Grippe Porcine. Avec l’apparition des premiers cas en Egypte, des mesures de précaution
ont été prises, mais sans grande panique. Les Autorités sont vigilantes,
invitant les citoyens à plus d’hygiène.
Etat d’alerte modéré
« il n’y a aucun cas de grippe porcine
dans les branches de McDonald’s », ainsi titre le message qui n’a cessé d’être
véhiculé sur les portables des Egyptiens depuis l’apparition du virus A(H1N1)
en Egypte. Le fast-food américain précise dans le sms que les branches de Maadi
ont été fermées uniquement pendant une heure, comme mesure de précaution après
le recensement d’un cas dans une compagnie pétrolière dans ce quartier
résidentiel. Les rumeurs en effet se propageaient comme une traînée de poudre
sur fond d’augmentation du nombre des malades, de quoi créer un état de
panique. Mais était-il justifié ?
En une semaine, les cas
enregistrés ont sauté de 3 à 18. Il s’agit jusqu’à présent de personnes ayant
toutes voyagé récemment aux Etats-Unis ou au
La tension se sentait à Zamalek,
ce quartier de l’élite et des ambassades. Il était assez facile de repérer des
cafés souvent très animés devenus plutôt vides et des piétons en masques.
Olivier, un Franco-Egyptien, a renoncé à se rendre à son restaurant favori de
sushi « car il a été aussi fréquenté par les étudiants américains ».
Fouad, un autre résident de
Zamalek, a décidé de ne plus emmener sa fille à la crèche, « de crainte d’une
contamination ».
Le centre culturel Al-Sawi, très
fréquenté, situé sous le pont du 15 Mai, a décidé de distribuer des masques
avec chaque ticket. La faculté des beaux-arts, placée à quelques mètres de la
résidence américaine, a demandé aux parents de procurer des masques pour leurs
enfants qui suivent des cours d’été.
En dehors du quartier, les gens
semblent moins inquiets, même si la grippe porcine est le sujet qui domine
presque toutes les conversations.
Dans le métro du Caire qui
transporte quelque 2,5 millions de passagers par jour, très peu ont pensé à
porter des masques. Uniquement trois personnes dans le wagon réservé aux
femmes. Et dans le reste du train, on ne compte même pas une dizaine. La plupart
s’est contentée de poser un mouchoir sur le nez et d’autres femmes voilées ont
couvert la bouche et le nez avec le bout de leur voile. (Lire reportage page
5).
Le gouvernement s’est efforcé de
se montrer plutôt calme. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) venait
d’annoncer le déclenchement de la phase d’alerte 6 maximale, déclarant la
première pandémie de grippe atypique du siècle. Le chef du gouvernement a
pourtant cherché à rassurer les Egyptiens : « Ni la nourriture, ni les piscines
ne véhiculent le virus ».
Les Autorités affirment que le
contrôle est renforcé à l’aéroport pour tenter de détecter tout nouveau cas qui
arrive en Egypte. Les hôpitaux sont en état d’alerte.
« Aucune mesure supplémentaire
n’est pour l’instant nécessaire », dit le ministre de la Santé. Pas de
changement dans les moyens de transport. Le métro restera ouvert, les écoles
aussi continueront à accueillir les élèves qui passent en ce moment les examens
du bac. Aucune annulation non plus de futurs matchs.
L’Egypte qui, tout à fait au début
de l’apparition du virus au Mexique, a décidé d’abattre tout son cheptel
porcin, se contente en ce moment d’informer la population sur les moyens de
précaution contre l’influenza.
Une campagne, financée par l’Aide
américaine et lancée sur les ondes de la radio, appelle les gens surtout à « se
laver sans cesse les mains avec de l’eau et du savon ». Le gouvernement, même
s’il n’a pas annulé les voyages à La Mecque, appelle les Egyptiens à éviter ce
rassemblement autant que possible.
Au Parlement, le comité de la
santé a demandé au ministre de la Santé, Hatem Al-Gabali, de venir présenter le
plan du gouvernement en cas d’une propagation du virus ou de sa transformation
en pandémie dans le pays.
Un black-out entoure d’ailleurs ce
dit plan gouvernemental et les fonds accordés par l’Etat pour l’appliquer. Le
président de commission de la santé au Parlement, Hamdi Al-Sayed, a affirmé à
l’Hebdo qu’il ignorait les détails de ces mesures. Le Parlement s’est
uniquement penché sur la possibilité ou non d’avoir recours aux laboratoires
des hôpitaux universitaires aux côtés de ceux du ministère de la Santé. Selon
lui, « les députés ont décidé de l’accepter uniquement en cas de pandémie en
Egypte et que dans aucun des cas les labos privés ne seront impliqués dans les
analyses ».
Le vrai danger
Le député qui est également
président de l’ordre des Médecins estime que les mesures adoptées par le
gouvernement pour lutter contre le virus H1N1 sont assez adéquates. Ce qui
l’inquiète le plus, c’est la grippe aviaire.
L’Egypte figure parmi les pays qui
ont enregistré le plus de cas, elle a pourtant compté 30 % moins de décès que
le taux mondial. Une mutation du virus et sa contamination d’un homme à
l’autre, c’est dans tous les cas ce que craint l’Egypte le plus. C’est pourquoi
Le Caire travaille sur la production d’un vaccin contre la grippe aviaire.
Quant à la grippe porcine, les
laboratoires internationaux se sont lancés dans une course contre la montre
pour produire au plus vite un vaccin avant l’arrivée de l’automne.
La compagnie suisse Novartis a
annoncé en fin de semaine dernière avoir produit un premier lot de vaccin
contre le virus A(H1N1) qui va servir à des études cliniques. Le vaccin devrait
être prêt d’ici septembre ou octobre. La compagnie dit dans un communiqué avoir
reçu des demandes de plus de 30 gouvernements. La plus importante demande vient
des Etats-Unis, avec un coût de 289 millions de dollars. D’autres compagnies
pharmaceutiques font aussi la course.
Dans les rues du Caire, l’on parle
plus des masques et de leurs prix qui ont connu un saut considérable. Ainsi
sommes-nous passés de 25 piastres à 7 L.E. le seul masque.
Les institutions religieuses
tentent de signer présent dans l’affaire. Le ministère des Waqfs a demandé aux
imams de raccourcir la prêche de vendredi. A la mosquée et à l’église, l’on
donne des conseils d’hygiène et l’on demande aux Egyptiens de renoncer à
certaines habitudes : éviter la bise. Faire d’une
Chérine Abdel-Azim