le kafil.
Un de
nos lecteurs donne son avis quant à ce système très ancré
dans les pays du Golfe. Il lance un appel pour trouver des
solutions à même de lutter contre cet état de fait.
Supprimer le système du kafil
Tout
d’abord, je remercie toute l’équipe d’Al-Aharam Hebdo qui
nous offre un grand espace pour exprimer nos opinions et
traiter de problèmes réels de la société. Le système du
kafil qui est appliqué dans plusieurs pays arabes, surtout
dans les pays du Golfe, est devenu une épée de Damoclès
suspendue sur les têtes des ouvriers qui travaillent dans
ces pays. Cette question est dégradante pour ceux qui sont
réduits à l’esclavage. Ces gens qui sont partis pour gagner
leur pain se retrouvent des victimes d’un kafil dont il faut
obéir aux ordres, sinon c’est la perte du boulot.
Le
système du kafil est appliqué dans le monde arabe depuis
plus de 60 ans, mais actuellement, le kafil bafoue tous les
droits de ces gens dans le besoin, les exploite et limite
leur liberté. Bahreïn a pris dernièrement la décision
d’annuler le système du kafil qui est, à mon avis, un point
à son avantage.
Certains
travailleurs se plaignent du mauvais traitement de leur
kafil. Certains ont passé même par la prison à cause de
problèmes avec lui.
A mon
avis, il faut changer cette loi, laquelle est considérée
comme une sorte d’esclavage.
Chaque
pays a le droit d’organiser le travail comme il l’entend,
mais chaque travailleur a le droit de changer de boulot.
Où est
l’égalité entre les peuples arabes ?
Un
travailleur égyptien n’a pas le droit de posséder un bien
immobilier dans un pays arabe, tandis que les Arabes ont la
moitié des villes du 6 Octobre, du Cheikh Zayed et d’Al-Rehab,
chose qui a flambé les prix de l’immobilier en Egypte.En
plus, les salaires des travailleurs égyptiens sont plus bas
que ceux d’autres nationalités. Les ministères des Affaires
étrangères, du Travail et de la direction des affaires des
Egyptiens à l’étranger doivent avoir un rôle plus efficace
pour régler ces problèmes et pour lutter contre les actes du
kafil.
Hossam
Al-Sayed,
Al-Arich.
Du
courage
J’ai la
chance d’avoir quatre enfants, dont trois filles. Ici en
France, la vie est plutôt facile pour les filles. Mais
malheureusement, ce n’est pas le cas partout. Je veux parler
de l’excision. C’est un sujet très grave qui commence à
sortir de l’ombre, on en parle, on ose enfin aborder le
sujet. Et de plus en plus, des médecins et des responsables
religieux, aident les parents à faire face et à résister à
cette pratique barbare, venue d’un autre âge. Il faut du
courage pour braver cette tradition et faire confiance à
l’avenir pour ces filles. Oui, faisons confiance à nos et
vos filles, c’est une grande preuve d’amour qu’on peut leur
donner. Et je suis sûre que l’avenir nous donnera raison.
Nous serons alors heureux et fiers de cette confiance que
nous leur aurons accordée. Je remercie votre journal que je
lis toujours avec grand intérêt et plaisir. De France, et
plus précisément de Limoges, je vous salue tous.
Nadine
Chapuis,
France.
Chapeau
à Monsieur Salmawy
Je viens
de suivre le programme remarquable Al-Beit beitak du célèbre
animateur Mahmoud Saad avec l’éminent écrivain Mohamed
Salmawy, président de l’Union des écrivains d’Egypte. Je
suis vraiment fier de cet homme égyptien, car grâce à ses
efforts immenses, les écrivains égyptiens peuvent avoir des
médicaments et se faire correctement soigner en cas de
maladie. Ce service a été longtemps absent. J’ai aussi
appris que l’Union des écrivains d’Egypte a été choisie
comme membre permanent pour le choix du prix Nobel de la
littérature. C’est-à-dire que l’union pourra éventuellement
présenter des candidats au prix Nobel. C’est un grand
honneur pour tous les Arabes.
Hossam
Mohamed,
Al-Arich.
Le 75e
anniversaire de la Radio
Je lis
avec beaucoup d’intérêt Al-Ahram Hebdo. J’ai remarqué le
dossier intitulé « Après l’histoire ... la cure de jouvence
» et publié dans le numéro 768 avec près de 5 articles aussi
intéressants les uns que les autres. J’ai lu ces articles
avec un sentiment de nostalgie, car ils m’ont rappelé mon
adolescence en Egypte. En effet, je suis né en Egypte (à
Héliopolis) en 1927 et j’y ai vécu jusqu’en 1947, date à
laquelle je suis parti en Arménie avec mes parents. Je vous
écris donc cette lettre d’Erévan, capitale de l’Arménie.
Permettez-moi, tout d’abord, de vous féliciter, ainsi que
tout le collectif de la Radio égyptienne, à l’occasion du
75e anniversaire de la Radio égyptienne.
En
Egypte, à partir de 1940, j’écoutais chaque jour avec le
plus grand plaisir la Radio du Caire. Il y avait alors 2
stations : le Service principal et le Service alternatif. Le
premier émettait en arabe, sauf de 13h à 13h30, quand
étaient diffusées les nouvelles en français et en anglais.
Je me rappelle que les nouvelles en anglais commençaient
toujours par la célèbre marche de l’opéra Aïda. L’émission
en arabe commençait par les mots : « Al-mahattat al-raïssiya
lil izaat al-lassilkiya al-misriya min Al-Qahira ». Le
Service alternatif, en français et en anglais, était diffusé
le soir. Il y avait des programmes très intéressants, dont
le Concert des auditeurs, le programme de musique grecque
les mardis, etc. Parfois, des chanteurs et chanteuses de la
communauté arménienne donnaient des concerts, comme la jeune
Gohar Khatchadourian (soprano) qui, devenue Gohar Gasbarian,
est venue en Arménie en 1948 et est devenue une cantatrice
d’Opéra de renommée mondiale. Elle a fait donc ses premiers
pas à la Radio du Caire.
Je me
rappelle aussi avec quel plaisir je lisais l’hebdomadaire
Cairo calling. C’était une édition très soignée, les
programmes étaient indiqués avec beaucoup de détails. Il y
avait aussi une page consacrée aux nouveaux films dans les
salles de cinéma du Caire. En un mot, je garde de très bons
souvenirs de la Radio du Caire et je vous félicite encore
une fois pour le grand travail sérieux que vous fournissez
aux lecteurs.
Vanik
Adjémian,
Arménie.
Un test
IQ pour la mentalité égyptienne
Afin de
pouvoir aborder la problématique du test IQ et de son
importance, mais aussi son applicabilité sur un niveau
communautaire, il nous faut quelques lignes consacrées à la
conceptualisation de cette notion à la fois largement
répandue, surtout dans sa version anglaise, et virtuellement
définie « la mentalité égyptienne ». Peut-on parler d’une
mentalité collective pour le peuple égyptien, ou bien pour
n’importe quel autre, tout en partant du sens large du terme
« peuple » ? Effectivement, comme c’est le cas avec d’autres
concepts à travers lesquels on marque un certain nombre de
valeurs et de normes qui règnent au sein d’une société bien
déterminée, le paradigme de réflexions intellectuelles créé
par cette dernière, tout en se basant sur son propre système
de valeurs ainsi qu’une combinaison compliquée d’autres
facteurs, vis-à-vis d’une liste de problématiques qui se
pose face à elle au niveau national et international, peut
être considéré comme étant la base d’une mentalité dite
collective, et dans notre cas : égyptienne. On peut affirmer
que la mentalité égyptienne avait subi le plus dense parmi
une longue liste de tests IQ. Il s’agit de la fameuse visite
du président américain Barack Obama au Caire et de son
discours controversé, dont le but est d’ouvrir une nouvelle
page avec le monde arabo-musulman. Le choix du Caire et de
son université, pour qu’il soit le lieu duquel M. Obama
lance son discours « historique » avait suscité une vague
puissante de réflexions et de réactions, mais surtout de
pré-réflexions et de pré-réactions. Cependant, l’action, qui
s’est déclenchée quelques jours avant la visite et qui
demeure jusqu’aujourd’hui, a commencé par des jeux de
prédiction qui manquent d’une carence de calcul rationnel
pour s’achever par des analyses superficielles qui ne font
que le détournement de l’objectif de la visite elle-même,
ainsi que les implications politiques profondes que le
message délivré lors du discours va engendrer régionalement
et globalement. Les médias, de leur côté, ont joué un rôle
central dans les deux phases, pré et post-discours.
Au
moment où la visite avait été entièrement couverte par une
émission télévisée, une sorte d’amplification médiatique l’a
inconsciemment transformée d’une visite officielle du
président d’une superpuissance mondiale à un court séjour
d’une star hollywoodienne. Certainement, la popularité dont
le président Obama jouit mondialement jouait un rôle
important. Durant la phase du pré-discours, la masse, un bon
nombre d’experts politiques, mais aussi de figures
médiatiques ont quasiment oublié ce que représentent M.
Obama, ses responsabilités en tant que président des
Etats-Unis, ainsi que le cadre institutionnel dans lequel la
politique étrangère de son pays, comme celle des autres, est
dessinée, pour le réduire à une figure cinématique héroïque.
Durant
la phase du post-discours, et comme réflexe normal de l’état
général d’amplification des expectatives, deux types de
réactions ont trouvé lieu : un premier groupe, en se basant
sur le caractère spécial du président Obama, avait jugé le
discours équivalent à ses expectatives, et même aller
jusqu’au remerciement. Le deuxième groupe, quant à lui,
suite à un choc avec la réalité politique du discours, est
parti dans la voie de frustration. Au moment où l’argument
du premier groupe reposait sur les origines musulmanes de M.
Obama, son allure et même son sourire, l’argument du
deuxième l’accusait d’être une version plus diplomatique de
ses prédécesseurs qui ne fait que suivre le même agenda
américain. Le facteur commun entre les deux groupes est
l’existence, à un certain moment, de l’idée que le président
Obama a une responsabilité et parfois une capacité, globale,
et certainement régionale, de changer la réalité violente et
sombre actuelle. Si le premier groupe est parti, et le fait
toujours, d’un sourire charmant, le deuxième s’est basé sur
une déconnexion de la réalité politique.
Il est
bien clair que la situation susmentionnée porte les signes
d’une prématurité de la mentalité égyptienne. Des signes qui
mènent à un résultat plutôt négatif dans le test IQ en jeu.
En évitant de rentrer dans les détails analytiques du
discours, ce dernier présente une opportunité pour passer à
une nouvelle phase plus dynamique et relativement optimiste
en ce qui concerne les problématiques de la zone
moyen-orientale.
Ali
Rached,
doctorant à l’Université Paris II (Panthéon-Assas),
France.