Danse Contemporaine. La dixième édition du festival a débuté par une coopération entre la compagnie de Walid Aouni et la chorégraphe suédoise Marie Brolin Tani, donnant Othello. Dix compagnies, 16 spectacles, colloques et projections jusqu’au 6 juillet.

 

Rivalité des pas

 

Tout commence dans une ambiance douce, sereine et paisible. Un air mélodieux, un rythme lent et une gestuelle tendre nous annoncent la relation entre deux amis. Mais les apparences sont trompeuses. Des rythmes forts s’introduisent et les deux amis échangent des regards de rivalité. La confrontation dévoile les conflits internes et la chorégraphie met bien en opposition les deux danseurs. Il s’agit de l’œuvre de Shakespeare Othello. Un spectacle chorégraphié et mis en scène par la Suédoise Marie Brolin Tani et interprété par la compagnie de danse-théâtre de Walid Aouni. « J’ai déjà assisté à des spectacles lors des différentes éditions du festival. Et lors de mes visites au Caire, j’ai animé des ateliers de formation. J’ai longtemps discuté avec Walid Aouni au sujet d’Othello. C’est une œuvre universelle. Les textes de Shakespeare sont souvent imprégnés d’émotions fortes et de sentiments humains. Ce qui les rend toujours vivants. Othello est un jeu de rivalité et de jalousie entre deux hommes aux actes destructifs. C’est l’un des sept péchés originaux », explique Marie Briolini Tani.

En fait, Tani a déjà monté Othello en Afrique du Sud, avec six danseurs africains. Pourtant, cette version cairote qui respecte l’histoire et les personnages originaux et qui regroupe 18 danseurs s’avère vraiment nouvelle. Durant six semaines de préparation et de répétitions, les danseurs eux-mêmes ont eu la chance d’improviser quelques mouvements. Tani manipule bien les corps des danseurs et leurs mouvements sur scène.

Au départ, les mouvements d’Othello et Jago (les deux amis et rivaux) sont parallèles, puis chacun adopte une expression physique différente. Là, un bouleversement. Les mouvements et les marches tranquilles des compagnons d’Othello s’opposent aussi à la course de Jago. Sauter sur les épaules des deux d’entre eux et faire avancer les pieds comme s’il est en train de courir en l’air résume bien son attitude. Une fois son plan de destruction réussi, il domine tout et monte sur l’épaule d’Othello et le guide pour courir, rêver et agir.

Les scènes d’amour sont assez originales. Desdemouna se jette aux pieds de son amoureux Othello, elle s’appuie sur sa jambe et suit sa marche avec le corps. Chacun des danseurs nous fait découvrir son potentiel physique.

La mise en scène nous situe dans le présent. Tani a recours à des habits contemporains appartenant à une classe sociale assez élevée. Les danseurs portent des costumes, des pantalons, des chemises, des cravates et des robes courtes. Une élégance voulue.

La musique du Danois Henrik Munch est basée sur une compilation de morceaux danois et africains. Ces derniers illustrent bien les moments de conflit, de jalousie et de colère.

Le décor et la scénographie de Hans-Olof Tani importé de Suède se compose d’éléments légers suspendus en l’air. Cela reflète la perplexité continue et le conflit intérieur d’Othello. Ce personnage shakespearien engagé dans un show de rivalité au niveau de l’histoire aussi bien que celui de la danse.

May Sélim