Pesticides.
Afin de
réduire leur utilisation, le ministère de l’Agriculture
vient d’élaborer un plan pour la lutte contre les fléaux
agricoles. Objectif : obtenir des produits sûrs et sains
pour la consommation locale, l’écosystème et l’exportation.
Rationaliser l'utilisation
Mieux
vaut tard que jamais. Le ministère de l’Agriculture et de la
Bonification des terres en Egypte vient d’annoncer une
campagne de lutte contre l’utilisation abusive des
pesticides. Amin Abaza, ministre de l’Agriculture, a déclaré
récemment qu’un nouveau plan est élaboré visant à créer une
base de données de tous les fléaux agricoles, ainsi que de
tous les éléments de la lutte biologique. Objectif principal
: mettre un terme à l’utilisation abusive des engrais
chimiques. La base de données des pesticides est divisée en
trois listes : la première a eu l’approbation de l’Union
européenne et des Etats-Unis, la deuxième comprend les
genres de pesticides faisant l’objet d’étude et dont
l’utilisation est suspendue et la troisième regroupe les
pesticides dangereux interdits d’utilisation. Il s’agit de
se servir de toutes ces données pour mettre en place des
programmes de prévision de fléaux afin de préciser le temps
opportun pour y remédier, ainsi que les moyens de
protection. Ce plan est important vu que le sommet des
Nations-Unies sur les changements climatiques s’est achevé à
Copenhague avec un accord non contraignant et à minima. Et
qu’aujourd’hui, c’est toute la communauté internationale qui
est impliquée dans la question de réduction des émissions
des gaz à effet de serre et du CO2, notamment les grands
pollueurs du monde, les Etats-Unis, l’Inde et la Chine. Sans
oublier que les experts internationaux ont prévenu que
l’Afrique connaîtra de graves impacts sur les récoltes et
les économies agricoles. « L’objectif de ce plan est de
rationaliser l’utilisation des pesticides et de les limiter
au maximum, notamment pour les récoltes importantes qui
possèdent un rendement économique en Egypte, comme les
légumes et les fruits. Il est question pour nous de protéger
le consommateur en général de tous les impacts négatifs de
ces pesticides et d’augmenter le nombre des marchés au
niveau mondial », explique le ministre qui n’a pas hésité à
préciser également que le ministère de l’Agriculture et de
la Bonification des terres « est en train de mettre en place
également une stratégie pour la culture organique en Egypte
afin de la développer à travers les moyens technologiques
les plus modernes en se servant des fertilisants naturels et
de programmes de supervision sérieux. D’ailleurs, tous ces
plans ont pour objectif de protéger l’écosystème, notamment
dans les zones de grands projets stratégiques, comme Toshka,
l’Est de Oweinat et Nobariya, contre toute pollution et de
conserver la biodiversité ».
Tous ces
plans sont basés sur les normes adoptées par l’Union
européenne, l’Agence américaine de la protection de
l’environnement, l’Organisation mondiale de la santé et tous
les organismes internationaux des pesticides. D’ailleurs, la
culture organique est utilisée dans les nouvelles zones du
désert égyptien. Pour le ministère de l’Agriculture, il
s’agit de tirer les enseignements des projets réussis dans
ce domaine et de les appliquer dans les anciens terrains
agricoles situés dans le Delta. Pour exécuter tous ces
efforts, des programmes sur plusieurs étapes sont en
préparation.
Formation, sensibilisation et autorisation
C’est un
processus qui devrait être suivi par tous les acteurs
principaux de l’agriculture en Egypte. Le comité des
pesticides, relevant du ministère de l’Agriculture, confie
la mission du contrôle continuel sur les composantes des
pesticides lancés sur le marché aux ingénieurs agronomes.
Même les vendeurs de ces engrais auront droit à une
formation. « Le ministère possède sept centres de formation,
dont six au sein des différentes universités sur le
territoire et le septième se trouve au Caire en dehors de
l’université. Dans ces centres, le vendeur obtient une
formation sur la lutte intégrée, la prévention,
l’utilisation sûre et l’élimination de ces pesticides. Il
apprend même à lire et à comprendre les indications et les
instructions concernant ce produit chimique. Bref, il est
considéré comme un médecin qui prescrit une ordonnance à un
malade. Certainement, tous les vendeurs de pesticides
doivent montrer l’autorisation qu’ils ont obtenue après la
formation pour être accrédités », indique Magdi Al-Hariri,
directeur de l’Institut de recherches et de la prévention de
la faune au sein du Centre de Recherche Agricole (CRA)
relevant du ministère de l’Agriculture. Et d’ajouter : « Il
s’agit également de la sensibilisation des paysans et des
cultivateurs en ce qui concerne l’utilisation des pesticides
et le fait de trouver d’autres alternatives biologiques pour
éradiquer les fléaux, comme les parasites, la production
d’autres variétés et le retour aux instruments manuels afin
d’éliminer les herbes sauvages par exemple ».
Nouvelles zones
Même si
les orientations du ministère de l’Agriculture et de la
Bonification des terres visent le renforcement de la culture
organique afin de protéger les consommateurs, elles sont en
retard par rapport à la situation actuelle quant aux
changements climatiques et le développement durable. « Il
fallait penser à cela depuis longtemps, vu les évolutions
anormales dans le climat dont nous sommes témoins. On doit
diminuer au maximum les engrais chimiques et les pesticides.
On doit encourager aussi la culture organique et naturelle,
mais dans les nouvelles zones seulement, parce que les sols
qui ont absorbé une grande quantité de pesticides pendant de
longues années ont besoin de beaucoup de temps pour éliminer
l’impact de ces engrais. Cela dépend aussi des genres
d’engrais chimiques utilisés et de la nature des sols »,
assure Mohamad Al-Raei, professeur d’études
environnementales à l’Université d’Alexandrie et conseiller
de l’Académie arabe des sciences et de la technologie. Selon
lui, l’espoir est dans les nouvelles zones dont les produits
sont destinés à l’exportation et en profitant des sommes
retenues pour bonifier d’autres terrains.
Racha
Hanafi