Al-Ahram Hebdo,Arts | La parenthèse danoise
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 Semaine du 20 au 26 janvier 2010, numéro 802

 

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Arts

Cinéma . Dix films représentant l’authentique du courant Dogme 95 sont projetés à la Bibliothèque d’Alexandrie, jusqu’au 21 janvier, à l’occasion du 15e anniversaire de ce code cinématographique purement danois.

La parenthèse danoise

Le courant Dogme 95 fait la fête. C’est son 15e anniversaire célébré partout dans le monde, en Egypte aussi, puisque la Bibliothèque d’Alexandrie consacre cette semaine un panorama de films Dogme 95, fêtant un courant qui n’a cessé depuis sa naissance de soulever des débats.

« Dogme 95 est l’un des courants cinématographiques les plus importants du cinéma occidental, il vient de présenter des films, différents en leurs style et technique, dignes d’être analysés et étudiés par les cinéphiles, d’où vient l’idée de ce panorama », souligne le critique Samir Farid, responsable des activités cinématographiques à la Bibliothèque d’Alexandrie.

Dix longs métrages ainsi qu’une table ronde autour du manifeste Dogme 95 sont au programme de cette manifestation, organisée en collaboration avec l’ambassade du Danemark au Caire.

« Cette sélection de films inédits en Egypte, et dont plusieurs ont été primés dans les grands festivals internationaux, permet d’apporter un éclairage particulier sur les talents émergents des réalisateurs fondateurs de ce courant », ajoute Farid.

Le cofondateur du courant n’est que le réalisateur danois Thomas Vinterberg qui a inauguré la manifestation par son chef-d’œuvre dogme, Festen (fête de famille). Ce premier long métrage du cinéaste, basé sur les règles du manifeste Dogme 95, a remporté des prix dans le monde entier, dont le Prix spécial du jury à Cannes en 1998.

Ce film, qui a révélé l’esthétique Dogme au monde entier, est le premier à avoir reçu le sceau d’authenticité du groupe. Croisement surprenant entre le cinéma de Lars Von Trier et Ingmar Bergman, cette œuvre, plus qu’une curiosité esthétique et un voyage intellectuel, est un véritable film d’auteur, qui peut déranger par sa critique de la société occidentale assez amère.

Le sujet du film — l’inceste — est traité sous toutes ses coutures, révélateur des contradictions, de mensonges et de l’incroyable hypocrisie d’une belle société qui cache sous son beau vernis distingué une grande horreur. L’image, qui applique à la lettre le vœu de chasteté exigé par le courant Dogme, n’est pas tendre envers le spectateur : caméra nerveuse, sautillante, souvent frénétique et épuisante, au style amateur — volontairement — et même très travaillé, aucun éclairage artificiel, image souvent floue comme résultat du transfert de l’image vidéo au format 35 mm et finalement un cadrage instable sinon incohérent.

Conséquence esthétique et dramatique ? Une atmosphère unique et une énergie incroyable, ajoutées à une interprétation fort expressive et une image anarchique pleine d’authenticité avec une charge surtout impitoyable contre la figure paternelle. Une œuvre qui présente la raison des artisans du Dogme 95 : de la contrainte naît la créativité et l’authenticité.

Etant donné que les trois premiers films réalisés suivant les principes du Dogme 95 commençant par Festen de Thomas Vinterberg étaient Idioterne (Les Idiots) de Lars Von Trier et Mifune de Soren Kragh-Jacobsen, ces deux dernières œuvres, toujours danoises, ont été sélectionnées pour faire le public égyptien suivre la naissance et la confirmation de ce code cinématographique.

Le second film dans la deuxième trilogie de Lars Von Trier, nommée Heart of gold trilogy (cœur de la trilogie d’or), comprenant Breaking the waves en 1996, Dancer in the dark en 2000, Les Idiots, présenté en 1998, est tourné à la manière d’un documentaire. Il retrace l’histoire d’un groupe d’individus ayant décidé de vivre en marge de la société capitaliste et de laisser libre cours à ce qu’ils nomment leur « idiot intérieur ». Ils passent ainsi leurs journées à se comporter comme des malades mentaux, dans leur jardin ou encore dans des lieux publics. Une femme qui vient de perdre son enfant rencontre ces idiots et décide peu à peu de partager leur quotidien. C’est par le regard de cette femme que le spectateur entre dans le groupe.

L’image est brute et sans concession et les acteurs sont filmés à bout de portée par une caméra perpétuellement en mouvement. Bref, aucun travail n’est effectué ni sur l’image ni sur le son et le film est livré en somme au spectateur tel quel, moins comme une œuvre que comme un témoignage.

Parmi les œuvres présentées lors de cette manifestation, citons également le cinquième film danois du mouvement, le long métrage Italian for Beginners (Italien pour les débutants) signé Lone Scherfig qui aborde un thème romantique, l’amour. Toutefois, le film a pour cadre un village danois et comme le veulent les règles du Dogme, le film est tourné en intégralité sur les lieux originaux de l’action, sans effets de lumière et sans musique de fond. Six cœurs solitaires aux alentours de la trentaine sont à la recherche du bonheur, chacun d’entre eux traînant avec lui son réserve d’épreuves et de malheurs. Pourtant, rien ou presque dans les trente premières minutes du film ne présage que le bonheur pourrait surgir au détour du chemin.

Bref, dix films, dix points de vue et un seul courant prêchant le retour aux origines d’une industrie, basée sur l’art de la beauté .

Yasser Moheb

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Qu’est-ce que
 le Dogme
95 ?

Le Dogme 95 est une charte écrite en 1995 par quatre cinéastes danois (dont Lars Von Trier) pour contrer le cinéma hollywoodien, le cosmétique, les illusions, la prévisibilité dramatique et renouveler en profondeur le cinéma. Il a été proclamé officiellement et publiquement le 20 mars 1995 au Théâtre de l’Odéon à Paris, lors d’une rencontre sur le centenaire du cinéma.

Dix ans plus tard, jour pour jour, le 20 mars 2005, Lars Von Trier et Thomas Vinterberg annoncent qu’ils ne veulent plus porter la responsabilité de l’orthodoxie du Dogme après des essais de certains cinéastes déformant le code.

Le vœu de chasteté danois consistait en dix règles : le tournage doit être fait sur place sans accessoires ni décors amenés, le son ne doit jamais être réalisé en dehors des images et inversement, la caméra doit être portée à la main : tout mouvement, ou non-mouvement possible avec la main est autorisé et le film doit être en couleurs et aucun éclairage spécial n’est acceptable. De même, tout traitement optique ou filtre est interdit et le film ne doit pas contenir d’action de façon superficielle.

Ces règles de Dogme exigent également que les détournements temporels et géographiques soient interdits, les films de genre ne sont pas acceptables, le format final du film doit être le format académique, 35 mm, après un tournage en 16 mm.

Bref, l’idée générale était de créer un film nu de tout effet

 

 




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