Al-Ahram Hebdo, Opinion | Wahid Abdel-Méguid; Les Arabes préfèrent Netanyahu
  Président Abdel-Moneim Saïd
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 19 au 25 août 2009, numéro 780

 

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Opinion

Les Arabes préfèrent Netanyahu

Wahid Abdel-Méguid

Quelle scène surprenante ! Le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, connu pour son extrémisme, participe à la cérémonie organisée par l’ambassade égyptienne à l’occasion de la commémoration de la Révolution du 23 Juillet. Netanyahu ne s’est pas contenté de ce geste qui lance un message implicite. Il a longuement parlé de la paix alors que c’est la dernière personne au monde en harmonie avec n’importe quel effort de paix.

Cette scène peut susciter une question : est-ce que Netanyahu a vraiment changé ? La réponse est facile. Il suffit de jeter un coup d’œil sur les conditions qu’il a posées pour accepter « la solution des deux Etats » pour savoir qu’il n’a pas changé. Il en est de même en ce qui concerne sa réaction envers la réclamation du président américain de geler la colonisation.

Netanyahu reste donc Netanyahu, c’est plutôt Israël qui change. Son échiquier politique est en transformation à cause d’un penchant continu vers la droite dont les milieux deviennent de plus en plus extrémistes. En effet, la droite est devenue le centre de pesanteur de cet échiquier, alors que de l’autre côté, la position palestinienne s’affaiblit. En effet, le fossé s’élargit entre les factions palestiniennes et la division politique entre le Hamas et le Fatah et la séparation géographique entre la bande de Gaza et la Cisjordanie augmentent de plus en plus. Cette division-séparation est capable de faire perdre aux Palestiniens leur force politique qui émane de la légitimité de leur cause. C’est cette légitimité qui, jusqu’aujourd’hui, a empêché que le conflit soit tranché au profit de l’occupation, bien qu’il n’existe aucune égalité dans la balance militaire. La machine militaire sioniste n’a jamais réussi à soumettre les Palestiniens, bien qu’ils soient presque totalement désarmés, mais politiquement forts. Et voilà qu’ils sont en train de perdre leur force alors que l’extrémisme augmente de plus en plus en Israël. Il est donc possible que dans quelques temps, les Palestiniens qui ont toujours prôné la solution des négociations, ainsi que d’autres Arabes, qualifient Netanyahu de modéré.

Quand l’extrémisme s’est de plus en plus répandu en Israël, et quand la droite extrémiste est devenue de plus en plus forte, l’opinion de certains Palestiniens et Arabes avait changé envers Sharon qui, auparavant, était considéré comme le représentant de l’extrême droite et ce, alors que les forces qui le soutenaient étaient marginales.

Or, aujourd’hui, la droite plus extrémiste que Netanyahu n’est plus marginale. La présence d’Avigdor Liberman au ministère des Affaires étrangères en est la preuve. C’est la première fois dans l’histoire d’Israël que ce ministère soit dirigé par le leader de l’un des partis de droite les plus extrémistes. Et par conséquent, le moins disponible d’entrer en contact avec n’importe quelle partie arabe ou palestinienne. Liberman n’était pas présent à la cérémonie du 23 Juillet, alors qu’un grand nombre de ministres israéliens y ont participé.

De plus, Israël ne pouvait pas supporter auparavant la présence d’un ministre des Affaires étrangères aussi extrémiste. Et même quand des leaders likoudiens célèbres, connus par leur extrémisme, comme Ishak Shamir et David Levy ont occupé ce poste, ils exprimaient une certaine flexibilité apparente.

Quant à Liberman qui s’est accaparé de ce ministère grâce à la force de son poids politique, il n’a pas besoin d’exprimer une quelconque flexibilité. Il sait qu’il exprime une tendance qui peut très prochainement assumer la charge de la présidence du gouvernement, et ce, à cause du penchant continu dans la carte politique israélienne vers la droite.

En réalité, ce changement n’est nouveau que dans ses taux qui montent à une vitesse vertigineuse. Il a commencé il y a 2 décennies, quand le deuxième leader du Likoud, Ishak Shamir, dont l’extrémisme n’a pas besoin de preuve, avait été exposé à de fortes pressions en 1989. Le secrétaire d’Etat américain de l’époque, James Baker, lui avait attribué la mission d’engager un dialogue avec des personnalités palestiniennes.

C’est pour cela que, quand Shamir a démissionné de la direction du Likoud en été 1992, le climat était favorable à l’élection, à la tête du Likoud, de Netanyahu qui est encore plus extrémiste.

Or, Sharon, qui tenait fortement à ce poste, ne s’est pas calmé. La distance politique qui le séparait de Netanyahu n’était pas longue. Et il ne pouvait parier sur ce poste qu’en ayant recours à la calomnie. Alors, dès que Netanyahu a échoué aux élections de la Knesset en 1999 face à Barak, Sharon était prêt à s’accaparer de la direction du Parti juste avant la chute d’Oslo.

Le gouvernement de Sharon, formé en 2001, a présenté l’exemple de l’Etat « terroriste » contre l’Intifada d’Al-Aqsa, ne laissant aucun crime de guerre sans le commettre. Cependant, l’effondrement d’Oslo a créé des climats favorables pour une nouvelle tendance vers des positions plus extrémistes à l’intérieur du Likoud et d’autres forces de droite à l’intérieur d’Israël.

C’est alors qu’au milieu de l’année 2003, la « flexibilité » de Sharon et ses « concessions » ont été critiquées quand il s’est mis d’accord avec les Américains pour aider le gouvernement de Mahmoud Abbass que Yasser Arafat avait été obligé de former quand il allait être isolé à l’intérieur de sa maison à Béthléem. Donc, dès que Sharon avait accepté le redéploiement partiel des forces à l’intérieur de la Cisjordanie et la libération de quelques prisonniers palestiniens, il a été fortement attaqué puis obligé de quitter le parti.

Il est fort probable que Netanyahu connaisse le même destin à cause de la tendance continue à l’intérieur d’Israël vers une droite de plus en plus extrémiste. Et comme Netanyahu dirigeait pendant 2 ans la campagne qui a provoqué la démission de Sharon, le courant likoudien le plus extrémiste dirigé par Mouchi Vaglean se prépare à s’engager dans un combat féroce contre lui. Cette tendance est très proche de celle adoptée par le parti de Liberman (Israël Baïtona). Il en sera de même pour toutes les forces de droite en Israël à des degrés différents, comme le parti Chass, l’Union nationale et la Maison juive.

Par conséquent, il semble que la question qu’il faut plutôt poser concerne le destin du choix même de la paix et non seulement la possibilité de lancer un nouveau processus de paix.

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