Al-Ahram Hebdo,Invité | Mohamed benaïssa,  La coopération Sud-Sud est fondamentale, surtout pour l’Afrique »
  Président Abdel-Moneim Saïd
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 2 au 8 septembre 2009, numéro 782

 

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Invité

Mohamed benaïssa, secrétaire général de la Fondation du Forum d’Assilah et ex-ministre marocain des Affaires étrangères et de la Culture, évoque la 31e édition du Festival culturel international d’Assilah qui s’est tenu le mois dernier au Maroc.

« La coopération Sud-Sud
est fondamentale, surtout pour l’Afrique »

Al-ahram hebdo : La dernière édition du Festival culturel d’Assilah a mis l’accent sur le dialogue des civilisations. Quelle conclusion tirez-vous des discussions sur ce thème ?

Mohamed Benaïssa : Je crois qu’Assilah a été le premier espace pour le dialogue des cultures et sa continuité. Tous les courants intellectuels y étaient présents. Le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, a déclaré que le Festival d’Assilah est devenu le Davos culturel, en allusion au Forum de Davos sur les questions économiques.

Le premier colloque tenu au Festival était un vrai succès. Il traitait de la coopération arabo-africo-ibéro-latino américaine. Y ont participé des représentants des gouvernements et de la société civile de divers pays, tels l’Espagne, le Portugal, l’Egypte, le Liban, la Syrie, le Brésil, l’Argentine, la Colombie, le Mexique, les pays du Golfe et des pays africains. A Assilah, les officiels et les intellectuels dialoguent, se parlent et apprennent à se découvrir. Chacun peut évoquer librement ses pensées. Et c’est ainsi que les idées avancent.

Pour finir, je dirais Qu’Assilah tient sa place dans le monde de la culture grâce à son succès et sa maturité. Il est devenu le lieu de grandes rencontres intellectuelles, politiques et sociales entre les représentants gouvernementaux et les citoyens des différents pays participants, en tête desquels naturellement le monde arabe.

Assilah est devenu le lieu de rencontres de présidents, de premiers ministres, de présidents de Parlement, d’intellectuels de toutes tendances, hommes et femmes. Le Festival joue aujourd’hui un rôle majeur dans la coopération Sud-Sud. Nous avons commencé le Forum arabo-africain en 1981 sous la houlette de l’ancien président sénégalais Léopold Sédar Senghor et le prince Hassan de Jordanie. Cette année, 2009, nous avons élargi le Forum pour devenir celui du dialogue arabo-afro-ibéro-latino-américain. Nous l’avons ainsi étendu à l’Amérique latine, et nous espérons l’ouvrir les années prochaines en Asie.

– Quel intérêt revêt la coopération Sud-Sud ?

– La coopération Sud-Sud est quelque chose de fondamental, surtout en ce qui concerne l’Afrique. J’ai la ferme croyance que la véritable sécurité des pays arabes, que se soit la sécurité stratégique, économique ou culturelle, réside dans nos pays du Sud et non dans ceux du Nord. Je suis persuadé que l’Afrique sera à l’avant-garde de l’avance des civilisations. Et c’est dans ce sens-là qu’Assilah est devenu incontournable, car son Festival accueille tous les courants de pensée, toutes les idées, toutes les idéologies, tous les intellectuels.

– Le parcours du Festival d’Assilah était long et semé d’embûches puisqu’il s’agit, en fin de compte, d’un exercice de la liberté d’expression. Comment en êtes-vous arrivés là ?

– Nous avons commencé en 1973 avec plusieurs objectifs et nous avons affronté plusieurs défis. Le premier était celui de la ville d’Assilah qui était en état lamentable du point de vue de l’infrastructure de base, des conditions de vie et des services sociaux.

Le second défi était celui d’assurer une continuité culturelle arabe et surtout d’instaurer un dialogue entre le Nord et le Sud. A la fin des années 1970, nous vivions la guerre froide, les conflits étaient foisonnants dans le monde arabe entre la droite et la gauche, les nationalistes et les baasistes, entre les capitalistes et les socialistes ou communistes. Il y avait une sorte de rupture culturelle et intellectuelle entre les idées, les idéologies et les personnes qui les représentent. Au Maroc en particulier, nous avions beaucoup de problèmes liés à la démocratie et l’ouverture à l’autre. Quand nous avons commencé nos activités, nous sommes partis du principe qu’il fallait nouer le dialogue avec le Nord, mais de ne pas suivre uniquement la voie tracée par ce Nord. A la fin des années 1970 et au début des années 1980, il y avait la création de plusieurs manifestations culturelles dans le monde arabe, comme Carthage en Tunisie et Baalbek au Liban. Ces deux festivals se concentrent essentiellement sur les arts et le spectacle. Nous avons alors dit pourquoi ne pas créer un Forum où l’on peut dialoguer et se connaître. Alors, nous avons décidé de créer, dans cette simple petite ville d’Assilah (nord du Maroc) qui donne sur l’Atlantique, ce moussem (saison) culturel loin des grands hôtels et des chambres climatisées, et de faire venir des gens du Nord pour qu’ils traitent avec nous, à notre manière et comme nous sommes, et non selon leur vision à eux. C’était en 1978, lorsque nous avons créé une association non-gouvernementale, l’Océan, qui est devenue ensuite l’Organisation du Forum d’Assilah, une ONG à but non lucratif.

Nous avons eu tout de même des problèmes avec la gauche et la droite, y compris avec la police et le ministère de l’Intérieur. Il s’agissait des questions liées à la démocratie et à la liberté d’expression. Mais ce fut l’intervention de Sa Majesté le roi Hassan II qui nous a protégés, ainsi que celle du prince héritier de l’époque, l’actuel souverain Mohamad VI qui, depuis l’âge de 17 ans, était le président d’honneur du Festival. Depuis, il patronne nos activités. Chaque année, Sa Majesté le roi Mohamad VI, envoie un message au Festival d’Assilah, où il émet l’espoir que le Forum reste un espace de créativité intellectuelle et politique dans notre région.

Le troisième défi était de mettre la culture et la création au service du développement. Quand nous avons lancé ce slogan, beaucoup se sont moqués de nous. Nous avons commencé en 1978 en invitant un groupe de peintres marocains et nous leur avons demandé de poser leurs créations sur les murs d’Assilah. Le défi était de voir les habitants de la ville se réveiller alors que les peintres étaient en train de peindre les murs des maisons. L’idée était d’embellir la ville. Nous avons également fait participer les enfants de la ville, sous la supervision des artistes, à cette entreprise. Cette expérience a secoué les médias marocains et une partie des médias étrangers. Le but était de faire sentir aux habitants d’Assilah une qualité de vie meilleure, non seulement sur le plan de l’esthétique et de la beauté, mais aussi dans le cadre de l’environnement.

Nous avons relevé ces trois défis. Assilah n’est plus cette petite ville négligée. Elle est pleine aujourd’hui de vitalité économique et sociale.

– Quelle est la position du Maroc vis-à-vis de la candidature du ministre égyptien de la Culture Farouk Hosni au poste de directeur général de l’Unesco ?

– Le ministre de la Culture Farouk Hosni est un grand ami et collègue. Son impact en tant que ministre de la Culture en Egypte est énorme. Il a fait de grandes innovations dans tous les domaines de la culture et du patrimoine égyptiens. Le Maroc soutient fermement sa candidature et nous suivrons de près les élections. Nous lui souhaitons ardemment le succès.

Propos recueillis par Aïcha Abdel-Ghaffar

 




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