Quand le fondamentalisme pénètre l’Etat
Abdel-Moneim Saïd
Al-Aqsa, 40 ans après
Ahmed Y.Al-Qareï
Politologue
Crise d’identité et universités privées
Farouq Goweida
L’Etat de fait accompli !
Massoud Al-Héfnawi
Edito
Les calculs d’Al-Maliki
Le premier ministre iraqien, Nouri
Al-Maliki, qui a refusé de reconduire son alliance avec les partis chiites pour
s’unir avec des sunnites et des chefs tribaux, joue très gros mais peut
empocher la mise lors des législatives de janvier prochain. Pour gagner, Maliki
compte, à tort ou à raison, sur sa force et sur la dynamique qu’il a initiée,
tandis que les autres misent sur son échec. Le principal pari de la nouvelle
coalition chiite est de le contenir puis de l’affaiblir. Elle mise davantage
sur son échec, notamment sur le plan de la sécurité, plutôt qu’à initier sa
propre stratégie.
Tout l’éventail chiite, depuis le
Conseil Suprême Islamique de l’Iraq (CSII), proche de l’Iran, jusqu’aux
partisans du chef radical Moqtada Al-Sadr, a annoncé le 24 août son
regroupement au sein de l’Alliance Nationale Iraqienne (ANI). Seul le Daawa du
premier ministre était absent.
Fort de sa victoire aux élections
provinciales de janvier 2009, Maliki exigeait, pour participer à cette
coalition, davantage de sièges au Parlement que les 25 sur les 128 (l’Assemblée
iraqienne comptant 275 députés) remportés par l’alliance en 2005. Plus
important : Maliki exigeait la garantie de conserver le poste de premier
ministre en cas de nouvelle victoire de la coalition. Le CSII, les partisans de
Moqtada Al-Sadr de même que le petit Parti de la vertu (fadila) ont tous rejeté
cette condition. Dans sa volonté de demeurer l’homme fort de l’Iraq, Nouri
Al-Maliki est décidé à faire cavalier seul pour les élections générales.
Maliki ne croit pas que son avenir
politique soit compromis même s’il a subi des revers sérieux sur le plan de la
sécurité. Un récent double attentat au camion piégé visant les ministères des
Affaires étrangères et des Finances a entraîné la mort de 95 personnes, alors
que 600 autres ont été blessées. Les attaques sanglantes qualifiées par un
journal local de « 11 septembre iraqien » ont écorné l’image du premier
ministre qui veut accréditer l’idée qu’il est l’homme ayant sorti son pays du
chaos dans lequel il était plongé après l’invasion conduite par les Etats-Unis
en 2003.
Le premier ministre pense
représenter une dynamique de rassemblement alors que les autres sont divisés.
Le chef du conseil des Sahwa (réveil) de la province très agitée d’Al-Anbar,
des sunnites insurgés ayant rejoint la lutte anti-Qaëda, a d’ores et déjà
annoncé qu’il rejoignait la liste de Maliki.
L’objectif de Maliki est de
marginaliser ses rivaux chiites, de gagner les chefs tribaux sunnites,
d’appuyer les parties arabes face aux Kurdes à Kirkouk et à Mossoul et de
convaincre les Américains qu’il est le seul homme d’Etat crédible. Cependant,
malgré la faiblesse relative des deux principales composantes de l’Ani, le
Mouvement sadriste et le CSII, après le décès jeudi dernier de son chef,
Abdel-Aziz Al-Hakim, l’image du premier ministre a beaucoup souffert de la
récente détérioration de la sécurité. En outre, la position de Maliki est
délicate avec les Kurdes et beaucoup de sunnites ne lui font pas confiance. En
effet, dans le scrutin proportionnel iraqien, il ne suffit pas d’arriver en
tête, il faut se trouver des alliés pour devenir premier ministre. Or, ses
relations vont s’aigrir avec la coalition chiite, les sunnites du Parti
islamique n’apprécient pas qu’il vienne chasser sur ses terres et les partis
kurdes voient en lui un obstacle à leur expansion. Mais, si M. Maliki parvient
à cimenter une alliance de chefs tribaux sunnites, d’indépendants et de laïcs,
il peut avoir une chance de l’emporter.