Fausse route
Dr Hicham Mourad
A
peine un mois après leur lancement, les négociations
palestino-israéliennes sont sur le point de s’effondrer en
raison du refus de Tel-Aviv de prolonger le moratoire sur le
gel partiel des constructions dans les colonies de
peuplement juif en Cisjordanie. Pour sauver le processus de
paix, les Etats-Unis, parrains des pourparlers, sont à la
recherche de la formule « magique » et « novatrice » qui
permettrait de maintenir le dialogue. Ils penseraient
pouvoir la trouver dans un engagement secret, et non public,
du premier ministre israélien Benyamin Netanyahu de ralentir
l’extension des colonies, ce qui encouragerait le président
palestinien, Mahmoud Abbass, à poursuivre les négociations,
comme si de rien n’était. Cette recherche américaine
effrénée d’une solution « verbale » à un problème « réel »
ne contribue sûrement pas à résoudre la crise, ni, encore
moins, à régler le fond du conflit qui oppose Palestiniens
aux Israéliens. Elle fait au contraire le jeu de ces
derniers, avides de terres palestiniennes.
La dernière tentative de Washington d’arracher une
concession de Netanyahu était de lui faire miroiter une
série de gratifications aussi surprenantes qu’exagérées
contre un prolongement du moratoire de seulement deux mois.
L’administration de Barack Obama serait ainsi prête à lui
offrir des assurances, concernant des questions allant de la
paix et la sécurité à la livraison d’armes. Washington
aurait promis que les Etats-Unis ne demanderaient pas à
Israël une nouvelle prolongation du moratoire à l’issue des
deux mois supplémentaires et qu’elle opposerait son veto à
toute résolution de l’Onu sur les négociations de paix
pendant un an. Les Etats-Unis auraient également accepté les
exigences d’Israël en matière de sécurité, notamment le
principe d’une période de transition dans la vallée du
Jourdain. Netanyahu insiste pour maintenir des troupes
israéliennes à l’Est de la frontière d’un futur Etat
palestinien, ce que les Palestiniens refusent. L’offre
américaine aurait consisté à ce qu’Israël, en cas d’accord
avec les Palestiniens, bénéficie d’une technologie militaire
américaine plus sophistiquée, notamment en matière d’avions
de combat, de systèmes de défense et d’accès aux systèmes de
surveillance par satellite.
De telles garanties auraient pour effet d’inciter Israël à
se conformer aux exigences de la communauté internationale,
ou au contraire de l’encourager à maintenir son
intransigeance ? Que se passera-t-il après l’expiration des
deux mois supplémentaires du moratoire, s’ils seront
effectivement acceptés par Netanyahu ? Qu’on ne se leurre
pas, les dispositions affichées par Netanyahu de parvenir à
la paix ne sont qu’une question de relations publiques
destinée à améliorer l’image d’Israël ternie par tant de
crimes, de violations des droits les plus élémentaires du
peuple palestinien et de refus de parvenir à une paix juste.
Et ce n’est sûrement pas par des moyens détournés, qui
esquivent les vrais problèmes, ou par des « cadeaux » que le
conflit vieux de plus de 60 ans sera résolu.