Edito Réformes tous azimuts
Commandeur des croyants, le roi
Mohammed VI — qui a célébré le 22 juillet ses dix ans de règne — a insufflé un
vent de modernisme dans le champ religieux du Maroc, marqué pendant des
décennies par le conservatisme et la léthargie. C’est ainsi qu’il a lancé en
2004 une vaste réforme en pleine montée des courants islamistes radicaux.
C’est une révolution silencieuse
qui intervient dans une conjoncture également caractérisée par l’anarchie des
fatwas (avis religieux), amplifiées par les chaînes satellitaires arabes et les
sites Internet.
Cette réforme porte sur la
restructuration du ministère des Affaires islamiques, la révision de la
législation sur les lieux de culte ainsi que la modernisation de l’enseignement
religieux dans le Royaume. Une commission a aussi été créée pour donner des
avis religieux sur des questions d’intérêt général et réglementer les fatwas.
En 2008, l’opinion internationale
s’était émue de la fatwa du cheikh Mahgraoui, qui dirigeait l’association Dar
Al-Quran à Marrakech (centre), autorisant le mariage des filles dès l’âge de
neuf ans. Elle avait été condamnée par le Conseil supérieur des oulémas
(théologiens officiels) et l’association avait été fermée. La même année,
Mohammed VI avait annoncé une réforme du Conseil supérieur des oulémas, des
imams et des mosquées.
Un conseil des oulémas pour les
Marocains d’Europe avait été également créé. Cette reprise en main a été
renforcée, en juin dernier, par le lancement d’un programme de mise à niveau
des imams, qui encadrent les croyants. Selon le ministre des Affaires islamiques
Ahmad Tawfiq, le Maroc compte 45 000 imams dont 82 % sans aucune formation de
base. « Ils ont juste appris le Coran par cœur », a-t-il expliqué. Dans la même
optique, des prédicatrices ont été formées, preuve qu’un vent d’ouverture et de
modernisme commence à souffler sur le champ religieux.
La réforme touche aussi l’Institut
supérieur des études islamiques (Dar Al-Hadith Al-Hassania). Cette école, qui
enseignait jusqu’ici uniquement les sciences islamiques, a introduit de
nouvelles disciplines comme les études religieuses comparées, les langues
anciennes et vivantes et les sciences sociales et économiques.
La réforme s’est aussi concrétisée
par le lancement d’une chaîne de télévision et d’une radio dédiées à l’islam.
L’octroi de Bourses de recherche pour les imams, les prédicateurs et les
lauréats de l’université des sciences religieuses Quaraouiyine de Fès (centre)
pour étudier dans des universités anglo-saxonnes sont quelques-unes des autres
facettes de cette réforme.
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