Al-Ahram Hebdo,Monde Arabe | Du pain sur la planche
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 Semaine du 30 décembre 2009 au 5 janvier 2010 2009, numéro 799

 

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Iraq. Le pays s’apprête à tenir, en mars prochain, des élections législatives cruciales pour sa stabilité. Des élections qui font office de test pour les relations entre les différentes communautés confessionnelles.

Du pain sur la planche

Les autorités iraqiennes se targuent d’avoir réussi, en 2009, dans une certaine mesure du moins, à juguler la violence dans le pays. Selon les chiffres officiels, 3 114 civils, militaires et policiers iraqiens ont été tués entre janvier et novembre 2009. Ce chiffre, qui reste énorme, notamment en comparaison avec les pays pacifiés, révèle tout de même une remarquable baisse par rapport aux 6 798 morts de 2008, aux 17 783 de 2007 et aux 34 452 de 2006, quand les violences confessionnelles étaient à leur apogée. Une prouesse dont les responsables iraqiens sont fiers. Et pourtant, les dissensions confessionnelles sont loin d’être finies. Et elles menacent surtout la tenue des élections législatives prévues en mars prochain. Ces élections, les deuxièmes depuis la chute du régime de Saddam Hussein en 2003, sont une étape indispensable à la stabilité du pays.

La tenue de ce scrutin devrait aussi donner le signal de la deuxième et avant-dernière étape du retrait des forces américaines, dernier contingent de la Force multinationale qui avait envahi le pays il y a plus de six ans. Son nom changera d’ailleurs au début de l’année pour devenir les Forces américaines en Iraq (USF-I). Le 30 juin, elles se sont déjà retirées des villes et des localités en transférant le pouvoir aux forces de sécurité iraqiennes. A la fin août 2010, 50 000 troupes de combat auront quitté l’Iraq et il ne restera qu’une force résiduelle de 65 000 hommes qui partira au plus tard fin 2011.

Comme c’est le cas depuis la chute du régime de Saddam Hussein, la sécurité sera donc au centre des préoccupations dans la campagne électorale. Selon les analystes, affaibli par la défection de milliers de combattants sunnites qui ont retourné leurs armes contre lui, le réseau d’Al-Qaëda a dû changer de stratégie. Il a abandonné la guerre confessionnelle qui n’a pas abouti à l’éclatement du pays pour mener des actions spectaculaires contre des institutions étatiques à Bagdad. Les 19 août, 25 octobre et 8 décembre, des voitures piégées, souvent conduites par des kamikazes, ont visé des bâtiments publics tels que les ministères des Affaires étrangères, des Finances, de la Justice, le gouvernorat de Bagdad et un grand tribunal, faisant au moins 386 tués et 1 500 blessés. Ce nouveau mode opératoire a pris de court le premier ministre et les ministres chargés de la sécurité, qui ont dû s’expliquer devant le Parlement sur l’incapacité du gouvernement à faire face à ces attaques. Ce sujet sera un des thèmes des élections législatives du 7 mars auxquelles les sunnites, qui ont perdu le pouvoir en 2003 après 80 ans de domination, devraient participer en masse. En 2005, ils s’étaient largement abstenus, entraînant leur sous-représentation dans un Parlement dominé par les chiites et les Kurdes.

Le pétrole, encore et toujours ...

Un autre dossier devra préoccuper les autorités iraqiennes au cours de 2010 : les relations avec l’Iran. Les relations irano-iraqiennes se sont réchauffées depuis le renversement, en 2003, de Saddam Hussein, qui était de confession sunnite. Beaucoup de dirigeants chiites, maintenant au pouvoir en Iraq, s’étaient réfugiés en Iran sous Saddam Hussein. Mais les relations ont été empoisonnées par des accusations d’ingérence iranienne en Iraq et par l’opposition de Téhéran à la présence de troupes américaines. A l’approche des élections, être perçu comme proche de l’Iran est devenu un handicap pour un homme politique iraqien.

Pour le ministre des Affaires étrangères Hoshyar Zebari, les relations avec l’Iran, qui viole la frontière de l’Iraq depuis 2006, sont le « plus gros dossier » à traiter pour la diplomatie iraqienne. « Depuis 2003, nous avons un grand nombre de questions en suspens avec l’Iran, dont les conséquences de la guerre entre les deux pays (1980-1988), les frontières, l’eau, les mines (...). Le plus gros dossier à traiter par notre ministère est celui concernant l’Iran », a-t-il déclaré dans une séance à huis clos du Parlement et dont des extraits ont été diffusés par la télévision publique Al-Iraqiya.

Ces déclarations interviennent suite à une brève occupation iranienne la semaine dernière d’un puits de pétrole iraqien situé dans une région frontalière disputée. A ce sujet, le ministre a déclaré que « les violations de la part de l’Iran ont commencé en 2006 ». Le nombre de soldats impliqués dans ce face-à-face de la semaine dernière n’a pas été précisé, mais dans les zones sensibles, les postes-frontières sont généralement occupés par une trentaine de soldats iraqiens, et ailleurs par une dizaine de militaires. Onze soldats iraniens sont stationnés près du puits sur lequel ils ont hissé un drapeau iranien pendant quelques jours. La prise de contrôle du puits, qui appartient, selon l’Iraq, au gisement pétrolier de Fakka, dans la province de Maysan, a suscité des protestations du gouvernement iraqien et a induit une hausse des cours du brut sur les marchés mondiaux. Les forces iraniennes se sont depuis retirées, mais l’Iraq affirme qu’elles se trouvent toujours sur son territoire, ravivant les plaies de la guerre entre les deux pays qui a fait un million de morts dans les années 1980.

Le puits litigieux, qui n’a fonctionné que brièvement à la fin des années 1970, est maintenant situé dans un no man’s land de fait tandis qu’une commission binationale se prépare à démarquer la frontière au début de l’an prochain. La simple menace de futures incursions ou de conflits frontaliers implique des risques accrus pour les 10 concessions pétrolières que le gouvernement iraqien a réussi à attribuer cette année et dont certaines sont proches de la frontière iranienne.

Cette question est étroitement liée à celle du pétrole, enjeu majeur non seulement pour les Iraqiens, mais aussi pour les compagnies internationales. Une violence persistante, une corruption endémique et une loi sur le pétrole en attente, la fragilité d’un régime tiraillé entre communautés chiite, sunnite et kurde, l’incertitude sur le résultat des élections législatives prévues le 7 mars 2010 ... Tout cela n’empêchera pas les compagnies pétrolières – le français Total en tête – de reprendre le chemin de l’Iraq. Dans un pays qui détient la troisième réserve mondiale d’or noir, les promesses de demain valent bien les sacrifices d’aujourd’hui.

Abir Taleb

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