Initiative.
La première boutique-hôtel du Caire ouvre ses portes au
milieu de la rue Al-Moëz dans le quartier islamique de
Gamaliya.
Le
Riad au cœur de l’histoire
Naguib
mahfouz, Oum Kolsoum, le roi Farouq, Albert Cosséry et Golo
se réunissent à la rue Al-Moëz. Ils ne sont certainement pas
présents de manière réelle mais en tant qu’appellations
suggestives qui sont données aux suites de la première
boutique-hôtel du Caire. Youssef Takla, d’origine syrienne,
et Véronique Sedro, une Française, tous deux amoureux d’art
et d’histoire, ont déambulé pendant des années à travers les
ruelles du Vieux-Caire à la recherche d’un lieu exclusif pou
recevoir clients et amis d’un futur hôtel. Quand ils
trouvèrent, finalement, l’immeuble du Riad, c’était une
construction ordinaire des années 1960 en très mauvaise
condition et habitée par 81 personnes. « Les privilèges de
ce bâtiment étaient qu’il se trouve juste en face de Beit
Al-Séheimi qui est connu dans le monde entier comme l’un des
plus beaux monuments islamiques. En plus, il avait une
ancienne licence d’hôtel, ce qui nous a évité beaucoup de
procédures bureaucratiques ennuyeuses », explique Véronique
Sedro.
Avec
patience, Youssef Takla réussit à vider l’immeuble du Riad
de ses occupants. Alors seulement lui et Véronique
commencèrent à dessiner les plans du futur hôtel puis à
superviser les travaux de rénovation et de décoration. Les
petits appartements devinrent de ravissantes et confortables
suites décorées de meubles anciens. Le toit, envahi par les
taudis et les immondices, devint un jardin oriental avec une
vue imprenable sur le Vieux-Caire. La simple façade devient
un chef-d’œuvre de moucharabiehs, arches et balcons. Le rêve
devient réalité. Chaque suite a une décoration raffinée et
originale. Bédouine ou mamelouke, syrienne ou ottomane,
pharaonique ou contemporaine. Certaines ont été inspirées
par l’Histoire de l’Egypte, d’autres sont tout
particulièrement dédiées à des artistes, des écrivains ou
des hommes politiques.
En fait,
l’idée des boutique-hôtels est répandue dans le monde entier,
surtout dans les pays où se trouvent des villes antiques,
comme la France, la Turquie et l’Espagne. Même dans le monde
arabe, ce type d’hôtels est connu dans le Maghreb. Seul
Marrakech compte plus de 750 boutique-hôtels. A Damas, en
Syrie, il y a environ 22 000 boutique-hôtels. Or, en Egypte,
il n’existe que quatre ou cinq dont deux à Siwa et à Farafra,
un à Louqsor et un tout nouveau qui vient de s’installer à
Maadi. Une boutique-hôtel est un petit hôtel très luxueux,
autant luxueux qu’un cinq étoiles situé au sein d’une ville
ancienne et dont l’architecture va de pair avec les
monuments qui l’entourent. La décoration est à la fois non
standardisée et authentique. Le service est aussi luxueux
que chaleureux. « C’est en fait une seconde maison qu’on
offre à un touriste et c’est en fait ce que veut un touriste
qui opte pour l’Egypte afin d’y passer son séjour. Il ne
veut pas un hôtel cinq étoiles dans une grande rue, mais il
veut voir la ville antique avec les petites ruelles des
vrais Egyptiens. C’est le rêve oriental d’un étranger en
Egypte ».
«
C’était ma première visite en Egypte et tout de suite j’ai
été immergée au centre du Caire avec une vue magnifique sur
les toits du Caire et le chant du muezzin, et dans 5 minutes
à pied, j’étais au milieu du fameux souk du Khan Al-Khalili
et visitant en même temps le Darb Al-Asfar et ses
exceptionnelles demeures ottomanes. C’est depuis le jardin
suspendu de notre toit que vous admirerez Le Caire aux mille
minarets avec une vue panoramique sur les murs fortifiés
fatimides, les collines du Moqattam, la citadelle de Mohamad
Ali, et, à vos pieds, mosquées, sabils, madrasas, couvents,
caravansérails », raconte Bicici, une touriste suisse.
Non
seulement la boutique-hôtel a profité de son existence à la
rue Al-Moëz qui est une rue piétonne, mais la rue aussi a
profité de l’existence de l’hôtel, unique dans la région. «
Les clients de cet hôtel sont des gens aisés qui possèdent
du goût, ainsi ils achètent beaucoup de marchandises à
condition qu’elles soient de bonne qualité et ils paient
bien. Ils engendrent donc un mouvement commercial dans la
rue. Je connais un client qui vient souvent dans cet hôtel
et collectionne des pièces de bijoux des petits bazars du
Khan avec de grandes sommes », explique Ahmad Saïd, marchand
de la rue Al-Moëz.
Dalia
Farouq