Grippe Porcine. Même le voyage sacré à La Mecque ressentira des effets de la pandémie estiment les experts.

 

Le pèlerinage menacé

 

A la suite de la crise économique, les agences de voyages attendaient la saison du pèlerinage à La Mecque en Arabie saoudite pour sortir de l’impasse et compenser un peu leurs pertes causées par la baisse du nombre de voyageurs. Ils ont commencé à faire comme chaque année les réservations et les deals avec les hôtels et les agences de transport saoudiens. Mais la grippe porcine est venue pour anéantir leurs rêves et bouleverser leurs comptes. Les tour-opérateurs sont choqués par la réaction de beaucoup de gens qui ont annulé leurs réservations, poussés par la peur de cette pandémie. « Depuis le mois de mars, les réservations étaient prometteuses pour la omra. Elles étaient même plus que l’année dernière. Mais après la propagation de la grippe porcine, les gens raffolés ont annulé leurs réservations avec un taux de 40 % », explique Bahaa Obeidi, directeur d’une agence de voyages. Il ajoute qu’en ce qui concerne les réservations pour le Haj (pèlerinage), la situation est encore pire, puisqu’elles ont baissé de plus de 50 %, surtout que cette année, le Haj sera en hiver et avec des prédictions de la croissance du nombre de personnes attaquées par cette grippe. Même la saison de la omra du mois du Ramadan est très faible par rapport à l’année dernière. « J’avais l’intention d’aller à la omra avec ma femme en mai, mais avec les nouvelles de la pandémie de la grippe porcine, on a changé d’avis, puisqu’on y va pour prier Dieu et lui satisfaire et l’islam nous invite à ne pas s’exposer soi-même aux périls », indique Maher Abdel-Baqi, comptable à la retraite.

« Si les annulations continuent de cette manière, ceci va causer beaucoup de pertes à plus de 800 agences de voyages travaillant dans le domaine du pèlerinage », assure Khaled Al-Manawi, président de la Chambre des agences de voyages.

Pour sa part, Essam Hanafi, propriétaire d’une agence de voyages, explique que les réservations se font à l’avance dans les hôtels en Arabie saoudite avec des sommes déposées ainsi que des lettres de garantie qui peuvent atteindre 250 000 L.E. En cas d’annulation, certains hôtels ne nous rendent pas ces sommes, ce qui cause une double perte. « Il s’y ajoute en plus les frais des visas qui coûtent dans certains cas 10 000 L.E. et qui sont sans doute non remboursables », explique-t-il.

Sur l’autre bout du fil, on trouve un couple, Nadia et Ibrahim, qui a décidé d’aller au Haj et n’a pas changé d’avis. « On y ira puisque rien n’est sûr jusqu’à présent et personne ne sait ce que cache le destin. Ce qu’on affrontera au Haj, on peut bien s’y être exposé dans nos domiciles. Mais ceci n’empêche pas que l’on prendra en considération toutes les précautions et les mesures que nous conseillent l’agence de voyages et les bulletins des ministères du Tourisme et de la Santé », assure Ibrahim Omrane, ingénieur.

« On espère que la pandémie ne se propagera pas, que les rumeurs n’aggraveront pas la situation et que les hommes de religion ne publieront pas une fatwa concernant l’annulation de la saison du pèlerinage cette année. Sinon les dégâts seront insupportables », conclut Khaled Al-Manawi.

Dalia Farouq