Al-Ahram Hebdo,Invité | Fathi Sourour, « La sédition confessionnelle est l’arme des ennemis et des idiots »

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 Semaine du 10 au 16 novembre 2010, numéro 844

 

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Le président de l’Assemblée du peuple sortante, Fathi Sourour, revient sur les grands dossiers du moment. Il passe en revue et analyse la participation des Frères musulmans aux législatives, les mouvements contestataires ainsi que les affaires de corruption.

« La sédition confessionnelle est l’arme
des ennemis et des idiots »

Al-Ahram Hebdo : L’opposition déclare douter de l’intégrité des prochaines élections législatives alors que le gouvernement assure que les garanties sont suffisantes. Qu’en pensez-vous ?

Dr Fathi Sourour : Je pense que pour l’opposition, c’est une tentative de justifier un probable échec aux élections. La loi égyptienne offre les garanties nécessaires pour l’intégrité des élections comme dans n’importe quel Etat démocratique. Nous avons un haut comité pour le contrôle des élections, indépendant et neutre, qui comprend des juges de haut niveau. De plus, les élections sont supervisées par des comités judiciaires généraux. Que faut-il de plus ? Toute erreur qui pourrait survenir durant le processus électoral est une chose possible dans n’importe quel pays du monde.

— Mais les différents partis accusent aussi le parti au pouvoir de restreindre leurs activités …

Les partis sont libres dans leur action et dans la fondation de leurs bases, ils possèdent des journaux libres qui diffusent les avis de l’opposition sans restriction. Ils possèdent également des chaînes de télé satellites et la loi leur garantit leur liberté d’action. Comment alors le parti au pouvoir peut-il contraindre leurs activités ?

— A votre avis, comment le parti au pouvoir va-t-il traiter la confrérie des Frères musulmans lors de ces élections ?

Il traitera les Frères musulmans conformément à la Constitution et à la loi, c’est-à-dire que chacun a la liberté d’expression et bénéficie de tous les droits cités par la loi et la Constitution, et toute infraction est jugée par la justice. La confrérie des Frères musulmans n’est pas un parti et par conséquent, il ne lui est pas permis de pratiquer une action politique partisane sous le nom de Frères musulmans. Conformément à la loi, toute pratique politique de ce genre est considérée comme un crime.

— Quelle est la position vis-à-vis du « mouvement d’ElBaradei », d’autant plus qu’il a appelé à l’insurrection civile ?

Je ne connais pas de « mouvement d’ElBaradei », mais je connais les déclarations du Dr Mohamad ElBaradei et ses avis. Or, ces déclarations n’ont pas atteint le niveau de mouvement, car ceci nécessite l’existence d’un grand nombre de partisans, et ce n’est pas le cas.

— Il y a à côté de cela de nombreux mouvements de contestation sur la scène politique, que ce soit à propos de la succession du pouvoir ou de la pratique démocratique …

Les mouvements de contestation existent dans tous les régimes démocratiques puisque c’est un moyen d’exprimer certaines formes d’opposition. Il ne faut donc pas leur donner plus de poids qu’ils n’en ont réellement. Il suffit de suivre ce qui se passe en France, en Allemagne, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis pour comprendre que les protestations ne sont qu’un moyen d’expression.

— Ce qui veut dire pour vous que l’Egypte est un pays démocratique ?

La Constitution stipule que le régime égyptien est un régime démocratique, et tous les textes de la Constitution vont dans ce sens. La liberté d’expression est garantie pour tous, et toute erreur peut arriver dans n’importe quel régime. L’Egypte est un Etat où la loi est très ancienne, basée sur des principes démocratiques.

— Vous avez dernièrement annoncé que le boycott des élections était « un suicide politique pour les partis », que voulez-vous dire par là ?

Je veux dire que l’objectif de la formation d’un parti politique, contrairement à l’association bénévole ou le syndicat, est d’atteindre le pouvoir. Et les élections dans n’importe quel régime démocratique sont le moyen d’accéder au pouvoir. Alors, quand un parti boycotte les élections, il renonce ainsi à l’objectif de sa fondation et ressemble aux associations bénévoles, c’est pour cela que j’ai dit que le boycott des élections était un « suicide politique ».

— Dernièrement, de nombreux dossiers de corruption ont été dévoilés comme celui des députés profitant de soins médicaux aux frais de l’Etat. Certains font assumer cette responsabilité au régime. Cela ne l’entache-t-il pas ?

La corruption est une infraction à la loi, chose qui existe partout dans le monde. Les lois sont faites pour punir toute infraction. Donc, la corruption en soi ne nous entache pas tant que tous ceux qui commettent des infractions sont punis par la loi.

— Vous appelez à ne pas mêler la politique à la religion. Ne pensez-vous pas que les affaires et la politique font aussi mauvais ménage, alors qu’aujourd’hui, de nombreux hommes d’affaires sont au pouvoir ?

Le secteur privé joue actuellement un rôle essentiel dans le développement, il est donc naturel que les hommes d’affaires aient un rôle dans l’action politique. La politique et l’économie sont les deux facettes du développement. Je me rappelle que quand j’étais ministre de l’Education entre 1986 et 1990, le ministre de l’Education en Grande-Bretagne était président d’une entreprise industrielle avant de devenir ministre.

— Il y a de nombreux appels pour amender l’article 76 de la Constitution. En tant que juriste spécialiste du droit constitutionnel, qu’en pensez-vous ?

L’appel à tout amendement quel qu’il soit est l’expression d’un avis clair qu’il faut exprimer de façon constitutionnelle. Et dans tous les cas, l’amendement ne se fait pas en un seul jour, il est soumis aux mêmes étapes d’évolution que subit la société et dépend de l’efficacité des organisations politiques et des partis.

— L’Egypte a connu dernièrement de nombreux conflits confessionnels. Quel est votre analyse du problème ?

Il n’y a pas de conflit confessionnel en Egypte, mais il y a des événements individuels qui ont des causes confessionnelles. Ce genre d’événement peut avoir lieu dans n’importe quel pays multiconfessionnel. La Constitution stipule le droit de citoyenneté pour tous les Egyptiens, et la loi ne tolère pas l’extrémisme religieux. Depuis plus de 15 siècles, les musulmans et les chrétiens vivent ensemble en tant que frères, ils ont lutté ensemble contre l’occupation et de nombreux chrétiens ont brillé dans divers domaines et ont occupé des postes importants. La discrimination religieuse n’existe pas et elle est refusée. Mais à cause de l’ignorance, des événements individuels peuvent avoir lieu. Mais tant que la volonté des musulmans et des chrétiens s’articule sur la citoyenneté, ils peuvent lutter ensemble contre ces aspects négatifs. Les chrétiens en Egypte n’ont jamais été une minorité, mais une partie intégrale du tissu égyptien, la sédition confessionnelle est l’arme des ennemis et des idiots.

— Quels sont les rêves du chef du Parlement pour la prochaine phase cruciale de l’histoire de l’Egypte ?

Je rêve que la stabilité et la sécurité règnent, puisqu’elles constituent la base essentielle et indispensable à la démocratie. Je rêve de voir la paix régner partout dans le Proche-Orient et de voir l’Etat palestinien s’instaurer. Je rêve aussi de l’union arabe, car cette union a connu un recul flagrant, pour se limiter à une solidarité arabe puis une conciliation arabe. Le développement sous toutes ses formes est aussi parmi mes rêves, et je souhaite également une vie décente à tous les citoyens.

Propos recueillis par Magda Barsoum

 

 




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