Télécoms. Deux ans
après leur lancement, les services de la troisième génération (3G) n’attirent
que très peu d’abonnés. En raison de leurs coûts, mais aussi parce que leur
utilité est mal comprise.
Le succès limité de la 3G
Les 322 000 utilisateurs des
services 3G représentent 0,7 % des abonnés aux services du portable au premier
trimestre 2009, selon les chiffres de l’Organisme régulateur des
télécommunications (NTRA). Un chiffre faible, mais qui devrait s’élever
légèrement à 1,3 % au second trimestre, alors que le nombre total
d’utilisateurs de portables est de 40 millions en Egypte.
Mobinil, le plus grand opérateur
de téléphonie portable du pays, s’empare à lui seul de 200 000 abonnés 3G.
Comme les deux autres opérateurs, il refuse de dévoiler des détails sur le
chiffre d’affaires mensuel par utilisateur (ARPU), considéré comme étant un
indicateur de rentabilité de ces services. « Le groupe est au début de son
investissement dans les services 3G. Nous voyons actuellement comment ces
services se traduisent en profits », justifie Hassan Kebbani, directeur général
de Mobinil.
Cette dernière a été la seule
société à révéler le total de ses abonnés à la 3G alors que ses concurrents
(Vodafone et Etisalat) se sont abstenus de dévoiler leurs chiffres. « J’ai envoyé
vos questions au responsable concerné de la société mais il ne m’a pas répondu
» a affirmé à l’Hebdo Ahmad Abdel-Samie, directeur des relations publiques chez
Etisalat
Arrivé sur le marché égyptien en
mai 2007, Etisalat a été le premier opérateur des services 3G. Pour obtenir sa
licence, la société a déboursé 17,5 milliards de L.E., ainsi que 3 milliards de
L.E. pour la modernisation des infrastructures. Un mois après, Vodafone l’a
rejoint pour s’emparer d’une part du marché. Quant à Mobinil, elle s’est
d’abord opposée à proposer la 3G, car elle estimait que la rentabilité
économique était nulle. Mais elle a fini par céder en payant la coquette somme
de 3,4 milliards de L.E., ce qui lui a permis de mieux faire face à ses
concurrents. « Nous étions en retard dans le lancement de ces services en
raison du manque d’infrastructures. Aujourd’hui, notre objectif est de
transformer notre réseau de services vocaux en un autre offrant des
applications 3G plus modernes. C’est pourquoi nous avons choisi la société
Cisco pour mettre en place le projet d’unification des réseaux et améliorer la
qualité des services offerts tels que la télévision portable et la réduction
des prix proposés au public », explique Kebbani lors d’une conférence de presse
tenue le mois dernier à l’occasion du lancement de ce projet de modernisation,
dont le coût est de plus de 250 millions de L.E.
Campagnes d’explication
Mais le manque d’informations sur
le nombre exact d’abonnés à la 3G dans le pays reste un problème qui entrave
l’évaluation du degré de réussite de ces services. « Les sociétés de portables
ne nous donnent pas d’informations détaillées sur la classification de leurs
abonnés. Ils nous donnent seulement leur nombre total de clients sans préciser
les abonnés à la 2G ou la 3G. Ce qui nous empêche de connaître le taux de
pénétration de cette technologie en Egypte », souligne Amr Al-Alfi, directeur
du département des recherches auprès de la maison de courtage CI Capital.
Opinion partagée par Moustapha Al-Gabali, expert en télécommunications. Pour
lui, ni le nombre d’abonnés, ni le taux de pénétration sont des preuves du
degré de réussite de ces services. « Le lancement de ces services n’a pas connu
un grand succès. La meilleure preuve de cela est le fait que les opérateurs ne
dévoilent pas les chiffres. Pour une évaluation pertinente, chacune de ces
trois sociétés devrait annoncer le taux de l’utilisation des services 3G par
heure et sa répartition socio-économique », souligne-t-il en assurant que ces
informations devraient être annoncées aussi par l’Organisme régulateur des
télécommunications (NTRA). Mais ce dernier refuse également de dévoiler ce type
d’information et lance la balle dans le
L’absence de chiffres et
statistiques n’est pas le seul obstacle à l’expansion des services 3G en Egypte
: les prix élevés de ce service restent aussi une entrave majeure. Avec une
facture mensuelle qui peut aller jusqu’à 5 000 L.E., l’on réfléchit deux fois
avant d’avoir recours à cette technologie. D’un autre côté, le manque de
connaissance sur cette technologie empêche le développement de ce service en
Egypte. Car la majorité des détenteurs de portables ne savent pas à quoi sert
la 3G. « Les opérateurs ne procèdent pas à l’organisation de campagnes
d’explication sur les différentes applications de la technologie 3G. A ce jour,
seuls les hommes d’affaires et les institutions financières utilisent ce
service. Il faut que la population connaisse mieux l’existence de ces services
», explique Moustapha Al-Gabali.
D’après un rapport publié en mars
2009 par le groupe Arab Advisors, lié à la Banque jordanienne d’investissement
dans le secteur des télécommunications dans la région de MENA, le taux de
conscience des services 3G (le pourcentage des clients connaissant les services
3G) est de 57 % en Egypte, contre 70,7 % en Tunisie et 80,36 % au Qatar. Par
ailleurs, le rapport note que 17,4 % des abonnés à la 3G utilisent cette
technologie pour les services Internet, contre 85,6 % en Arabie saoudite et
20,9 % au Qatar.
Gilane Magdi