Les
scénarios d’implantation
Morsi Attalla
Les
discours qui se répètent dernièrement sur la possibilité
d’implanter les réfugiés palestiniens dans leurs pays
d’accueil ne sont pas de simples tests pour connaître la
réaction arabe et palestinienne. Ils émanent d’une volonté
d’engendrer un différend arabo-palestinien afin d’isoler et
d’affaiblir la position palestinienne dans sa bataille
acharnée de négociations pour le statut final. L’objectif
serait même d’engendrer un heurt où se mêleront toutes les
cartes entre les protagonistes de l’implantation des
Palestiniens dans leurs pays d’accueil et entre ceux qui y
répondent en brandissant l’arme de l’expulsion. Le résultat
sera l’ébranlement du droit au retour qui est l’essence même
de la cause palestinienne depuis 61 ans.
Lancer
ces discours ces jours-ci n’est pas le fruit du hasard. Ils
coïncident avec l’apparition d’indices évidents sur le
sérieux du président Obama de ranimer le processus de paix
selon l’idée des deux Etats. L’objectif est de donner à
Israël le prétexte pour échapper à l’une des plus
importantes obligations du règlement final, soit le droit au
retour des réfugiés de 1948 et des déplacés qui ont fui
leurs terres en 1967 ou du moins de lui permettre de
marchander le nombre de Palestiniens qui pourront revenir
sur les territoires de l’Etat palestinien prévu. Et cela, de
sorte qu’il soit le plus limité possible ne représentant
qu’une partie minime des déplacés de 1967 dont le nombre
s’élève à plus de 800 000 Palestiniens. Quant aux réfugiés
de 1948, Israël parie sur sa capacité à ne pas permettre
leur retour. Bien que la résolution n° 194 du Conseil de
sécurité de l’Onu soit claire et nette sur le droit au
retour et à la compensation des Palestiniens, les Israéliens
continuent cependant à prétendre qu’ils doivent se contenter
de l’un des deux droits seulement.
En
suivant des rapports américains et israéliens relatifs aux
éventuels scénarios concernant cette question épineuse dans
les pourparlers du statut final, on réalise immédiatement
qu’Israël continue à parier sur une paix boiteuse. Il
continue à baser ses comptes sur une entité palestinienne
limitée ne s’élevant pas à un Etat intègre géographiquement
et économiquement. Le point de départ dans la réalisation de
ce plan sera d’établir une contrepartie entre l’acceptation
d’Israël d’instaurer un Etat palestinien et entre le
renoncement au droit au retour des réfugiés de 1948 et des
déplacés de 1967, de sorte qu’Israël veuille bien ne pas
s’opposer à ce que l’Etat palestinien prévu soit un Etat
pour les Palestiniens, où qu’ils soient. Un Etat palestinien
qui leur octroie la nationalité et les passeports pour
qu’ils s’installent dans les pays d’accueil avec des
passeports palestiniens et des cartes de séjour dans les
pays de la diaspora, que ce soit des pays arabes ou
étrangers.
L’intensification des scénarios d’implantation des
Palestiniens dans leur pays d’accueil ces jours-ci, avant
que ne commencent les négociations du règlement final avec
le soutien et le parrainage de la nouvelle Administration
américaine, est un moyen de pression précoce. Et ce sous
prétexte de l’opposition du judaïsme de l’Etat avec
l’acceptation de citoyens non-juifs d’une part et de
l’incapacité de l’Etat palestinien prévu avec sa superficie
limitée d’assimiler des réfugiés et des déplacés d’autre
part.
Personne
ne peut obliger les Palestiniens à signer un règlement final
ne répondant pas à leurs demandes légitimes et ne
correspondant pas aux références fondamentales du processus
de paix.
Selon le
principe le plus simple de la justice politique, le retour
des réfugiés sur leurs terres doit avoir la priorité sur
ceux qui s’en sont appropriés sans aucun droit. Il doit y
avoir au moins une égalité entre le droit au retour des
Palestiniens et la prétention d’implantation des Israéliens
sous l’ombrelle d’une étrange loi inventée par Israël sous
le nom aussi de droit au retour. Cette loi donne le droit à
tout juif au monde de quitter son pays et d’obtenir, en plus
de la nationalité israélienne, un logement et un emploi dès
son arrivée en Israël.