Résidence d’artistes .
De nouveaux ateliers internationaux devraient être inaugurés
dans un mois au village de Gourna Maréï à Louqsor.
Louqsor ressuscitée
Faire
revivre le beau temps des anciens ateliers de Louqsor créés
à partir de 1941, à travers la restauration de quelques
maisons en terre cuite du village Gourna Maréï, situé sur
les collines de la rive ouest du Nil, à 745 km au sud du
Caire, et leur transformation en ateliers d’artistes. C’est
la tâche que s’est assignée le ministre de la Culture,
Farouk Hosni, en collaboration avec le président du Haut
conseil de la ville de Louqsor, Samir Farag, et un bon
nombre d’artistes, à leur tête Ibrahim Ghazala. Ce dernier,
vu ses activités en tant que commissaire général depuis la
1re Rencontre internationale annuelle de Louqsor des arts
plastiques en avril 2008, est chargé de la gestion de ces
nouveaux ateliers de résidence d’artistes à Louqsor. Ils
devraient, selon Ghazala, être prêts à accueillir les
artistes dans un mois. Ils ne seront pas uniquement des
lieux paisibles de création et de résidence internationale
d’artistes, mais ils bénéficieront d’une grande salle annexe
d’exposition, d’un musée d’art, d’une salle d’artisanat,
d’une échoppe et d’une cafétéria. Un vrai site bien équipé,
non seulement au service de l’art plastique, mais aussi du
tourisme en Egypte.
Ainsi,
et pour accéder à ces nouveaux ateliers à Gourna Maréï,
dressés sur une immense colline, il faut prendre un bateau
pour pénétrer dans la rive ouest de la ville de Louqsor, où
se trouvent la vallée des rois, le temple de Hatchepsout, le
village de l’architecte Hassan Fathi, les colosses de Memnon,
la maison du cheikh Ali Abdel-Rassoul transformée
actuellement en hôtel, Al-Marsam (l’atelier), et la ville
Habou face à laquelle se trouve le village Gourna Maréï.
Celui-ci est la plus grande agglomération de la rive ouest
de Louqsor. L’architecture de ses maisons, vastes et très
espacées, est unique. Leurs façades sont ornées de motifs à
caractère pharaonique et peintes en jaune et bleu. C’est
cette atmosphère magique qui lie parfaitement l’ancienne
civilisation pharaonique à la nature primitive de Gourna qui
a inspiré les artistes égyptiens. « Des générations
d’artistes égyptiens ont vécu l’expérience des anciens
ateliers de Louqsor. Ils ont vu le jour avec l’artiste
pionnier égyptien Mohamad Nagui. Ce dernier, qui a voyagé à
plusieurs reprises au début du XXe siècle à Gourna, a pris
de la maison du cheikh Ali Abdel-Rassoul un lieu de
résidence artistique », explique Ibrahim Ghazala. Et
d’ajouter, selon des études faites par l’artiste alexandrin
Esmat Dawestachi sur les anciens ateliers de Louqsor, que «
Mohamad Nagui a prôné en 1941, en tant que premier directeur
égyptien de l’école des beaux-arts en Egypte, et après le
gel des bourses à l’étranger après la deuxième guerre
mondiale, l’édification d’un atelier d’artistes à Louqsor.
Il a utilisé la maison du cheikh Ali Abdel-Rassoul comme
atelier de résidence pour les jeunes boursiers des
beaux-arts. Ce n’est qu’en 1967 que cet atelier a été
abandonné, en raison du retard de paiement du loyer par la
faculté des beaux-arts au Caire. Depuis, il a été fermé pour
des années », explique Ghazala. Cette fermeture a été suivie
de plusieurs autres tentatives d’établir d’autres ateliers
de résidence d’artistes, en 1987 et 1999.
Il
fallait attendre le 30 janvier 2008 pour que le projet
national de restauration des anciens ateliers de Louqsor
réussisse à trouver les moyens de ses ambitions grâce au
projet lancé en 2006 pour déplacer les habitants du village
de Gourna dont les maisons sont construites autour et au-dessus
d’un millier de tombes de la noblesse pharaonique. Le but de
ce projet était d’engager des fouilles archéologiques et
transformer cette région en site touristique.
Seuls
100 maisons à Gourna Maréï, sur un total de 800, ont été
préservées et soumises à des travaux de restauration, pour
devenir des ateliers internationaux de résidence hivernale
d’artistes. Ces nouveaux ateliers seront similaires aux
anciens ateliers où résidait Mohamad Nagui. Cependant, ces
nouveaux ateliers ne seront pas réservés à des artistes
égyptiens, mais ouverts à tous les artistes étrangers.
D’autre part, une bourse mensuelle de 1 000 L.E. sera
accordée pour une durée de trois à six mois à tout jeune
artiste de moins de 30 ans, dans le cadre d’un groupe qui ne
doit pas dépasser 15 artistes. Ces ateliers accorderont à
ces jeunes artistes un diplôme à la fin de leur bourse. En
revanche, les nouveaux ateliers ont le droit de détenir une
œuvre de chaque artiste résident. Ce qui permettra à ces
nouveaux ateliers de se constituer un grand musée, riche,
avec le temps, en œuvres artistiques témoins de l’époque.
Enfin,
ces nouveaux ateliers ne seront pas uniquement destinés aux
artistes d’art plastiques, mais aussi à tout écrivain et
poète qui cherche un nouveau lieu d’inspiration.
Névine Lameï