reprise des négociations n’aura absolument aucun
sens. D’ores et déjà, M. Netanyahu a rejeté tout moratoire pour Jérusalem-Est. Le
blocage est donc susceptible de se poursuivre encore longtemps.
Abir Taleb