Al-Ahram Hebdo, Enquête | La mangrove pour préserver le bonheur
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 Semaine du 6 au 12 janvier 2010, numéro 800

 

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Enquête

Ile saadiyat . Etablir un équilibre entre un développement touristique ambitieux et la préservation des écosystèmes est l’équation difficile qui se réalise sur cette île d’Abou-Dhabi (Emirats), où le Musée du Louvre et les forêts des mangroves seront voisins. Reportage.

La mangrove pour préserver le bonheur

Il faut presque une demi-heure en voiture pour aller de l’Agence de l’environnement d’Abou-Dhabi à l’île Saadiyat ou, en français, Ile du bonheur. Cette île naturelle de 27 kilomètres carrés se trouve à 500 mètres de la côte d’Abou-Dhabi, la riche capitale fédérale des Emirats arabes unis. Du sable blanc s’étend à perte de vue. Des bulldozers et des ouvriers viennent animer la scène de cette île presque vide sauf d’une dizaine de gazelles et d’arbres de mangroves. L’île est aujourd’hui un chantier énorme. C’est le site qui, dans une décennie, sera une destination touristique internationale stratégique qui marquera une nouvelle ère dans l’évolution des Emirats, mais surtout d’Abou-Dhabi, connu comme le grand frère de Dubaï. Le projet d’aménagement de l’île Saadiyat qui comporte trois phases devrait être achevé à l’horizon 2020. Le plan directeur prévoit sept quartiers très distinctifs renfermant 29 hôtels, trois marinas avec des points d’amarrage combinés pour environ 1 000 bateaux et 4 musées : Musée maritime, Centre des arts vivants, Guggenheim et le Louvre, ainsi que deux parcours de golf, dont l’un sera le premier parcours des Emirats à porter la signature de Gary Player et le premier du Golfe d’Arabie à comporter des trous sur le front de mer. Sans passé glorieux, l’île Saadiyat aura sans doute un futur glorieux.

Une fois arrivé sur l’île, il est interdit de prendre des photos ! Seule l’Agence de l’environnement était autorisée à le faire.

En fait, les 30 kilomètres de littoral de Saadiyat comportaient de nombreuses caractéristiques écologiques dont la plus importante est les mangroves. La question principale était : le développement touristique ne menacera-t-il pas l’existence de ces végétations nécessaires pour maintenir l’équilibre écologique ?

La réponse est claire : « Quand on se trouve obligé d’arracher un arbre, on en plante deux à la place », assure Nasser Al-Shaiba, directeur des Affaires de l’environnement au sein de la TDIC (Tourism Development & Investment Company), compagnie gouvernementale chargée du développement touristique.

Pour que la solution d’Al-Shaiba soit possible, la TDIC, avec la coopération de l’Agence de l’environnement d’Abou-Dhabi et des experts, a mis en place une sorte de garderie pour abriter les bébés mangroves.

La garderie s’étend sur deux hectares, sur la côte Est de l’île Saadiyat. Des centaines de plants sont prêts pour être transplantés dans leurs milieux naturels sur l’autre rive, où maman Nature prendra soin d’eux.

« Nous essayons de reproduire les mangroves dans cet endroit afin de préserver la nature du site. Comme les humains, les petites mangroves ont besoin de beaucoup de soins pour devenir adultes », explique Najamuddin R. Vistro, spécialiste de mangroves auprès de Barari Forest Managment, consultant de l’Agence de l’environnement d’Abou-Dhabi.

Selon lui, jusqu’à présent, ils ont réussi à cultiver 750 000 plants durant les deux dernières années. Ce n’est que le début d’un plan ambitieux qui vise à reproduire et planter un total de 500 000 arbustes à l’horizon 2011.

Dans un coin de la garderie, des pots contenaient des plants de quelque 30 centimètres, âgés d’un an. Dans un autre coin, d’autres pots contenaient des semis de quelques mois, qu’on collecte à la main.

« Dans deux heures, le raz-de-marée aura submergé les plants, les graines et même les petits arbustes qu’on vient de planter sur l’autre rive. Les mangroves passent six heures sous l’eau et six autres à l’air », explique M. Vistro.

En fait, le plan de deux ans qui vise la reproduction de 500 000 plants avance beaucoup plus rapidement que prévu. Déjà, ils ont reproduit quelque 200 000 plants durant les trois derniers mois.

Sur l’autre rive qu’on ne peut atteindre qu’à travers le bateau, quelque 25 personnes étaient très occupées à mettre les plants dans les endroits naturels les plus favorables à leur vie, selon les experts.

En effet, la production en mangroves de la garderie de Saadiyat aide également à réhabiliter ces végétations dans d’autres endroits comme l’île de Ras Ghanada qui témoignera prochainement de la plantation de 6 000 plants.

Les mangroves, barrière contre le tsunami

En fait, le principe du développement durable est respecté sur le site du projet merveilleux de Saadiyat. Les responsables ont bien assimilé que pour gagner le tourisme, il ne faut pas perdre l’équilibre écologique. Quand on dit l’île Saadiyat, c’est tout de suite le sable et les mangroves qui viennent à la tête.

Pour ceux qui ne le savent pas, les mangroves sont des arbres qui se développent sur le littoral dans des zones calmes et peu profondes. Elles assurent une excellente protection contre l’érosion et même les tsunamis. De plus, les mangroves jouent un rôle important dans la fixation du carbone. Elles constituent des stabilisateurs efficaces pour certaines zones côtières fragiles et contribuent à la résilience écologique des écosystèmes après les cyclones et tsunamis et face aux effets du dérèglement climatique, incluant la montée des océans.

Les mangroves se trouvent dans 112 pays à travers le monde. Un taux de 43 % se trouve en Asie où les conditions de vie des mangroves sont les plus favorables au niveau de la température et de l’humidité. A cause de la température élevée et la sécheresse, le Moyen-Orient ne contient que 6 % de la quantité totale des mangroves dans le monde.

Aux Emirats arabes unis, les mangroves couvrent 40 km2 carrés dont plus de 65 % à Abou-Dhabi (quelque 25 km2).

« La seule espèce de mangrove qui vit actuellement dans la région est la mangrove grise ou Avecenia marina, car c’est la seule à supporter la température et le degré de salinité élevé dans la région », avoue Najamuddin Vistro.

Vu les menaces exercées des changements climatiques et la montée des eaux des mers, les responsables du projet de Saadiyat ont bien retenu la leçon.

« La surface totale couverte de mangroves sur l’île Saadiyat sera de 1,5 million de m2 », souligne Nasser Al-Shaiba.

Dans ce cas, reproduire et préserver la mangrove va au-delà du simple fait de maintenir l’équilibre écologique. Cela aidera à préserver les quelques milliards de dollars investis sur cette île qu’un tsunami pourra frapper un jour !.

Dalia Abdel-Salam

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