Processus de Paix. Benyamin
Netanyahu a fait part de ses exigences irréalisables pour la création d’un Etat palestinien dans
un discours hué par les Palestiniens et applaudi par la communauté
internationale.
Netanyahu conditionne l’impossible
Ce sont des conditions chimériques
que le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a posées lors de son
discours, dimanche dernier, sur sa « vision » de la paix et de la sécurité. Des
propositions loin de représenter une véritable solution pour la paix. En effet,
en acceptant pour la première fois le principe d’un Etat palestinien, Benyamin
Netanyahu a ouvert une voie vers une solution au conflit qu’il s’est toutefois
empressé de refermer en l’assortissant de conditions jugées inacceptables : un
Etat démilitarisé, une reconnaissance par les Palestiniens du caractère juif
d’Israël, un rejet du gel de la colonisation, un refus du retour des réfugiés
et Jérusalem capitale éternelle d’Israël.
Un « oui, mais » irréalisable. Ce
ne sont donc pas des conditions mais des entraves qui ne permettent même pas
une reprise des négociations. Car sur quoi les deux parties peuvent-elles alors
négocier si les conditions minimums nécessaires pour une relance de la paix
sont inexistantes ? Benyamin Netanyahu s’est ainsi montré plus intransigeant
que jamais. Mais aussi plus malin que jamais. En évoquant pour la première fois
la création d’un Etat palestinien, il s’est assuré le soutien de la communauté
internationale, qui l’appelait à accepter la solution de deux Etats. Il n’en demeure
pas moins que Netanyahu a prouvé qu’il était loin d’être prêt à parvenir à la
paix.
« Après le discours
Côté égyptien, le président Hosni
Moubarak a estimé lundi que l’appel de Netanyahu aux Palestiniens à reconnaître
le caractère juif d’Israël « ruinait les possibilités de paix ». « Personne ne
soutiendra cet appel, ni en Egypte ni ailleurs », a-t-il ajouté.
Réactions internationales décevantes
Or, les premières réactions
internationales au discours de Netanyahu ne promettent pas aux Palestiniens le
soutien qu’ils attendent. Le président américain, Barack Obama, a salué
dimanche ce qu’il a considéré comme un « important pas en avant », alors que
l’Union Européenne (UE) a qualifié le discours du premier ministre israélien
comme « un pas dans la bonne direction ».
Les Etats-Unis, comme l’UE, n’ont
semble-t-il retenu que l’acceptation théorique par Benyamin Netanyahu du
principe de la création d’un Etat palestinien, tout en omettant le reste,
c’est-à-dire les exigences israéliennes impossibles à remplir. Ainsi, comme l’a
déclaré Erakat, « la question qui se pose à présent est : Que vont faire les
Etats-Unis et le Quartette (Etats-Unis, UE, Russie et Onu) ? ». En effet, que
peuvent faire ces médiateurs qui œuvrent pour un règlement fondé sur la
création d’un Etat palestinien au côté d’Israël face à l’intransigeant
Netanyahu ?
En feignant de se soumettre aux
pressions internationales, et notamment américaines suite au discours de Barack
Obama du 4 juin concernant l’acceptation du principe d’une solution à deux
Etats, le premier ministre israélien a marqué un coup en sa faveur. Il a en
quelque sorte poussé la communauté internationale à l’applaudir, alors qu’il
n’a rien dit de concrètement applicable. C’est donc une contre-offensive
israélienne. Netanyahu a accepté le principe de deux Etats, mais en le vidant
de son contenu. De cette manière, il s’assure de diminuer les pressions
exercées à son encontre en mettant la communauté internationale au pied du mur.
Abir Taleb