Grippe Porcine.
Un de nos lecteurs exprime son mécontentement vis-à-vis de
la décision de mettre fin aux porcs dans notre pays pour
soi-disant éloigner cette pandémie.
Est-ce la meilleure solution ?
Le
gouvernement a annoncé « l’égorgement des 250 000 porcs au
Caire et à Guiza » afin de prévenir l’apparition de la
grippe porcine. Est-ce la meilleure solution ou simplement
un prétexte politique visant à se débarrasser de ces animaux
« gênants » ? Cette décision a été prise avant même
l’apparition d’un seul cas en Egypte. Selon certains, ces
animaux reflètent une image hideuse du pays, car ils se
nourrissent des ordures ménagères à ciel ouvert au Caire.
Mais ils représentent en même temps une richesse animalière
pour le pays et le gagne-pain de plusieurs dizaines de
milliers de familles, très pauvres, qui se sont spécialisées
dans leur élevage. Ces animaux sont le fruit de plusieurs
années de travail et quoi de pire pour un éleveur que de
voir tous ses efforts réduits à néant en quelques secondes ?
Lors de la grippe aviaire, avait-on décidé de décimer toute
la volaille en Egypte ? Pourtant, cette maladie a touché de
plein fouet l’Egypte et continue de faire des victimes
jusqu’à aujourd’hui.
Les
porcs sont perçus négativement et cette « maladie mexicaine
» donne un alibi pour leur complète éradication. A mon avis,
il s’agit d’une manœuvre de plus visant à éliminer
progressivement le métier des zabbalines (trieurs d’ordures)
en Egypte. J’aimerais que votre journal se penche sur cette
question, sur les conséquences de cette décision et sur les
motivations réelles. Je vous remercie d’avance et un grand
bonjour à toute l’équipe d’Al-Ahram Hebdo qui fournit tant
d’efforts pour ce journal si riche.
Boutros Haffez,
Zamalek.
Adieu
prof. docteur Chawki Mikhaïl
Le
dimanche 26 avril, l’humanité a perdu un de ses rares «
Hommes » dignes de ce titre : notre cher professeur docteur
Chawki Mikhaïl, l’ex-chef du département du français de la
faculté de pédagogie de Aïn-Chams. Pour ceux qui ne
connaissent pas prof. docteur Chawki Mikhaïl, je peux leur
dire qu’il est un des grands professeurs à qui les titres ne
donnent que plus de modestie et plus d’amour pour tout le
monde. Il est le maître de la plupart des enseignants et de
tous les assistants et les maîtres-assistants de notre
département. Il était de même ex-président du département du
français à Zagazig. Il a participé à la formation académique
et morale de tant d’étudiants et de professeurs. Il n’a
jamais recherché le profit matériel, au moment où le
matériel est devenu le centre des préoccupations des gens.
Il était indifférent à tout discours hors de ses principes,
sans jamais sentir le remords ou éprouver de la rancune. Son
cours était basé essentiellement sur son document volumineux
duquel il choisissait des parties qu’il nous expliquait et
dictait, ou parfois, nous laissait photocopier sans jamais
réfléchir à en faire des livres qui pourraient lui apporter
une grande fortune ! On ne l’a jamais entendu proférer des
mots autres que ceux de l’encouragement et de l’amour. Les
mots de menaces, d’insultes, ou ceux qui pourraient indigner
la personne ou la blesser, n’ont jamais sali ses lèvres,
quels que soient la situation et le degré de sa colère. Son
sourire suffisait à nous tranquilliser et à nous orienter
sur notre chemin. Bref, il est de cette génération grandiose
qui regroupe aussi nos chers défunts professeurs Gamil Farag,
Ezzat Canilli, Yéhia Saad et Emile Mando. Des professeurs
dont notre département regrettera toujours la mort, et qui
ne mourront jamais puisqu’ils demeureront toujours présents
dans son discours et dans sa mémoire. Enfin, en faisant
hommage à mon défunt professeur docteur Chawki, je voulais
en fait jeter la lumière sur tout ce qu’il représentait de
valeur pour sa carrière et ses étudiants. Cette valeur qui
tend hélas à disparaître si nous ne prenons au sérieux la
responsabilité de sa renaissance et de sa protection.
Hoda
Naïm,
Maître de conférences à la faculté de pédagogie de Aïn-Chams.
L’échec du ministre
Le
ministre de l’Agriculture, Amin Abaza, a lamentablement
échoué dans sa tentative d’affronter la grippe aviaire. Dès
le début de son plan et la manière utilisée pour réagir
contre cette catastrophe ainsi que le vaccin pour protéger
les volailles, on a senti que ça n’allait pas réussir.
Tous les
efforts ont abouti à la persistance de la maladie et ont
causé de lourdes pertes à la richesse nationale, en plus des
pertes humaines qui ont dépassé tous les chiffres dans le
monde entier. Les cas sont de 67, dont 26 décès et 90 % de
femmes et d’enfants, tandis que le nombre de cas infectés
dans le monde entier a atteint 422 personnes, dont 260 sont
mortes.
Une
autre catastrophe a fait irruption, celle de la grippe
porcine qui s’est propagée dans quelques pays comme le
Mexique et les Etats-Unis à une vitesse vertigineuse. Le
plus grave est l’apparition de cas en Israël, à nos
frontières. Ce virus se propage d’homme à homme, ce qui le
rend plus dangereux que la grippe aviaire. L’Egypte a pris
des mesures strictes au niveau des aéroports où une équipe
médicale est chargée d’examiner tous les voyageurs pour
détecter une quelconque personne atteinte. Je prie Dieu pour
que ce virus n’entre pas en Egypte.
Ossama Badawi,
Nouveau Caire.
Dérèglement financier ou religieux ?
Laissez-moi
dire un mot ou deux sur l’intéressant article publié dans le
numéro 764 d’Al-Ahram Hebdo et intitulé « L’implosion
prochaine de notre système de valeurs ». L’article portait
sur la critique du dernier essai d’Amin Maalouf. Premier
point : Je voudrais rappeler que pour des raisons obscures,
le livre n’a obtenu l’aval de l’Organisme de la censure que
la semaine dernière. Qui est derrière ces méfiances quant à
la parution d’ouvrages français (ou francophones) en Egypte
? Quel risque encourt notre pays à rendre ces livres
accessibles ? Je pense à Cossery qui doit sourire dans sa
tombe de voir son livre interdit. C’est pour lui une
victoire signifiant que sa vision était la bonne.
Deuxième
point : le dérèglement des méthodes qui servent à gagner de
l’argent. Amin Maalouf ne voit aucun sens à gagner de
l’argent qui ne soit lié « ni à un effort physique ni à un
effort intellectuel ». Il s’agit alors de spéculations, de
taux d’intérêt sur les emprunts ou de paris dus au hasard.
Permettez-moi de vous rappeler que le christianisme et
l’islam interdisent de gagner de l’argent sur l’argent,
c’est-à-dire sans rien faire, en restant les bras croisés à
attendre que les intérêts rapportent. Seule une religion
autorise ces méthodes : il s’agit du judaïsme. C’est pour
cela que les juifs ont souvent été, au cours de l’Histoire,
ceux qui faisaient office de banquiers. Le dérèglement
financier dont parle Amin Maalouf devient donc un
dérèglement religieux, car ni les chrétiens ni les musulmans
ne respectent aujourd’hui ce principe sage qui indique qu’il
est immoral de gagner de l’argent sans rien faire.
Youssef El-Charbani,
Madinet Nasr.