Changements Climatiques.
De nombreux bâtiments publics et monuments égyptiens ont été
plongés dans le noir samedi dernier pendant une heure, à
l’appel du Fonds mondial pour la nature (WWF). Les
particuliers n’ont pas été aussi réceptifs.
L’Egypte entre dans l’« Heure de la Terre »
Les
pyramides de guiza, le Sphinx ou encore la Citadelle et
plusieurs monuments et bâtiments publics ou privés ont été,
au Caire, plongés dans le noir samedi 28 mars 2009, de 20h30
à 21h30. Le temple de Louqsor et la Bibliothèque
d’Alexandrie, entre autres, ont de même participé à
l’événement. L’objectif de cette action mondiale, lancée par
le WWF (World Wild Fund) et appelée « Heure de la Terre »
(voir encadré), n’était pas de réduire la consommation
d’énergie ou les émissions de dioxyde de carbone, mais
d’envoyer un message lumineux d’engagement envers la
planète.
Si l’Egypte a montré son engagement cette année, c’est parce
que le ministre de l’Environnement, Magued Georges, accorde
une grande importance à la coopération internationale.
Surtout que l’Egypte est, sans doute, l’un des pays les plus
vulnérables aux menaces du réchauffement climatique. « Le
réchauffement, la sécheresse et le raccourcissement des
saisons des pluies font que les ressources du Nil diminuent.
Les ressources en eau seront gravement touchées durant les
années à venir et les experts en eau avouent que 3 des 10
pays du Bassin du Nil, y compris l’Egypte, souffriront de
pénurie à l’horizon 2025 », commente le Dr Emadeddine Adli,
président du Forum international des organisations de la
société civile pour le développement du Bassin du Nil, connu
sous le nom de NBD (Nile Basin Discourse) et président du
Bureau Arabe pour la Jeunesse et l’Environnement (BAJE). Ce
qui aura des répercussions négatives sur l’agriculture, qui
consomme à elle seule 85 % de ressources en eau du pays. «
Outre les effets sur l’eau potable et l’agriculture,
l’élévation du niveau de la mer, conjuguée à l’augmentation
prévue de la température, pourrait déplacer des millions de
personnes vivant dans les régions de basse altitude, telles
que le Delta du Nil », explique le Dr Moustapha Kamal Tolba,
expert international de l’environnement et ancien directeur
exécutif du PNUE. « La situation est dangereuse et une prise
de conscience rapide est nécessaire. Il était donc temps de
participer à cet événement planétaire. Le réchauffement
climatique, la sécheresse, la fonte des glaces, l’élévation
du niveau de la mer … tout cela nous a encouragés à prendre
part à cette initiative pour la première fois en Egypte »,
avoue Camélia Naguib, ex-sous secrétaire d’Etat à
l’établissement des impôts.
Soirée très agréable
Mais qu’ont fait les Egyptiens pendant une heure dans le
noir ? Les plus romantiques ont dîné aux chandelles et
d’autres contemplatifs ont observé les étoiles. « Moi,
personnellement, j’ai participé à cette opération avec mes
enfants. Je voulais leur apprendre la nécessité de la
participation collective. Nous avons dîné aux bougies.
C’était une soirée très agréable », avoue Mona, journaliste.
D’autres, comme les écoles privées, se sont arrangés avec
les horaires. Au Collège de la Sainte-Famille, et pour
sensibiliser la nouvelle génération, le père Roumani a
déclaré samedi matin durant le salut au drapeau : « Nous
allons aujourd’hui éteindre la lumière pendant toute la
journée, de 8h30 à 14h pour participer à l’Heure de la
Terre. Mais vous devrez aussi éteindre la lumière ce soir
chez vous de 20h30 à 21h30 ». Quant à l’ingénieur Hoda
Al-Miqati, directrice du Centre Arc-en-Ciel, situé à la
Bibliothèque d’Alexandrie, elle affirme avoir éteint «
toutes les lampes principales de la bibliothèque » pendant
la journée.
D’autres personnes sont, par contre, passées à côté de
l’événement. « On ne peut pas éteindre la lumière pendant
une heure, c’est beaucoup pour un enfant qui a un examen le
lendemain », a estimé une mère de famille. Les supermarchés,
les cafés, les échoppes et les magasins de foul et falafel
n’ont pas non plus respecté l’initiative mondiale. Même
attitude dans les quartiers populaires. « Eteindre la
lumière serait donner une très bonne occasion aux voleurs »,
a expliqué une habitante.
Mais le plus important c’est qu’une frange importante du
pays, et parmi la plus éduquée, n’était pas au courant de
cette initiative mondiale. « Comme quoi, dire que les
Egyptiens ne comprennent même pas le terme réchauffement
climatique n’est pas exagéré. Il nous faut plus
d’explications avant de recevoir l’ordre de faire ceci ou
cela », opine Soha, étudiante. Les campagnes de
sensibilisation au respect de l’environnement dans les
médias égyptiens semblent donc encore insuffisantes.
Manar
Attiya