Al-Ahram Hebdo,Nulle part ailleurs | Danser pour se connaître

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 Semaine du 10 au 16 novembre 2010, numéro 844

 

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Nulle part ailleurs

Festival . Danses et chants folkloriques, traditions, gastronomie et robes traditionnelles ont été exposés à Suez par différentes troupes égyptiennes et arabes dans une vraie fête des pays de la mer Rouge. Une occasion pour se divertir et connaître l’autre. Reportage.

Danser pour se connaître

Au bord du Golfe de Suez, à Moon Beach, un des lieux splendides de la belle ville qui a témoigné de la libération du territoire égyptien lors de la guerre d’Octobre 1973, un monde exceptionnel est présent. On dirait un défilé de modes et de couleurs. La scène est impressionnante, voire même surprenante. Différentes troupes de danses folkloriques, en habits traditionnels très variés, présentent leurs danses, aux rythmes des chansons et du son de la sémsimiya de Suez (instrument de musique traditionnel) dans une ambiance euphorique. Toutes les figures et les danses s’entremêlent, à tel point qu’il est difficile de distinguer entre les Soudanais et ceux de Halayeb et Chalatine du sud de l’Egypte, entre les gens du Sinaï et ceux de Palestine. Des mouvements et des pas de danse qui sont en harmonie avec la musique et les chansons mélodieuses. Un tableau qui n’a pas seulement épaté la population de Suez, curieuse de voir cette nouveauté dans sa ville, mais aussi les délégations qui ont participé à ce festival d’arts populaires et de traditions des pays de la mer Rouge. Et bien que plusieurs pays n’aient pas participé à ce rassemblement exceptionnel, les gens de Suez ont pu assister à ce grand spectacle de danses, de chants traditionnels présentés par des troupes venues des quatre coins de l’Egypte, en plus de celles de Palestine, du Soudan et du Yémen. « C’est sensationnel, ce mélange de danses exécutées par différentes troupes qui se produisent en même temps aux rythmes de notre sémsimiya que nous adorons, cela nous a fait oublier un peu nos problèmes quotidiens, les prix élevés des produits alimentaires et le chômage qui empoisonne la vie de beaucoup de familles à Suez », dit Hanaa Abdel-Salam, native de la ville de Suez, tout en regardant un tableau de danse nubienne présenté dans un théâtre construit en plein air dans le quartier populaire d’Al-Arbéïne. « C’est bien la première fois que je vois un spectacle de danse en direct, c’est formidable, surtout le tableau des noces nubiennes, j’ai beaucoup aimé cela », ajoute Hanaa.

Un vrai rassemblement

Des danses et des chants folkloriques d’Ismaïliya, du Caire, d’Assouan, du Soudan ou du Yémen, dans des théâtres en plein air ou dans le palais de la culture, des expositions de produits locaux, des colloques pour discuter des traditions dans les pays de la mer Rouge, et même des points de ressemblance ou de différence. En un mot, diverses activités qui ont enchanté une partie de la population de Suez venue admirer ces spectacles ou se divertir, alors que d’autres personnes sont restées prises par leurs préoccupations quotidiennes, tandis que d’autres trouvent dans ce festival une occasion pour gagner plus d’argent grâce aux nombreux visiteurs et spectateurs qui cherchent à manger, à se déplacer ou à faire des achats. C’est ce que pense Mahmoud, jeune diplômé de commerce, qui a transformé sa voiture en taxi pour gagner sa croûte, et afin de lutter contre le chômage. Il pense que beaucoup de gens ne s’intéressent ni au folklore ni au patrimoine, ils préféreraient assister à un concert de Tamer Hosni. Pour Mahmoud, ce festival est tout de même une occasion d’avoir plus de clients dans son taxi et surtout gagner un peu plus d’argent. Cependant, pour d’autres comme les troupes de danses et de chants populaires à Suez, ils voient les choses autrement. Les membres sont excités par le fait de découvrir d’autres genres de danses folkloriques, d’autres peuples avec leurs traditions, à l’instar des troupes de Halayeb et Chalatine, comme l’explique Mohamad Farag, chef de la Troupe des instruments populaires à Suez. « C’était surprenant de voir les danseurs des tribus de Ababda et Béchariya danser avec des fouets et ceux du Yémen avec des poignards. Nous avons essayé, moi et un autre membre de la troupe, de danser avec un fouet, on n’a pas réussi, c’est très pénible, nous nous demandons comment ils arrivent à le supporter », confie Farag qui a beaucoup apprécié la dabka palestinienne. « En voyant les danses palestiniennes, il est difficile d’imaginer que ce peuple, qui souffre du blocus et résiste avec pierre et arme à l’occupation israélienne, est le même qui danse la dabka avec autant d’agilité, de souplesse et d’originalité. La scène de la petite danseuse de dabka portée par son père en brandissant le drapeau palestinien a été très émouvante », reconnaît Farag. En fait, la participation de la délégation palestinienne à ce genre de festival a été l’un des objectifs. « Faire toujours rappeler aux gens notre patrimoine, nos traditions, nos danses folkloriques et même notre gastronomie qui ont commencé à être plagiés par les Israéliens, qui non seulement occupent notre territoire mais veulent aussi mettre la main sur notre patrimoine et nos traditions comme la robe traditionnelle palestinienne et certains plats préparés avec les pois chiches et les falafels », dit Wessam Al-Raïs, membre de l’Union de la femme palestinienne, présente à l’exposition de produits du terroir, expliquant aux visiteurs les modes et matières de fabrication et leurs sources.

De la poésie aussi

Arab Mohamad, une jeune poète de Gaza, est venue aussi pour lire des extraits de ses poèmes, à l’exemple de « Man nahnou ya Misr » (qui sommes-nous, l’Egypte), et un autre sur Jérusalem. Cependant, cela n’empêche pas les membres de la troupe d’aller à la découverte des autres. Une petite fille palestinienne, un keffieh sur les épaules, est allée demander à deux femmes d’Assouan, Nagah et Neama, de lui mettre du henné (sorte de tatouage fait sur la main et utilisé chez le peuple d’Assouan) ; elle en a profité pour admirer les habits traditionnels du Nord-Sinaï.

Dans l’exposition des robes, bijoux et différents produits de chaque ville de la mer Rouge, on fait connaissance, on découvre l’autre et les commentaires vont bon train. Marzouqa, une Nubienne, s’exclame : « Comme elles sont belles les femmes palestiniennes ! Je me demande comment les Israéliens osent les tuer ? ».

Quant à Sabha Ibrahim, chef de l’association du Sinaï, Bent al-badiya (la fille du désert), elle explique que les produits fabriqués à la main par les femmes du Sinaï ressemblent à ceux des Palestiniens, sauf que ces derniers reproduisent des formes d’arbres ou de plantes. « Par contre, nous, nous utilisons des formes géométriques », explique Sabha qui expose des robes traditionnelles et d’autres qui gardent la même forme, mais qui sont plus légères afin de convenir à la femme contemporaine. « On ne peut plus porter de robes trop chargées ou lourdes tous les jours », dit la femme qui a l’intention de porter sa candidature aux prochaines élections de l’Assemblée du peuple. De la Palestine au Soudan, chaque peuple tente de chercher les points communs. Walid Mégahed et Rabab Mohamad sont des membres de la troupe Asdaa al-bahr à l’est du Soudan. Ils confient être surpris par l’harmonie des mouvements, l’organisation et les tenues traditionnelles de certaines troupes, surtout celle de Suez. Cependant, ils pensent que leurs danses ressemblent plutôt à celles des Yéménites. « Nous avons des danses qui se ressemblent, comme celle d’al-samaka (poisson) des pêcheurs. Nous avons également des traditions et des mouvements de danse qui se rapprochent de ceux des troupes de Halayeb et Chalatine, qui sont déjà tout près de nous », dit Walid, en route vers le théâtre en plein air au cœur du quartier d’Al-Arbéïne. Là, des danses de la Troupe du Nil et de celle d’Assouan sont présentées. Des familles entières de Suez sont venues assister pour la première fois à des spectacles de danses folkloriques, en plus des travailleurs journaliers et des marchands ambulants qui étaient de passage et ont été attirés par la musique : « Qu’est-ce que c’est que ce festival ? Est-ce qu’il faut acheter des billets pour y assister ? C’est quelle troupe ? Ah, ce sont les Nubiens. Comme leurs danses sont belles ! ». Une atmosphère d’allégresse règne dans le quartier. Il y a beaucoup de monde et d’embouteillage, ce qui a demandé l’intervention des agents de police pour mettre de l’ordre. Cependant, beaucoup de spectateurs qui sont venus admirer tous ces spectacles ont été impressionnés par deux troupes, celle d’Assouan et celle du Nil pour les arts populaires venant du Caire. Hoda explique qu’elle est venue pour jouir de cette ambiance de fête et oublier ses soucis. « Mon mari est malade et mon fils aussi. Cependant, je voulais me distraire un peu », dit la dame qui a beaucoup aimé les danses nubiennes malgré la différence de dialectes. D’autres jeunes ont dansé et chanté avec les stars de la Troupe populaire du Nil qui ont présenté des extraits du patrimoine mélangé à d’autres plus récents. Les uns s’extasient, les autres rentrent chez eux, mais beaucoup admettent que c’est une occasion pour connaître l’autre, même s’il vient d’un autre gouvernorat, et chacun le fait à sa manière.

Doaa Khalifa

 




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