Al-Ahram Hebdo, Monde | Une opposition plus dure que jamais
  Président Abdel-Moneim Saïd
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 6 au 12 janvier 2010, numéro 800

 

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Iran . Le chef de l’opposition, Mir Hossein Moussavi, a exprimé cette semaine son intransigeance face aux menaces du régime, allant jusqu’à réclamer sa tête. Le régime a, de son côté, organisé des contre-manifestations pour se défendre.

Une opposition plus dure que jamais

Au moment où Téhéran risque de succomber à une nouvelle série de sanctions internationales à cause de son programme nucléaire suspect, les troubles post-électoraux, qui ont éclaté en juin, continuent de déchirer le pays. Malgré les menaces du pouvoir politique, religieux et judiciaire, l’opposition a continué cette semaine de défier le régime du président Ahmadinejad. A l’instar de la semaine écoulée, cette semaine aussi a témoigné de remous et de perturbations de la part des opposants du régime. Des manifestations anti-régime se sont déchaînées dans les quatre coins du pays et le principal adversaire du président lors des présidentielles de juin, Mir Hossein Moussavi, a paru plus « défiant » que jamais. Alors que les plus conservateurs réclament sa tête, le principal opposant iranien s’est dit prêt à mourir en « martyr », dénonçant les exécutions et les arrestations arbitraires ordonnées par le régime pendant les six derniers mois.

En effet, le neveu de Moussavi a été tué par balle lors de manifestations antigouvernementales la semaine dernière, ce qui constituait « une sorte de dernier avertissement » à Moussavi, selon les analystes. Inébranlable malgré toutes les menaces, Moussavi a lancé cette semaine l’une de ses déclarations les plus agressives depuis le début de la crise actuelle, promettant l’échec aux autorités si elles persistent à vouloir faire taire l’opposition via les arrestations, la violence et les menaces. « J’affirme clairement que l’ordre d’exécuter, assassiner et emprisonner les leaders de l’opposition ne résoudra pas le problème », a défié Moussavi. « Je n’ai pas peur d’être un des martyrs offerts par le peuple dans sa lutte pour des revendications justes. Tuer des manifestants ne fait que renforcer l’opposition », prévient-il, en reprenant les termes du défunt ayatollah Khomeiny lors de la Révolution islamique de 1979 : « Tuez-nous, nous n’en deviendrons que plus forts ».

Proposant au régime un plan de sortie de crise en cinq points, M. Moussavi a proposé cette semaine, d’abord, que le gouvernement accepte d’être responsable de ses actes devant le Parlement, le pouvoir judiciaire et la nation. Ensuite, qu’une loi soit adoptée pour obtenir des élections libres et équitables. La présidentielle de juin, qui a vu la victoire de M. Ahmadinejad, était entachée de fraudes aux yeux de Moussavi. Troisième point : la libération des prisonniers politiques et leur réhabilitation — plus de 500 ont été emprisonnés la semaine dernière. Quatrième point : la liberté de la presse et la réouverture des journaux fermés. Dernier point : reconnaître les droits des citoyens, notamment la validité de l’article 27 de la Constitution qui accorde la liberté de manifester.

Pourtant, le plan de Moussavi a été rejeté par les autorités et l’ayatollah conservateur Ahmad Jannati lui a immédiatement répondu que ces opposants resteraient emprisonnés car ce sont, selon lui, « des corrompus sur Terre », une accusation passible de la peine de mort. Samedi, le procureur général d’Iran avait également menacé les opposants de poursuites et de procès s’ils ne dénonçaient pas les manifestations antigouvernementales, alors que le numéro deux de l’appareil judiciaire, Ebrahim Raisi, a qualifié les manifestants de l’opposition d’« ennemis de Dieu » (mohareb), un crime passible de la peine de mort. Lors des manifestations antigouvernementales la semaine dernière (huit morts et des centaines d’arrestations), certains opposants ont déclenché la fureur des ultras du régime en osant pour la première fois scander des slogans hostiles à l’ayatollah Ali Khamenei, un tabou dans ce pays où le guide suprême est censé n’être redevable que devant Dieu. Pour les plus conservateurs, s’opposer à Khamenei revient donc à s’opposer à Dieu, d’où les appels à l’exécution de ces opposants.

Mettant en garde contre toute atteinte aux têtes de l’opposition, le fils du chef religieux dissident iranien Hossein Ali Montazeri, décédé le 19 décembre, a estimé dimanche que l’arrestation ou la disparition de Moussavi aurait des « conséquences catastrophiques » sur son pays. « J’espère encore que les gouvernants se montreront raisonnables, qu’ils accepteront un compromis pour emprunter la voie d’une réconciliation nationale », poursuit-il, ajoutant qu’Ahmadinejad doit en tout cas démissionner pour sauver le pays. Partageant la même vision, certains experts ont affirmé cette semaine que l’éventuelle arrestation des principaux leaders de l’opposition, Moussavi ou Mehdi Karoubi, risquerait, non pas d’étouffer la contestation, mais de l’enflammer encore plus, provoquant une dangereuse escalade de la violence. 

Slogans violents

Contre vents et marées, le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a estimé cette semaine que les manifestations anti-régime ont été instrumentalisées par les Occidentaux. « C’est un scénario commandé par les sionistes et les Américains. C’est un spectacle qui fait vomir, mais aussi bien ceux qui l’ont planifié que ceux qui ont participé à ce spectacle se trompent ». Le président iranien a également dénoncé les déclarations du président américain, Barack Obama, et du gouvernement britannique, critiquant la répression de ces manifestations. Dans ce même cadre, le ministre des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki, a durement critiqué la Grande-Bretagne, qu’il a accusée d’ingérence dans les affaires intérieures iraniennes. L’ambassadeur de Grande-Bretagne a été même convoqué au ministère des Affaires étrangères pour recevoir la protestation officielle de la République islamique contre les ingérences dans les affaires intérieures du pays.

Tout au long de la période post-électorale, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et la France ont durci le ton contre l’Iran. Selon la presse américaine, Washington prépare des sanctions contre certains éléments du gouvernement iranien impliqués dans la répression des manifestations. Même le président Nicolas Sarkozy a condamné « la répression sanglante » du régime et mis en garde contre des arrestations supplémentaires, qui aggraveraient encore la situation.

Pour répondre à toute cette vague de protestations internes et externes, le pouvoir a organisé cette semaine une série de contre-manifestations pour défendre le régime en danger. Gardiens de la révolution, écoles théologiques, administrations et grandes entreprises ou associations …, toutes les organisations contrôlées par le pouvoir ont été mobilisées pour cette contre-attaque gouvernementale. Des centaines de milliers de personnes, des millions selon les médias officiels, ont affiché dans de nombreuses villes leur soutien au président Ahmadinejad et au guide suprême Ali Khamenei. Les slogans scandés ont en revanche été parfois violents, allant jusqu’à réclamer la « pendaison » des figures de l’opposition. Aucun heurt avec l’opposition n’a été pourtant rapporté. Depuis la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad, en juin dernier, l’Iran traverse une période de troubles marquée par d’importantes manifestations. Tiraillé entre l’unité politique du pays qui se fissure et les pressions occidentales qui visent à stopper son programme nucléaire, le régime iranien risque de perdre l’équilibre.

Maha Al-Cherbini

 




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