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 Semaine du 17 au 23 juin 2009, numéro 771

 

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Damanhour. Depuis peu, cette grande ville de la Basse-Egypte s’enorgueillit de posséder son propre Opéra. Une superbe bâtisse datant de l’époque du roi Fouad dont la restauration vient d’être achevée. Vendredi dernier, les fans de musique se sont mis sur leur trente et un pour assister à un concert de chant arabe.

L’Opéra à la vedette

Assister à une soirée de chant ou à un concert dans un bâtiment d’une architecture royale, c’est désormais le grand événement pour les habitants de la ville de Damanhour dans le gouvernorat de Béheira. D’habitude, ils doivent parcourir des dizaines de kilomètres pour voir un nouveau film au cinéma ou profiter d’une pièce de théâtre. La ville ne possède qu’un seul cinéma qui a ouvert ses portes il y a quelques mois. Un cinéma d’allure modeste et qui n’assouvit pas les besoins d’un public assoiffé de divertissement. La plus importante ville de la Basse-Egypte a depuis peu son Opéra, situé au centre de la ville. Aujourd’hui, Damanhour connaît une agitation inhabituelle, un va-et-vient incessant de citoyens, une présence sécuritaire inhabituelle, des voitures qui arrivent de partout. C’est le premier jour du programme culturel de l’Opéra pour le mois de juin dans la ville qui a jadis connu des moments fastes. C’est le roi Fouad qui a érigé le bâtiment qui abrite l’Opéra actuel où se trouvent un théâtre, un cinéma et une bibliothèque, source de rayonnement à Béheira, en 1930. Un bâtiment dont les années ont effacé tout signe de vie culturelle, jusqu’au jour où il a été restauré par le ministère de la Culture et a rouvert ses portes en mai dernier. Une restauration qui a transformé ce tas de ruines où des insectes, des rats et de serpents ont trouvé abri, en une belle bâtisse authentique, digne d’être le troisième Opéra du pays après ceux du Caire et d’Alexandrie.

Le jour de la première soirée d’Opéra annoncée à Damanhour a été un jour pas comme les autres. Les familles ont réservé des billets d’avance et toute la ville s’est embellie pour accueillir ses visiteurs.

Aujourd’hui, c’est le chanteur Hani Chaker qui anime la soirée aux rythmes d’une musique arabe authentique, accompagné par la troupe Abdel-Halim Noweira. Une nouveauté, selon Ghada et Imane, que Damanhour n’a pas vécue depuis des lustres. « Un tel récital de chants n’a pas été organisé dans notre ville depuis longtemps », lancent les jeunes étudiantes universitaires, fières d’avoir eu l’opportunité d’assister à une soirée animée par Hani Chaker et de découvrir l’Opéra à Damanhour.

Dès que l’on pénètre dans la ville et jusqu’à la place Al-Saa (la montre), surnommée place de l’Opéra après sa restauration, la ville semble en état d’euphorie. Des hommes costumés, des femmes, en tenues de soirée, bien maquillées affluent vers l’Opéra, illuminé pour l’occasion. D’autres familles plus humbles et tenant des enfants par la main sont venues assouvir leur curiosité et assister à cet événement qui n’a pas empêché quelques citoyens habillés en djellabas d’assister à la soirée et s’extasier devant la voix de Hani Chaker. Et malgré le manque de publicité, les billets de la première soirée ont été tous écoulés et la salle qui comporte 450 sièges est presque au complet. Des billets vendus entre 15 et 35 L.E. et à la portée de tout le monde.

Samir Michael, comptable, est arrivé avec sa femme Amal et son fils Kyrollos, 16 ans, pour jouir de cette soirée de musique arabe, comme le dit ce père de famille. Quant à son fils, il confie être au comble de la joie d’avoir l’opportunité d’assister à un récital de son chanteur préféré Hani Chaker. « Je n’arrive pas à croire que je vais le voir en chair et en os et l’entendre chanter ici à Damanhour », dit le jeune Kyrollos, qui semble être différent des jeunes de son âge qui ne sont pas intéressés d’assister à cette première soirée à l’Opéra, étant donné que leurs chanteurs préférés n’y sont pas. « Nous voulons la star Tamer Hosni », demande Ahmad Al-Saadani, jeune officier, qui est là pour assurer la sécurité. Un autre confie qu’à Damanhour, seuls les chanteurs populaires font tabac. « Si l’Opéra programme de faire venir Baarour, Saad Al-Saghir ou Ossama Abdel-Ghani, tous les jeunes ne rateront aucune soirée », dit Islam, qui a été tout de même ébloui par le chanteur Hani Chaker lorsqu’il a fait son apparition dans la cour de l’Opéra, au volant de sa 4x4. « C’est quand même une star qui est venue à Damanhour », dit l’un des jeunes devant le portail de l’Opéra qui fait découvrir ce monde étrange à la ville. Et avant que la soirée ne commence, la salle s’est transformée en une ruche d’abeille. Les préparatifs avaient commencé depuis 15 jours. Un décor classique qui fait rappeler les belles soirées d’antan, mis en place par Mahmoud Haggag et des techniques de son bien choisis et élaborés par Achraf Abdel-Mohsen, qui assure que cette technologie nouvelle de son peut servir à tous les genres de spectacles, y compris pour la diffusion de films et de vidéo CD. De quoi attirer le public et affiner son goût pour pouvoir accueillir les mêmes programmes que l’Opéra du Caire et d’Alexandrie, et ce pour habituer petit à petit les citoyens de Damanhour à fréquenter ce lieu de rayonnement culturel, comme l’explique Hassan Kami, conseiller artistique de l’Opéra. A 21h pile, la soirée commence avec l’apparition de Hani Chaker sur scène aux rythmes de la musique arabe, qui a créé une ambiance euphorique, mais aussi patriotique dans la salle, puisque le chanteur a commencé par une chanson patriotique, afin de stimuler l’enthousiasme des auditeurs.

Maîtrisant la scène et faisant un bon choix de ses chansons les plus romantiques mais aussi celles du Rossignol brun, Abdel-Halim Hafez, et de l’Astre de l’Orient, Oum Kalsoum, Chaker a pu en quelques minutes épater le public. Des applaudissements, des sifflements et des propos admiratifs fusent de la salle, certains même réclament à la star une de leurs chansons préférées, comme Keda bardo ya amar, qui fait partie d’un ancien album et qui a enflammé le public. Une extase et un enthousiasme sans pareil s’emparent du public dès l’enchaînement des premières notes musicales d’une des chansons à succès de Abdel-Halim Hafez. Beaucoup ont l’impression d’assister à une soirée de Abdel-Halim, comme le dit Héba, étudiante venue accompagnée par ses parents pour goûter à cette ambiance. « Ceux qui disent que les gens ne veulent pas écouter la belle musique et le vrai art ont tort. Aujourd’hui, nous sommes ravis. Il y a toujours un public qui apprécie l’art raffiné », dit la jeune fille, prise par l’ambiance romantique, tandis que d’autres ont saisi l’occasion pour envoyer des messages d’amour discrètement à leurs bien-aimés. Deux heures se sont écoulées, la soirée tire à sa fin mais le public ravi ne semble pas vouloir quitter la salle. « C’est du fine, de la classe », dit Nachaat Essawi, fonctionnaire, venu avec sa femme et ses deux filles de 9 et 7 ans. Lui, comme beaucoup d’autres, refuse de quitter l’Opéra avant de voir sortir le chanteur Hani Chaker et le saluer. La famille de Nachaat a beaucoup apprécié cette ambiance à l’Opéra. « C’est le seul endroit où je peux laisser ma famille se rendre seule », dit Nachaat. Azza, sa femme, aimerait que pour la prochaine fois, l’on programme sa chanteuse préférée Chérine qu’elle adore. Quand aux responsables de l’Opéra, ils affirment que ce n’est qu’un début. « Commencer avec des chants arabes, ensuite intégrer des spectacles de ballets ou quelques opérettes, avec des traductions et des explications pour mieux initier le public de Damanhour aux nouveautés, mais à petites doses », explique Kami. Des aspirations qui ne semblent pas plaire à une bonne tranche du public, qui pense que des ballets ou des opérettes ne seront pas beaucoup appréciés par le public de Damanhour. « C’est compliqué, il faut faire parvenir Mohamad Fouad ou Ihab Tawfiq pour gagner un public plus jeune », dit Aymane, d’une vingtaine d’années. Quant à Salwa, enseignante, elle pense qu’un public c’est souvent bigarré et, qu’avec le temps, les gens vont s’habituer à des styles d’art raffiné. « C’est le but de l’Opéra, affiner les goûts. C’est une question de temps », dit Sanaa Bargach, conseillère de la femme au PND à Damanhour, ravie par cette belle soirée.

Mais l’Opéra continuera-t-il à éblouir le public de Damanhour avec son programme, ou devrait-il se plier au goût d’une bonne tranche de jeunes qui attendent impatiemment une soirée cool organisée pour leur idole Tamer Hosni ou d’assister à une soirée animée par le célèbre Saad Al-Saghir ? Des jeunes qui, cependant, ont entouré la star Hani Chaker à sa sortie de l’Opéra et ont même suivi sa voiture en répétant son nom.

En attendant d’autres soirées et malgré les divergences, tout le monde assure que cette parenthèse culturelle a mis de l’ambiance dans la ville, devenue plus attrayante aux yeux de ses habitants.

Doaa Khalifa

 




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