Al-Ahram Hebdo,Invité |
  Président Morsi Attalla
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
Nos Archives

 Semaine du 3 au 9 juin 2009, numéro 769

 

Contactez-nous Version imprimable

  Une

  Evénement

  Enquête

  Dossier

  Nulle part ailleurs

  Invité

  Egypte

  Economie

  Monde Arabe

  Afrique

  Monde

  Opinion

  Société

  Arts

  Idées

  Littérature

  Visages

  Environnement

  Voyages

  Sports

  Vie mondaine

  Echangez, écrivez



  AGENDA


Publicité
Abonnement
 
Invité

Le directeur général de l’Office européen de la lutte anti-fraude (OLAF), Franz Hermann Bruener, qui était en visite au Caire, évoque la coopération entre son institution et l’Egypte.  

« Nous cherchons toujours des partenaires dans les pays où nous dépensons notre argent » 

Al-ahram hebdo : Vous êtes actuellement en Egypte, quelle est votre mission ?

Franz Hermann Bruener : En fait, je suis dans votre pays pour promouvoir l’idée de la coopération. Nous devons travailler ensemble pour pouvoir protéger les fonds européens dirigés vers l’Egypte pour y être dépensés. Notre agence est ici à la recherche de partenaires, car nous avons une vision de base selon laquelle il existe toujours des problèmes lorsqu’il y a une certaine somme d’argent destinée à un certain objectif. Il ne s’agit pas d’un problème lié particulièrement à l’Egypte, mais c’est un problème répandu dans le monde entier. Pour cette raison, nous recherchons des partenaires qui nous aident à empêcher toute irrégularité et, au cas où les irrégularités se manifesteraient, nous aident à régler le problème.

— Quel est votre rôle dans le processus d’allocation de fonds européens destinés à la réalisation des projets axés sur le développement en Egypte ?

— En fait, nous n’avons aucun rôle spécifique dans ce processus. Cela relève plutôt du dossier de coopération entre l’Union européenne et l’Egypte. Je dirais que nous sommes un organisme de surveillance qui veille sur l’utilisation de ces fonds afin qu’ils soient bien dirigés vers les objectifs sur lesquels nous nous sommes mis d’accord et qu’ils ne soient pas dispersés ailleurs.

— Voulez-vous nous définir l’OLAF. Comment cet organisme fonctionne-t-il ?

— C’est une organisation qui a un objectif spécifique qui est celui de protéger les intérêts financiers de l’Union européenne. Nous surveillons les fonds de l’Union européenne et nous nous adressons à des sujets tels que la fraude, la corruption ou la mauvaise gestion des fonds. Nous avons également comme objectif de créer des mécanismes préventifs visant à protéger l’argent lors du processus de son utilisation. Ainsi, nous avons mis en place un certain nombre de procédures qui visent à assurer un maximum de contrôle. En fait, pour garantir de meilleurs résultats, nous cherchons toujours des partenaires avec qui nous puissions travailler ensemble, dans les pays où nous dépensons notre argent.

— Quels sont les mécanismes que vous utilisez pour surveiller l’utilisation des fonds européens dans les pays du Sud de la Méditerranée qui représentent un environnement très différent de celui qu’on retrouve en Europe ?

— Nous n’avons pas qu’un ou deux projets et je ne peux dire que nous traitons la situation dans tous les pays de la même manière. Je ne peux pas non plus expliquer notre mécanisme en termes de : une première, deuxième et troisième étape, etc. En fait, comme je l’ai déjà dit, nous cherchons des partenaires compétents sur place avec qui nous pouvons travailler. Je cite, à titre d’exemple, le cas d’une affaire que nous avons eue récemment en Ouganda. Nous avons été contactés par le procureur général de ce pays qui nous a demandé si nous pouvions aider. Dans d’autres pays, nous pouvons être sollicités par un commissaire aux comptes ou un autre organisme compétent. Cela veut dire qu’il n’y a pas de modèle unique de travail pour l’ensemble des pays que nous couvrons, car chaque société a ses particularités et son système dont dépend la forme de notre coopération. De notre côté, nous discutons avec nos partenaires des meilleures stratégies à adopter pour traiter les problèmes relatifs à notre travail. Parallèlement, comme c’est souvent le cas, au cas où il y aurait un soupçon d’irrégularité, les délégations de la Commission européenne dans les pays concernés entrent en contact avec nous et demandent notre assistance.

— D’après vous, les différences culturelles entre les pays du Sud et leurs partenaires du Nord ne représentent-elles pas un problème dans la communication et la collaboration indispensables pour mener à bien votre travail ?

— L’Union européenne est formée de 27 pays, avec tout ce que cela représente au niveau de différence linguistique et culturelle. Je pense que les Européens ont une très bonne expérience de travail dans une ambiance pluriculturelle. Mais nous savons aussi très bien que malgré de telles différences, certains principes restent très clairement définis dans toutes les cultures. La fraude et la corruption sont par exemple des concepts que l’on comprend exactement de la même manière dans toutes les cultures, ils sont illégitimes et illégaux dans toutes les cultures.

— On connaît que les fonds alloués à la réalisation de certains projets passent par plusieurs organismes et suivent un long parcours avant de parvenir à leur destination. Comment peut-on garantir que cet acheminement se passe sans qu’il y ait des irrégularités ?

— C’est un processus assez complexe parce qu’il ne s’agit pas de mettre de l’argent dans une enveloppe et la donner à quelqu’un pour réaliser un projet comme il l’entend. Il y a, tout d’abord, une claire responsabilité du pays à qui les fonds ont été attribués. Ensuite, il y a les organismes impliqués dans ce processus et qui doivent présenter des rapports détaillés aux représentants locaux de la Commission, expliquant toutes les étapes de leur travail. Ces rapports sont ensuite soumis à des spécialistes et des commissions de contrôle que nous faisons venir de Luxembourg. Si par hasard ceux-ci détectent que les démarches ne correspondent pas à ce qui a été décrit dans les rapports, ils nous le signalent et c’est là que nous devons intervenir.

— Ces informations sont-elles disponibles avec cette même transparence à l’opinion publique des pays partenaires ?

— En principe, nous préférons travailler avec les gouvernements de nos pays partenaires, des gouvernements que nous supposons être démocratiquement élus. Il est vrai que parfois certains ne sont pas contents de ce choix et se posent des questions sur son bien-fondé. C’est une réaction que nous ne pouvons pas éviter, parce que faire autrement impliquerait des choix politiques et cela ne fait pas partie de nos objectifs. Ce que nous voulons c’est aider les pays partenaires à se développer ou à surmonter une situation difficile, nous nous mettons donc d’accord avec les gouvernements de ces pays pour réaliser ces objectifs.

— Les médias sont-ils intégrés dans votre mécanisme de contrôle et de lutte contre la fraude et la corruption ?

— Les médias sont naturellement un bon outil de contrôle veillant à assurer la transparence, notamment dans les affaires qui nous intéressent. Cela dit, nos méthodes de travail sont différentes, parce que souvent les médias sont pressés et cherchent un résultat rapide. Nous voyons les choses un peu autrement, car notre travail est fait sur le long terme et sans beaucoup de bruit. Ce que nous cherchons, c’est d’arrêter la fraude et la corruption à travers un changement d’attitude et de comportement. Puis, quand cela se réalise, poursuivre le travail et aller de l’avant. Par contre, nous avons pu constater que les scandales médiatisés font trop de bruit et empêchent souvent la reprise de travail ou la recherche de solution.

Propos recueillis par Randa Achmawi

 




Equipe du journal électronique:
Equipe éditoriale: Névine Kamel- Howaïda Salah -Thérèse Joseph
Assistant technique: Karim Farouk
Webmaster: Samah Ziad

Droits de reproduction et de diffusion réservés. © AL-AHRAM Hebdo
Usage strictement personnel.
L'utilisateur du site reconnaît avoir pris connaissance de la Licence

de droits d'usage, en accepter et en respecter les dispositions.