Al-Ahram Hebdo,Environnement |
  Président Morsi Attalla
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
Nos Archives

 Semaine du 17 au 23 juin 2009, numéro 771

 

Contactez-nous Version imprimable

  Une

  Evénement

  Enquête

  Dossier

  Nulle part ailleurs

  Invité

  Egypte

  Economie

  Monde Arabe

  Afrique

  Monde

  Opinion

  Arts

  Livres

  Littérature

  Visages

  Environnement

  Voyages

  Sports

  Vie mondaine

  Echangez, écrivez



  AGENDA


Publicité
Abonnement
 
Environnement

Désertification. La Journée mondiale de lutte contre ce phénomène est célébrée ce 17 juin avec des festivités organisées par la Convention des Nations-Unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD). Mais elle n’a pas été mentionnée dans la dernière stratégie égyptienne pour l’agriculture jusqu’à l’an 2030.

Les menaces encore mal saisies

Aujourd’hui 17 juin, le monde célèbre la Journée mondiale pour la lutte contre la désertification. Une lutte contre la dégradation des sols et contre tout changement menant à la diminution des produits agricoles et causant la pauvreté. Vu les signes de changements climatiques dont le monde témoigne depuis presque un siècle, les responsables des Nations-Unies ont opté pour mettre l’accent en 2009 sur le thème suivant : « Préserver terre et eau = Protéger notre avenir à nous ». Un thème qui signifie que la sécurité humaine sur la planète dépend du développement durable des sols et de l’eau. Pour célébrer cette journée, le secrétariat de la Convention des Nations-Unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD) a lancé un concours international de photographie. Les photographes amateurs et professionnels sont appelés à aider, par leurs photos, à la prise de conscience des enjeux de la désertification, de la dégradation des terres et de la sécheresse.

En Egypte, pays désertique numéro un dans le monde selon les différentes études faites par les instances écologiques internationales, les célébrations se sont bornées à ce modeste concours auquel a fait appel le Centre de Recherches sur le Désert (CRD) relevant du ministère de l’Agriculture et de la Bonification des terres. Pourtant, il s’agit d’une question vitale pour ce pays qui compte, selon l’Agence centrale égyptienne de mobilisation du public et des statistiques (CAPMAS), 75,22 millions de personnes fin 2008. Pourquoi ? Tout simplement parce que non seulement 86 % environ du territoire égyptien est situé dans une zone d’extrême aridité, mais le pire est que l’Egypte, située à l’extrême droite du nord du continent africain, n’est pas un pays pluvieux. Une négligence de la part des responsables égyptiens, peut-être. Mais ce qui est sûr c’est que la notion de désertification n’a pas été mentionnée dans la stratégie que le ministère de l’Agriculture et de la Bonification des terres s’apprête à soumettre à l’Assemblée du peuple dans les mois qui viennent. Il s’agit d’une stratégie pour l’agriculture en Egypte d’ici à l’an 2030 ! « Est-il possible qu’une stratégie étatique portant sur les politiques de l’agriculture en Egypte ne mentionne absolument pas la désertification ni même le désert ? Est-il logique qu’aucun chercheur du CRD ne figure parmi ceux d’autres domaines scientifiques qui ont exposé cette stratégie ? Nous parlons de changements climatiques affectant la production des terres agricoles, commençant par la sécheresse, passant par la détérioration des sols et arrivant jusqu’à l’érosion et la salinité. Mais cela signifie-t-il une marginalisation complète d’un tel phénomène dangereux menaçant le pays ? », déplore Samer Al-Moufti, spécialiste du désert et ancien secrétaire général du CRD.

Si la désertification est en même temps la cause et la conséquence de la pauvreté, elle est également synonyme de famine. L’UNCCD définit la désertification comme la dégradation des sols dans les zones arides, semi-arides et sub-humides sèches. Elle se produit lorsque les sols sont fragiles, le couvert végétal amenuisé et le climat particulièrement impitoyable. Ces régions sont habitées par un cinquième de la population mondiale. Un tiers de la superficie des terres émergées du globe (4 milliards d’hectares) est menacé par ce phénomène, et plus de 250 millions de personnes sont directement affectées par ce problème, selon la même source. Les principales causes de la désertification sont les variations du climat et les activités humaines. Mais aussi les décisions et les plans élaborés sans étudier ni tenir compte de l’intérêt national du pays concerné. La planification de l’avenir de l’agriculture en Egypte qui sera discutée prochainement à l’Assemblée du peuple en est la preuve.

Augmenter la production agricole de 4,1 % à 5 %

Dans la stratégie du ministère de l’Agriculture, les responsables ont proposé des solutions pour préserver le sol et l’eau en Egypte. Pour ce qui est des terres atteintes de salinité, il s’agit de fertiliser les sols et de les régénérer grâce à des matières organiques, tout en assurant un bon drainage. Quant à la préservation de l’eau, il suffit de sensibiliser le paysan pour qu’il applique les systèmes d’irrigation qui rationalisent l’utilisation de l’eau dans l’irrigation et diminuent la perte de l’eau de 30 %, sinon plus. Ces propositions exigent d’être financées. Solutions : les dons et la coopération internationale entre l’Egypte et les autres pays comme ceux de l’Union européenne et le Japon. L’objectif selon cette stratégie est d’augmenter la production agricole de l’actuel 4,1 % à 5 %. Ainsi, il faut d’évidence prendre en considération les changements climatiques. « Cette stratégie est basée sur l’hypothèse selon laquelle l’Egypte obtiendra le même quota d’eau lors de la conclusion de la nouvelle convention entre les pays du Bassin du Nil. Nous devons reconnaître que l’application des dispositions de cette stratégie ainsi que le changement des habitudes des paysans dans l’agriculture ne sont pas contrôlables. En tant qu’Etat, le ministère devrait soumettre une stratégie pour mener à bien les politiques qui organisent cette activité humaine dans le pays ! », affirme Mohamad Abdel-Hamid Nofal, président de l’administration centrale pour les terres et l’eau au sein du ministère de l’Agriculture.

Si ces mesures sont appliquées ou ont été appliquées dans la plupart des gouvernorats, cela n’empêche que l’Egypte, dont 10 % ou presque du Delta est menacé de submersion, a déjà commencé à perdre des terres situées dans le nord de son territoire en raison de la désertification résultant des changements climatiques. « La côte du Delta fait 270 kilomètres, l’érosion a déjà attaqué plusieurs endroits à l’extrême gauche de la côte de Rosette. La salinité aussi menace les terres agricoles et d’ailleurs plusieurs paysans ont quitté leur gagne-pain et se sont déplacés. En fait, la question est d’une telle importance qu’entre les années fiscales 2001 et 2006, la Banque mondiale a consacré 1,4 milliard de dollars à des projets de gestion des ressources naturelles, dont 701 millions spécifiquement destinés à la gestion durable des terres », explique un professeur à la faculté d’agronomie à l’Université d’Alexandrie qui a requis l’anonymat.

Il ne s’agit donc pas de documents que les responsables ou les fonctionnaires devraient remplir et soumettre. Il est question, comme Al-Moufti le souligne, « de la mise en place de règles obligatoires à tout le monde et de donner l’opportunité aux activités des ONG pour exercer des pressions sur le gouvernement afin qu’il prenne la bonne décision. Il est question de sensibiliser le public pour qu’il connaisse exactement les dangers naturels auxquels il doit faire face. Sans oublier de rendre efficace toute décision et toute loi stipulée. Bref, il s’agit pour moi de prendre la question au sérieux parce que l’Egypte est exposée, d’après toutes les recherches scientifiques, à la sécheresse et la désertification à cause des changements climatiques sévères ».

D’après plusieurs scénarios, il se peut que le Nil soit exposé à une diminution critique de l’eau menaçant tous les pays riverains. Quant aux eaux du Lac Nasser, elles ne peuvent pas suffire à une population égyptienne qui atteindra plus de 80 millions d’individus dans les années à venir.

Racha Hanafi

Retour au sommaire

 




Equipe du journal électronique:
Equipe éditoriale: Névine Kamel- Howaïda Salah -Thérèse Joseph
Assistant technique: Karim Farouk
Webmaster: Samah Ziad

Droits de reproduction et de diffusion réservés. © AL-AHRAM Hebdo
Usage strictement personnel.
L'utilisateur du site reconnaît avoir pris connaissance de la Licence

de droits d'usage, en accepter et en respecter les dispositions.