Initiative. En
lançant DaralKotob.com, quatre jeunes internautes ont voulu créer une base de
données littéraires du livre arabe. Ils revendiquent 100 000 visiteurs par jour
et ont organisé une première journée porte ouverte consacrée à l’échange de
livres.
Services littéraires à domicile
Sans études littéraires, sans
travail dans le domaine littéraire, avec seul l’amour pour la littérature, et
la volonté d’établir un service pour les écrivains aussi bien que les lecteurs,
Ahmad Al-Saati (19 ans), Mohamad Magdi (25 ans), Mostafa Al-Husseini (26 ans)
et Mohamad Mofid (27 ans) décident, en 2007, de créer un site Internet dans
lequel toutes informations sur les livres, les auteurs, les librairies et
autres services sont fournies. « C’est une idée simple et son application est
facile », explique Mostapha Al-Husseini, le premier à avoir eu l’idée du site.
Après des études en polytechniques, il travaille actuellement comme animateur
d’émissions télé sur une chaîne satellite privée ; il est depuis toujours
passionné par la littérature et rencontrait beaucoup de difficultés à trouver
des informations détaillées sur les livres qu’il veut lire. « Tous les
responsables de la création du produit littéraire en Egypte se plaignent du
manque de lecteurs et de récepteurs. Mais ils ne se rendent pas compte des
difficultés que rencontrent ces derniers pour trouver un livre, des
informations sur un auteur ou une librairie sur Internet. C’est ainsi qu’avec
mes trois autres collègues nous avons décidé de créer cette base de données
pour constituer un guide pour l’internaute et être un lien entre ce dernier et
les maisons d’édition et les librairies », raconte Al-Husseini.
Créé depuis deux ans, le site ne
fonctionne effectivement que depuis le début de l’an 2009, avec une page principale
contenant les titres principaux des livres les plus récents, ainsi que les
nouveautés de neuf autres rubriques qui constituent le site tel « Le guide des
livres », « Le guide des auteurs », « Le guide des maisons d’édition » et « Le
guide des librairies ».
En plus de cela, trois rubriques
offrent des services aux lecteurs et membres du site, telle la rubrique «
Livres aux enchères » qui permet aux membres possédant des livres rares ou des
objets artistiques rares, tel un tableau ou un dessin, ou même une revue
ancienne, de les vendre aux enchères pendant un mois. La rubrique « Echange de
livres », elle, permet un échange de livres entre les membres. Quant à la
rubrique « Oasis de littérature et d’arts », c’est un espace d’expression
permettant aux membres de publier des textes littéraires, tels des récits,
poèmes, nouvelles ou même des traductions avec une promesse de publication pour
les éléments les plus distingués. Un service de publication des thèses de
master et de doctorat est également fourni pour constituer une source
d’informations pour les chercheurs qui entament un travail sur un sujet
littéraire. « Nous faisons de notre mieux pour être complets dans les services
que nous proposons », déclare Mohamad Magdi, responsable d’édition et de rédaction
du site.
Une usine à idées
Dar Al-Kotob ne se veut pas
seulement un site basique contenant les informations nécessaires, mais une
bibliothèque numérique regroupant une multitude d’informations mises à jour
régulièrement. Le site propose ainsi des rapports mensuels sur les livres les
plus récents, des reportages sur les séances de signature des nouveaux livres
ainsi que des séminaires et rencontres littéraires dans les différentes
librairies et centres culturels d’Egypte. « Le site est unique, car en Egypte,
les maisons d’édition n’ont pas de site Internet, et quand elles en ont, les
informations qu’il contient ne sont pas mises à jour régulièrement, et même si
elles le sont, elles ne concernent qu’une seule maison d’édition, alors que Dar
Al-Kotob propose des informations sur toutes les maisons d’édition, tous les
auteurs et tous les livres, indépendamment du style ou de l’appartenance
littéraire », réplique Al-Husseini.
Convaincus que la littérature est
la voie par laquelle une nouvelle génération d’intellectuels connaîtra le jour,
ces quatre jeunes internautes ne se limitent pas au site Internet dont les
visiteurs et les membres s’approchent des 100 000 par jour. Ils tentent de
créer des initiatives pour mieux communiquer avec le public. Ainsi, ils ont
organisé ce mardi une première journée porte ouverte à Saqiet Abdel-Moneim
Al-Sawy sous le titre « N’emprisonne pas ta connaissance et échange tes livres
». « Cette initiative fait partie de la rubrique Echange des Livres sur le
site, c’est une manière de concrétiser et d’élargir l’idée. Les lecteurs
viennent exposer leurs livres et les échanger avec d’autres », explique Mohamad
Magdi, ajoutant que l’équipe organise également des compétitions littéraires
dont les gagnants auront droit à des livres signés par leurs auteurs.
Toutes ces initiatives sont
autofinancées par les quatre fondateurs du site qui, depuis sa création, ne
cherchent pas la commercialisation des services. « Tous les services que nous
proposons sont entièrement gratuits et nous ne prenons que des frais symboliques
pour les annonces des livres. Nous avons également édité un ouvrage de
l’écrivain Nabil Farouk, auteur de la fameuse série Ragol al-moustahil (homme
de l’impossible) intitulé ya Eini Ya Masr (Ah l’Egypte !). Toutes ces dépenses
sont à notre charge et nous n’avons pour l’instant aucun sponsor », explique
Al-Saati.
Cette tentative fraîche ne laisse
qu’espérer qu’elle puisse continuer et survivre toutes les difficultés
financières et techniques qu’elle peut confronter, bien qu’une question se pose
sur la qualité d’analyses littéraires et de reportages journalistiques qu’elle
propose puisqu’ils ne sont pas rédigés par des professionnels en littérature ou
en presse écrite. « Nous ne prétendons pas être parmi les meilleurs. Notre seul
crédit est notre amour pour la littérature et notre volonté de créer un
changement … nous sommes ouverts à toutes critiques », conclut Al-Husseini.
Dina Abdel-Hakim