Diplomatie.
Outre le
processus de paix, le président égyptien a évoqué avec son
homologue américain le dossier nucléaire iranien, la
situation au Soudan et dans la Corne de l’Afrique. Moubarak
s’est aussi entretenu avec les représentants des
organisations juives.
Un
agenda très chargé
Le
chef de l’etat, arrivé le 15 août à Washington, a
officiellement commencé ses rencontres lundi 17 août à
l’hôtel Four Seasons. Il s’est entretenu tour à tour avec
Denis Blair, le chef des Services secrets, Hillary Clinton,
la secrétaire d’Etat américaine, et George Mitchell,
l’émissaire américain au Proche-Orient. Moubarak a également
rencontré d’anciens ambassadeurs américains et conseillers
de la Sécurité intérieure américaine en Egypte. Enfin, il a
rencontré les représentants de l’ensemble des organisations
juives américaines, dont l’AIPAC (American Israel Public
Affairs Committee), un lobby pro-israélien.
Mardi,
le chef de l’Etat s’entretenait avec le conseiller de la
Sécurité intérieure américaine, James John, avant un
tête-à-tête avec le président américain Barack Obama à la
Maison Blanche. « Le président Moubarak a appelé à un arrêt
de la colonisation juive dans les territoires palestiniens
occupés. C’est dans ce contexte que s’inscrit sa rencontre
avec les organisations juives aux Etats-Unis. Je crois que
l’appel du président jouit d’un appui au sein des
organisations juives et même en Israël, afin d’éviter tout
désaccord israélo-américain », affirme Soliman Awad, porte-parole
de la présidence de la République. Il ajoute que le premier
ministre israélien, Benyamin Netanyahu, recevra l’émissaire
américain au Proche-Orient, George Mitchell, à la fin de ce
mois à Londres pour l’informer de la position israélienne
définitive. « Israël finira par se conformer à cet appel du
gel des colonisations car il veut amorcer des négociations.
Nous, en tant qu’Arabes, disons que ces négociations ne
doivent pas commencer au point zéro », a expliqué Awad. «
Nous prônons une aide égypto-américaine aux côtés israélien
et palestinien pour éliminer les obstacles face aux
négociations », ajoute-t-il (voir p.6).
Dans une
interview publiée lundi par le quotidien Al-Ahram, le
président Moubarak a pressé Israël de geler la colonisation
dans les territoires palestiniens avant toute normalisation
avec les pays arabes. Le chef de l’Etat a expliqué que les
expériences antérieures depuis la conférence de paix de
Madrid en 1991 ne sont pas encourageantes pour entreprendre
des initiatives de normalisation des relations avec Israël
sans la réalisation de progrès tangibles dans le processus
de paix.
Peu
préoccupé des droits de l’homme
Les
observateurs présents à Washington ont qualifié la visite du
président d’importante. « Il apparaît que les dossiers du
Proche-Orient sont encore plus chauds que le climat de
Washington au mois d’août », explique David Taylor,
politologue à la Colombia University. « Outre la cause
palestinienne, le dossier nucléaire iranien, le Soudan, le
Liban et la situation dans la Corne de l’Afrique sont des
sujets importants qui figurent à l’ordre du jour de la
visite du président égyptien. Il n’était pas possible de
reporter la discussion sur ces sujets à l’automne »,
explique Taylor. Et d’ajouter que le président Obama doit
lancer son plan de paix et formuler de nouvelles idées à la
mi-septembre, lors de la tenue de l’assemblée générale des
Nations-Unies. D’où l’importance de discuter de ces dossiers
avec le dirigeant du plus grand pays arabe. « Le fait que le
président Barack Obama ait examiné avec le président
Moubarak tous ces dossiers importants, sans aborder la
question des droits de l’homme et des réformes politiques en
Egypte, montre que les relations entre Le Caire et
Washington vont bon train et que l’administration américaine
n’a aucune intention de gâcher cette relation », estime le
politologue. Dans son discours le 4 juin au Caire, le
président américain avait donné l’impression que le plus
important est la paix dans la région et le gel immédiat de
la colonisation dans les territoires palestiniens. Il s’est
montré peu préoccupé des problèmes des droits de l’homme en
Egypte.
Accroître les échanges commerciaux
Il
n’empêche que pour Philip Crowley, porte-parole du
département d’Etat Américain, cette visite de Moubarak à
Washington était l’occasion de s’entretenir avec la
secrétaire d’Etat américaine afin d’échanger leurs vues sur
les efforts américains en vue d’une reprise des négociations
entre Israël et les Palestiniens. Crowley affirme que la
situation en Iran, au Soudan, au Pakistan et en Afghanistan
a été largement discutée avec le président Moubarak. Pour le
porte-parole de la présidence, Soliman Awad, des dossiers
comme le Soudan et l’Iran ne sont pas moins importants que
le processus de paix. « La situation au Soudan a été
examinée non seulement en ce qui concerne la région du
Darfour, mais également la paix globale avec le Sud, le
tracé des frontières nord-sud et l’opposition des habitants
du Sud au recensement démographique et à la loi électorale
en cours d’élaboration », explique-t-il. Awad explique que
l’envoyé spécial américain pour le Soudan, Scott Gration,
est attendu prochainement en Egypte. Il fait état d’une
coordination égypto–libyo-américaine sur la question du
Soudan. Outre ce pays, la situation dans la Corne de
l’Afrique a été évoquée. Cette région témoigne d’une crise
entre l’Erythrée et l’Ethiopie.
Enfin,
le dialogue entre les deux chefs d’Etat s’est axé sur les
relations bilatérales et la nouvelle coopération avec
l’administration Obama. L’Egypte tient à accroître le volume
des échanges commerciaux avec les Etats-Unis et à stimuler
les investissements américains. « L’intérêt de l’Egypte
n’est pas centré sur les aides américaines, d’autant plus
que l’économie égyptienne a commencé à se redresser et elle
a réalisé un taux de croissance dépassant les 7 % en dépit
de la crise financière mondiale », explique Soliman Awad. Et
pour conclure, Awad explique que selon les économistes,
l’Egypte compte parmi les pays qui réalisent un taux de
croissance positif au niveau de l’Afrique et de l’Asie,
alors que les pays développés enregistrent encore des taux
négatifs.
Chérif
Ahmed