Diverses scènes et une seule cause
Abdel-Moneim Saïd
Ceux
qui lancent les attaques médiatiques et politiques à propos
des installations et des points de défense égyptiens à la
frontière avec Gaza ne répondent jamais aux questions qui
s’imposent : y a-t-il eu une contrebande via l’Egypte
d’armes et d’explosifs à travers les tunnels ? Des Egyptiens
ont-il traversé ces tunnels et ont-ils été formés par
l’intermédiaire d’organisations « islamistes »
palestiniennes à l’intérieur de la bande de Gaza et ont par
la suite perpétré des attaques terroristes dans le Sinaï ? Y
a-t-il eu ou non des attaques terroristes dans le Sinaï ?
Hassan Nassrallah, chef du Hezbollah libanais, a-t-il
reconnu ou non avoir instauré un réseau militaire en Egypte
assurant le trafic d’armes à travers ces tunnels et l’Egypte
? Les territoires égyptiens ont-ils été envahis par des
Gazaouïs en détruisant le mur existant entre les frontières
entre l’Egypte et Gaza ?
Tout
ceci cause-t-il des dégâts politiques et économiques à
l’Egypte sur les niveaux local et international ? Le trafic
des armes via ces tunnels expose-t-il l’accord de paix
égypto-israélien au danger et met-il en avant l’éventuel
retour du conflit armé avec Israël sans prendre en
considération l’avis de l’Etat et le peuple égyptiens ?
Est-il possible de respecter un Etat qui perd son contrôle
sur ses frontières ? Les réseaux de trafic vers Gaza
sont-ils connectés ou non avec des réseaux internationaux
terroristes diffusés tout le long de la mer Rouge, de la
Somalie au Yémen ? Ceci ne constitue-t-il pas, selon toute
vraisemblance, une menace à la sécurité nationale ?
De
nombreuses questions qui demeurent sans réponses auprès des
« néo-Egyptiens » s’opposant à la sagesse égyptienne
historique qui prône le soutien de n’importe quelle personne
victime d’injustice, qu’elle soit arabe, musulmane ou
africaine, sauf si l’un d’eux réagit à l’encontre de la
sécurité égyptienne d’une manière directe et franche. Dans
ce cas là, il n’y a pas une menace qui annule l’autre.
L’existence d’Israël, sa possession de centaines de têtes
nucléaires, son occupation des territoires arabes et sa
diffusion de toutes les formes d’instabilité dans la région
ne doit pas amener l’Egypte à fermer les yeux sur la
sécurité de ses frontières, que ce soit celle la séparant
avec Gaza ou bien sa sécurité hydraulique avec les pays du
Bassin du Nil. Toutes ces menaces n’existent dans aucun
autre pays. Le problème de ceux qui veulent considérer
Israël comme une justification et une couverture pour
l’acceptation d’autres formes de menaces effectives et
directes à la sécurité égyptienne émane du fait qu’ils ne
croient pas du tout à l’idée de l’Etat en général, et de
l’Etat égyptien en particulier. Ces groupes n’ont aucun
problème à mettre la volonté de l’Etat, sa décision
politique, sa guerre et sa paix entre les mains d’autres
Etats et groupes.
Tout ce
que je viens de mentionner n’est pas une motion présentée
contre l’Etat ou le gouvernement, mais elle est adressée à
l’opinion publique égyptienne et surtout une tranche de son
intelligentsia qui veut entraîner l’Egypte vers le même sort
qu’ont connu d’autres pays de la région. Mais heureusement
pour nous et malheureusement pour d’autres pays arabes et
musulmans frères, nous avons vécu une longue expérience, de
l’extrémisme à la modération, qui nous amène à voir les
catastrophes qui peuvent résulter de l’établissement des
Etats théocratiques. Ces derniers n’ont ni frontières, ni
débuts ni fins, ni bases ni fondements mais reposent sur un
large tas d’idées qui entraînent ses adeptes et leurs
disciples vers l’anéantissement certain. Ce scénario a eu
lieu au Soudan, comme en Somalie, au Liban, en Iran, en
Iraq, en Afghanistan et au Pakistan. Il se répète
aujourd’hui à une vitesse effrayante au Yémen et envenime
les climats en Algérie, en Egypte, en Libye et dans d’autres
pays. Il est question de disloquer l’Etat de l’intérieur à
travers le confessionnalisme, le refus de la citoyenneté et
l’appel franc ou caché à la discrimination. Ensuite, l’Etat
est entraîné vers un autre conflit extérieur d’un autre
genre qui serait à l’origine de sa destruction en le
transformant d’un pays œuvrant au développement et au
progrès en un Etat décadent contrôlé par des groupes de
pression présumés ou réels.
Donc,
l’affaire va au-delà de la question de Gaza. La question des
tunnels, voire toute la question palestinienne, a été
instrumentalisée pour servir de prétexte afin de faire
pression sur l’Etat égyptien et un moyen pour envenimer la
situation en Egypte d’une manière ou d’une autre. Il s’agit
là d’une motion que j’adresse à l’opinion publique pour la
mettre en garde contre un danger menaçant l’existence même
de l’Etat égyptien. Et ceci lorsque les branches ou les
sources du mouvement idéologique Hamas deviennent des outils
de propagande en vue de saper la nature civile de l’Etat.
Les événements de Nag Hamadi comportent certes des aspects
pénaux mais du point de l’essence, ils font partie d’un
phénomène répété reposant sur le principe de porter atteinte
au principe de citoyenneté et d’égalité entre les Egyptiens.
Un principe qui s’est frayé un chemin vers une bande de
criminels qui était dans le passé une partie de la culture
d’un groupe d’extrémistes qui ont basculé dans le terrorisme
et ont ciblé des Egyptiens, toutes religions confondues.
Entre ces deux genres de groupes, nous avons également
d’autres sortes de poisons qui se trouvent çà et là dans la
société alimentée par une élite d’écrivains et
d’intellectuels qui ne portent pas l’habit des Frères mais
qui, en revanche, diffusent avec éloquence et admiration
leur pensée. Ces mêmes personnes ferment les yeux sur
l’impact qu’a eu la diffusion de cette pensée entre les
musulmans de par le monde et ignorent de la même manière
l’état positif dans lequel vivent des musulmans sous
l’ombrelle d’Etats civils comme en Indonésie, en Inde, en
Turquie et en Malaisie.
En
réalité, de nombreux événements qui se déroulent en Egypte à
l’heure actuelle sont intrinsèquement liés, à un moment où
les théâtres des événements se diversifient, même si la
cause en est une seule essentielle l