Un,
deux ou trois Etats ?
Radwan Ziyada
Ecrivain syrien
Il
ne serait pas exagéré de dire que la cause palestinienne et
son avenir se trouve à un point crucial de son histoire. Et
il ne semble pas que l’élite palestinienne au pouvoir, que
ce soit le Hamas, le Fatah ou les autres factions, se pose
une question importante : Pourquoi la cause palestinienne
bénéficie-t-elle aujourd’hui d’un soutien croissant de la
part de la société civile et académique en Occident, et plus
particulièrement aux Etats-Unis et en Europe, alors que sur
ses propres territoires, elle connaît un recul flagrant
comme la guerre civile entre le Hamas et le Fatah,
engendrant de nombreuses victimes et une dissidence
politique ?
On peut dire que le
point de vue américain et européen reconnaît l’existence
d’un Etat palestinien capable de coexister aux cotés
d’Israël, ce qui signifie l’acceptation de la solution des 2
Etats. Et bien que le président Bush soit le premier
président américain à avoir annoncé ouvertement la nécessité
d’instaurer l’Etat palestinien, le président Obama, depuis
le premier jour de son mandat, a promis d’œuvrer pour
l’instauration de la paix au Proche-Orient et de faire du
projet de l’Etat palestinien une réalité. C’est ainsi qu’il
a immédiatement nommé Georges Mitchell pour prouver qu’il
tenait ses promesses faites pendant sa campagne électorale.
Et comme prévu, l’administration Obama a déployé plus
d’efforts afin de gérer le conflit et atténuer la violence,
dans l’espoir d’instaurer la paix dans l’avenir. Mais
l’administration d’Obama s’est trouvée confrontée à un
gouvernement israélien de droite, celui de Netanyahu. Un
fait qui a constitué un très mauvais signe, en particulier
avec la nomination de Lieberman au poste de ministre des
Affaires étrangères. Le gouvernement de Netanyahu a alors
refusé de reconnaître la solution des 2 Etats et les
tendances de l’administration américaine en ce qui concerne
la suspension de la colonisation pour s’engager dans les
négociations du statut final. C’est alors que le côté
israélien ainsi que nombreux analystes de droite aux
Etats-Unis ont commencé à parler de l’impossibilité
d’appliquer sur le terrain la solution des 2 Etats en raison
de l’effritement de l’Etat hébreu alors que certaines
colonies occupent de nombreuses régions en Cisjordanie. Or,
même si l’administration américaine néglige ces voix et
pratique davantage de pressions sur Israël pour qu’il
accepte la solution des 2 Etats, cette solution
semble-t-elle réaliste et applicable sur le terrain
palestinien, alors même que le conflit entre le Hamas et le
Fatah n’a pas encore pris fin ? La mission de Mitchell est
difficile, voire impossible, en raison de nombreux obstacles
internes difficiles à éliminer. Et comme il est connu dans
les méthodes de règlement des litiges dans les relations
internationales, le premier et le plus important pas pour
parvenir à un règlement, c’est que les parties en litige
annoncent leur aptitude et leur volonté de parvenir à une
solution. C’est pour cela qu’aux Etats-Unis, l’on commence à
parler de la solution des 3 Etats, c’est-à-dire Israël, un
Etat palestinien en Cisjordanie et un troisième sous la
direction de Hamas à Gaza.
Allons-nous parcourir
avec Obama les 4 années de son mandat comme nous l’avons
déjà fait avec les précédentes administrations américaines ?
Je crains que la réponse soit positive, surtout en l’absence
totale de signe du côté israélien annonçant sa volonté de
parvenir à la paix et avec l’échec des négociations autour
du gouvernement d’union nationale entre le Hamas et le
Fatah. Nous devons donc penser à un moyen de réaliser un
progrès en faisant d’un côté pression sur Israël, en
comptant sur une politique américano-européenne qui mettrait
le côté israélien face à un défi réel qui est l’acceptation
d’un Etat palestinien. Et, en même temps, convaincre les
parties palestiniennes que personne ne peut les aider à
créer leur propre Etat s’ils ne s’aident pas eux-mêmes à
régler les conflits internes qui ne peuvent en aucun cas
servir la cause palestinienne. Nous pouvons dire que les
horizons de la paix palestino-israélienne dépendent d’un
climat international régional.
En effet, la réalisation
d’un climat de paix basé sur des efforts américains en
particulier, puis des efforts européens et arabes. La
question est compliquée : les Palestiniens doivent
convaincre les Etats-Unis de leur volonté d’instaurer la
paix et convaincre Israël que cette paix est dans son
intérêt.
Les 2 côtés, palestinien
et israélien, se sont engagés dans des négociations
difficiles pendant plus de 10 ans, en particulier durant le
mandat du président Clinton. Et il est erroné de dire
qu’elles n’ont abouti à rien. Il est vrai qu’un accord final
de paix n’a pas encore été conclu, mais ces négociations ont
posé les grandes lignes de l’accord et ont, en même temps,
réglé de nombreux détails. Désormais, la situation est
claire pour les 2 côtés et il reste à chacun de prendre la
décision politique d’accepter les réclamations de l’autre
afin de parvenir à la signature finale de l’accord de paix.
Il est surtout question de faire pression sur Israël pour
qu’il réagisse au refus palestinien de la politique du fait
accompli qui consiste surtout à modifier la réalité
géographique et démographique à Gaza et en Cisjordanie l