Al-Qaëda au Yémen
La
tentative d’attentat commise le jour de Noël par un
Nigérian dans un airbus de Delta Airlines a braqué les
projecteurs sur le rôle croissant d’Al-Qaëda au Yémen et
le rôle non moins grandissant de l’armée et des
renseignements américains dans ce contexte.
La
guerre civile et la faiblesse du plus démuni des Etats
du monde arabe en ont fait une alternative pour les
extrémistes islamistes traqués par les forces
occidentales en Afghanistan et par l’armée pakistanaise
dans les zones tribales frontalières. Les autorités
américaines, qui s’inquiètent de la présence de plus en
plus patente des adeptes d’Oussama bin Laden au Yémen,
fournissent une discrète assistance aux services de
renseignement et aux forces gouvernementales de ce pays.
Les Etats-Unis n’ont cessé d’augmenter leur aide
économique et militaire au Yémen ces dernières années
pour contrer Al-Qaëda et cette tendance devrait se
confirmer les prochaines années. Pour l’année fiscale
2010, l’assistance américaine au développement et à la
sécurité apportée au Yémen devrait grimper à 63 millions
de dollars, contre 40,3 millions en 2009, montant qui
n’inclut pas les missions secrètes confiées aux forces
spéciales américaines et à la CIA. Joseph Lieberman,
président de la Commission sénatoriale de la sécurité
intérieure, a fait dernièrement état d’une présence
américaine croissante au Yémen, où se trouveraient
notamment des membres des forces spéciales et des
services de renseignement.
Par
le biais de son assistance, Washington aide Sanaa à
former ses forces armées et à les équiper, en radios,
pièces détachées d’hélicoptères, camions et bateaux de
patrouille. Les deux pays collaborent aussi en matière
de renseignement et les Etats-Unis sont fortement
soupçonnés d’avoir récemment prêté main forte aux
Yéménites pour mener des raids aériens visant des bases
d’Al-Qaëda. Selon le New York Times, le Pentagone a
également envoyé ces derniers mois des forces spéciales
pour entraîner des militaires yéménites.
Le
fait que le gouvernement du Yémen ne contrôle pas tout
le territoire et qu’il n’a pas les moyens de fournir des
services de base à la population a fait de ce pays une
terre de prédilection pour Al-Qaëda. Le Yémen est de
longue date l’un des pays où la nébuleuse terroriste est
la mieux implantée. Depuis la fusion en 2009 des
branches saoudienne et yéménite, regroupées sous la
bannière d’Al-Qaëda dans la péninsule arabique, leurs
activités sont en hausse constante. Les Yéménites
constituaient en outre le groupe le plus nombreux dans
les camps d’entraînement afghans avant l’intervention
américaine de novembre 2001. Sur les 198 suspects
toujours détenus à Guantanamo, 91 sont des Yéménites, ce
qui en fait également la nationalité la plus représentée
sur la base américaine qui doit être démantelée
prochainement. Les négociations entamées en vue de leur
rapatriement piétinent du fait des craintes qu’ils
suscitent .