Obama .
Le président américain est actuellement en visite dans
plusieurs pays asiatiques. Il aborde avec les différents
dirigeants la question des relations bilatérales, mais aussi
et surtout des sujets régionaux.
Une tournée aux objectifs multiples
Même
si les déplacements en Asie du président américain, Barack
Obama, sont perçus par les analystes comme une tentative de
reconquérir l’opinion publique américaine juste après la
défaite des démocrates lors des législatives de mi-mandat,
ils ont, en fait, de nombreux objectifs. Outre les questions
d’ordre économique, plusieurs questions politiques
régionales ont été abordées. Selon les experts, en
commençant sa tournée en Inde, Obama a voulu donner une «
signification importante » dans le sens qu’il sert à réfuter
l’idée selon laquelle le président américain se
préoccuperait moins de ce pays que de son voisin
pakistanais, considéré comme son allié-clé dans la guerre
contre le terrorisme. Bien plus, le début de la visite avec
un pays proie au terrorisme comme l’Inde a fait de la lutte
antiterroriste le pivot des négociations bilatérales.
Outre la lutte antiterroriste, de grands problèmes
politiques ont pris le devant de la scène lors des
négociations bilatérales, dont les relations
indo-pakistanaises et le conflit du Cachemire. Ainsi,
mettant l’accent sur le dossier le plus important de sa
visite — le terrorisme —, M. Obama a choisi d’entamer sa
tournée samedi en Inde par l’un des sites attaqués à Bombay
qui fut l’une des cibles des sanglants attentats perpétrés
par un commando islamiste fin novembre 2008, pour rendre
hommage aux 166 morts victimes de l’attentat. Geste
significatif pour un président qui fait de la lutte
antiterroriste sa préoccupation par excellence depuis son
arrivée à la Maison Blanche, affirment les experts.
Soulignant sa détermination à casser l’épine du terrorisme,
le président Obama a affirmé, dimanche, que les Etats-Unis
et l’Inde sont unis contre ce fléau régional. « Nous
n’oublierons jamais les horribles images du 26 novembre, les
flammes qui ont embrasé le ciel dans la nuit. Nous
n’oublierons jamais comment le monde, dont le peuple
américain, a pleuré avec l’Inde », a déploré M. Obama. Des
propos qui n’ont pas conforté le peuple indien qui attendait
un discours beaucoup plus fort du président américain contre
le Pakistan. Ce qui a suscité de vives polémiques en Inde,
car ce pays voit de mauvais œil l’alliance antiterroriste
entre Washington et Islamabad soupçonné de financer des
groupes extrémistes ciblant New Delhi. En 2008, un groupe
islamiste basé au Pakistan, le Lashkar-e-Taoba, a été accusé
d’avoir recruté et équipé le commando de dix hommes
lourdement armés responsables des sanglantes attaques du 26
au 29 novembre à Bombay.
Pourtant, le président américain a tenu à ne pas envenimer
davantage ses relations déjà perturbées avec son allié
pakistanais, affirmant dimanche qu’Islamabad faisait des
progrès énormes contre le « cancer » de l’extrémisme mais «
pas aussi rapidement qu’il le voulait ». M. Obama a
également pris acte de l’histoire « incroyablement complexe
» entre l’Inde et le Pakistan, qui se sont menés trois
guerres depuis leur indépendance concomitante en 1947.
Pour une conciliation Inde-Pakistan
Dans une tentative de concilier les deux frères ennemis, le
président Obama a appelé l’Inde et le Pakistan à travailler
ensemble pour résoudre leurs différends, soulignant que New
Delhi avait le plus grand intérêt à la réussite de son rival
dans la lutte contre l’extrémisme. « Mon espoir est qu’avec
le temps, la confiance se développe entre les deux pays, que
le dialogue commence peut-être sur moins de questions
controversées pour aller vers des questions plus
controversées », a-t-il déclaré. En réponse à cet appel
américain de rapprochement, le président pakistanais, Asif
Ali Zardari, a vite affirmé dimanche que l’Inde ne répond
pas pour l’heure « de manière positive » aux « ouvertures »
de son pays dans le processus de paix entre les deux pays.
New Delhi et Islamabad avaient entamé un difficile processus
de paix en 2004 mais après les attentats de Bombay, l’Inde a
gelé les discussions. Depuis près d’un an et sous la
pression de Washington qui cherche une stabilité régionale,
de hauts responsables se sont de nouveau rencontrés pour
tenter de remettre le dialogue sur les rails.
Outre les relations indo-pakistanaises, un autre dossier
important a été frôlé lors des négociations bilatérales,
quand une figure du séparatisme au Cachemire indien, Syed
Ali Geelani, a appelé le président Barack Obama à intervenir
sur cette région disputée, jugeant qu’il aiderait ainsi à
éliminer le déficit de confiance entre les Etats-Unis et le
monde musulman. « Nous espérons que vous utiliserez toute
votre influence pour restaurer le droit à
l’autodétermination du peuple de l’Etat du
Jammu-et-Cachemire. Il ne peut y avoir de paix en Asie du
Sud sans une résolution sur la question du Cachemire », a
mis en garde Syed Ali Geelani. M. Obama avait d’ailleurs
provoqué la colère en Inde lorsqu’il avait suggéré, avant
d’arriver au pouvoir, une médiation des Etats-Unis au
Cachemire. C’est pourquoi il a tenu à affirmer lundi que son
pays ne pouvait pas imposer de solution concernant la région
disputée du Cachemire ou pour tout autre différend dans les
relations entre l’Inde et le Pakistan. En effet, cette
région himalayenne divisée entre l’Inde et le Pakistan a
provoqué deux des trois guerres que se sont menées ces deux
frères ennemis depuis leur indépendance concomitante en
1947. La partie indienne est en proie à une insurrection
séparatiste depuis 1989.
Il va sans dire que la visite de M. Obama en Inde va
améliorer les relations bilatérales. Mais déjà avant cette
visite, Washington et New Delhi se sont rapprochés et les
deux pays coopèrent notamment dans les domaines de la
sécurité et du commerce. Depuis 2008, l’Inde a accès à la
technologie nucléaire américaine. En contrepartie, le
sous-continent permet à la communauté internationale
l’inspection de ses installations nucléaires civiles.
Maha
Al-Cherbini