Hantise d’une guerre civile
Le Soudan, plus grand pays
d’Afrique gorgé de ressources pétrolières, pourrait
imploser dans un an à l’issue d’un référendum-clé sur la
sécession du sud du pays qui vit toujours dans la
crainte d’un retour à la guerre civile.
Un accord de paix avait mis
fin en janvier 2005 à deux décennies d’une guerre civile
à l’origine de deux millions de morts entre le Nord,
majoritairement musulman, et le Sud, en grande partie
chrétien. Or, cinq ans presque jour pour jour après la
fin de cette guerre sanguinaire, les relations demeurent
tendues entre le Nord et le Sud, endeuillés par une
vague de violences entre tribus rivales. Des combats
entre des membres des tribus Dinka et Nuer ont fait au
moins 140 morts depuis le début de l’année 2010. Les
combats entre tribus rivales — souvent motivées par des
luttes pour le bétail ou alimentées par un sentiment de
vengeance — ont monté en flèche en 2009 au Sud-Soudan.
Durant cette dernière année, environ 2 500 personnes
sont mortes et 350 000 ont été déplacées en raison des
combats dans cette région.
L’accord de paix Nord-Sud
prévoit la tenue, en avril prochain, des premières
élections multipartites depuis 1986 et un référendum en
janvier 2011 sur l’indépendance du Sud-Soudan, deux
événements qui pourraient fournir le prétexte à de
nouvelles flambées de violence.
Le Parlement soudanais a
adopté, fin décembre, une nouvelle loi encadrant la
tenue en janvier 2011 du référendum sur l’indépendance
du Soudan, qui sera reconnue si une majorité simple (50
% + une voix) vote « oui » à la sécession, avec une
participation de 60 % des électeurs inscrits. Mais avant
un référendum, le Nord et le Sud doivent s’entendre sur
des questions cruciales comme le statut des Sudistes
vivant au Nord, la répartition de la dette nationale et
la démarcation des frontières. Une grande partie de
réserves pétrolières soudanaises — estimée au total à
quelque six milliards de barils — est située à la
lisière entre le Nord et le Sud du pays. Les royalties
sur le pétrole comptent pour 60 % des revenus du
gouvernement de Khartoum et 98 % des recettes du
gouvernement semi-autonome du Sud.
Des hommes politiques
soudanais envisagent une séparation à l’amiable entre le
Nord et le Sud si l’option indépendantiste remportait le
référendum. Mais le spectre d’une guerre civile hante
toujours les esprits dans un pays qui panse encore ses
plaies du conflit Nord-Sud et qui est le théâtre, depuis
2003, d’une guerre civile dans la région occidentale du
Darfour.