Justice . La femme d’affaires Hoda
Abdel-Moneim a été arrêtée vendredi à l’aéroport du
Caire, après 22 ans de fuite à l’étranger.
Elle avait été condamnée par contumace pour fraude et usage de faux et était poursuivie pour des prêts non remboursés.
La réapparition de la femme de fer
Elle est
surnommée la « dame de fer
», et elle a fait couler
beaucoup d’encre il y a 22 ans, elle avait
pris la fuite suite à une série
de procès pour prêts non remboursés et pour fraudes qui ont abouti à
des peines cumulées de 64 ans de prison. Et là voilà de retour volontairement.
Hoda Abdel-Moneim, 62 ans, a été arrêtée vendredi
à l’aéroport du Caire, immédiatement
après son arrivée de Grèce,
où elle s’était
enfuie depuis 1986 malgré une interdiction de sortie
du territoire à l’époque. L’engrenage
juridique a vite été déclenché et elle a comparu dimanche devant un tribunal du Caire. Le juge
a décidé de la maintenir en
détention en attendant l’examen
de son affaire devant la Cour
d’appel.
Hoda Abdel-Moneim avait, dans les années 1980, créé une société
d’investissement Hedico Misr. Aussitôt après, les plaintes contre elle, par des particuliers, se sont multipliées. Ceux-ci lui auraient
versé des sommes pour des biens dont ils
n’avaient jamais pris possession. Abdel-Moneim était également poursuivie pour des prêts non remboursés par plusieurs banques comme Banque
Misr, Canal de Suez, entre autres.
Préparant sa fuite, elle
avait changé de nom, usurpant l’identité de l’épouse du gardien
de l’immeuble où elle vivait. Une
fois en Grèce, elle se serait convertie au christianisme pour mieux s’intégrer dans son pays d’exil.
En raison des circonstances
mystérieuses qui ont entouré l’évasion de Abdel-Moneim, la presse avait avancé l’hypothèse
de l’implication de hauts responsables politiques dans cette affaire, ceux-ci lui ayant
facilité le départ. Abdel-Moneim était connue pour son important réseau
de connaissances dans les sphères politiques.
Son avocat,
Ragaï Attiya, estime la décision de la garder en détention, malgré son retour volontaire, comme injuste. « Le tribunal peut prendre son temps pour étudier le
procès, mais il n’y a pas de raison de la garder en détention », affirme-t-il. Il explique que les verdicts prononcés en faveur de sa cliente
devraient permettre à celle-ci d’être mise en liberté. Il souligne notamment deux décisions de la justice égyptienne, la première en 1997 qui a levé
l’interdiction de voyager à
laquelle Abdel-Moneim était soumise et la deuxième en 1998 qui a annulé une décision préalable
de placer ses biens sous séquestre. Toujours selon Attiya, ces décisions
favorables s’expliquent par
le fait que sa cliente avait déjà remboursé tous les crédits et s’était acquittée de ses impôts. Selon l’avocat,
elle a quitté l’Egypte parce qu’elle est accusée
de falsification de documents. « Lorsqu’elle a été condamnée en 2000, elle a été accusée
seulement de fraude, le problème des crédits était déjà réglé avant son départ », assure Attiya.
Abdel-Moneim a eu recours à
la falsification de documents pour prouver des propriétés illusoires afin de pouvoir cumuler les crédits.
Des sources ont
déclaré que Abdel-Moneim serait revenue en Egypte dans le cadre des récents efforts du gouvernement pour régler les litiges financiers avec les hommes
d’affaires qui avaient fui le pays dans des circonstances plus ou moins similaires. Selon d’autres sources, elle était rentrée
à la suite du décès récent de sa mère. Son avocat
est resté muet quant aux raisons qui ont poussé sa cliente
à faire cette démarche après plus de deux décennies de fuite. Hoda Abdel-Moneim a déclaré, quant à elle, qu’elle est
de retour au Caire pour y
passer le reste de sa vie
avec sa famille surtout après le remboursement de
toutes ses dettes.
May Atta