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 Semaine du 30 décembre 2009 au 5 janvier 2010 2009, numéro 799

 

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Economie

Banque Centrale d’Egypte. Plusieurs mesures ont été entreprises par la Banque Centrale d’Egypte (BCE) pour minimiser les effets de la crise et relancer l’économie. L’auteur les passe au crible tout en y jetant un œil critique.

La gestion de la crise, un an après

La crise financière s’est révélée aux Etats-Unis le 15 septembre 2008. Comme prévu, l’impact de cette crise a été clairement ressenti en Egypte : une baisse des taux de croissance du produit intérieur brut et une hausse du taux officiel du chômage. Le surplus du compte courant en 2008 s’est transformé en déficit en 2009, il y a eu également une baisse des revenus du Canal de Suez et du tourisme, ainsi que des transferts des Egyptiens travaillant à l’étranger. Sans oublier bien sûr la chute des prix des actions en Bourse. Ces retombées générées par la crise nécessitent une série de politiques économiques pour éviter une récession.

La politique monétaire adoptée par l’Egypte pour faire face à la crise a été essentiellement axée sur la réduction du taux d’intérêt sur la livre égyptienne. Le taux relativement élevé de l’inflation a cependant empêché une baisse importante et effective des taux d’intérêts. Certes, le taux d’inflation a baissé à environ 10 % en 2009, contre 20 % en 2008, il n’en demeure pas moins qu’il est relativement élevé si l’on veut aboutir au développement économique en Egypte.

Un regard sur la moyenne du taux d’intérêt nous démontre qu’il a chuté à 7 %, ce qui signifie que le taux réel d’intérêt (le taux d’intérêt annoncé par la BCE) a été négatif d’environ 3 %. Ce qui est peu propice et ne peut pas être durable d’autant plus qu’une politique monétaire saine exige que le taux réel d’intérêt soit positif. Ainsi, il est évident que la Banque Centrale a appliqué à l’excès la politique du taux d’intérêt malgré la maigre marge de manœuvre en raison du taux d’inflation élevé. 

L’inflation et la politique fiscale

Le plus grand bénéficiaire de cette baisse du taux d’intérêt a été d’ailleurs le budget de l’Etat. Car la baisse du taux d’intérêt de 1 % entraîne une baisse de 7 milliards de L.E. de ce que paie le gouvernement en intérêts sur son endettement intérieur. Cette relation nuit en fait à l’efficacité de la politique monétaire visant l’inflation. Car la réussite de cette dernière nécessite que la politique fiscale ne prenne pas le dessus sur la politique monétaire. Or, en cas d’un grand déficit budgétaire avec une énorme dette intérieure, ce qui est le cas en Egypte, le risque que la politique fiscale gagne du terrain face à la politique monétaire devient un fait accompli. C’est pourquoi il faut bien réviser la baisse du taux d’intérêt, notamment que les taux d’inflation sont voués à la hausse, en raison de la hausse des prix des produits alimentaires (qui constituent 50 % de la palette des articles en fonction desquels est calculé le taux d’inflation). Les prémices se sont effectivement fait ressentir dans la hausse des prix du sucre, et du baril du pétrole qui a grimpé de 36 à 70 dollars. 

Un taux à réviser

Pour toutes ces raisons, la BCE aurait dû avoir recours aux autres outils monétaires dans ses tentatives de stimuler l’économie. Le taux des réserves obligatoires, que les banques doivent déposer auprès de la Banque Centrale, est actuellement de 14 %. Il est vrai que ce taux a été réduit pour les banques qui octroient des crédits aux petits et moyens projets, au même rapport du montant de ces crédits. Cependant, ce taux demeure en gros élevé. Alors qu’il fut quasiment réduit à zéro ou presque dans plusieurs pays. La Banque Centrale aurait dû réduire ce taux à moins de 5 % afin de permettre aux banques commerciales d’augmenter les crédits et les facilités de financement nécessaires au lancement du mouvement commercial et financier.

Les opérations du marché libre font également partie des outils alternatifs afin de faire face au marasme. Et ce, par le rachat des titres financiers excellents, afin de mettre un terme à la détérioration de leurs valeurs qui a eu lieu au début de la crise. Cette mesure aurait réalisé de grands acquis lorsque les prix de ces titres financiers ont repris la hausse après février 2009. Il semble que la BCE n’a eu que très peu recours aux opérations de marché libre le long de l’année dernière.

D’autre part, le large déficit dans le compte courant de la balance des paiements nécessitait que la BCE entreprenne des mesures spéciales, surtout que le déficit de la balance commerciale (les importations dépassent les exportations) a atteint environ 25,1 milliards de dollars. L’une de ces mesures, qui aurait remédié à ce déficit, était la baisse du taux de change de la livre égyptienne face au dollar. Mais c’est le contraire qui a eu lieu.

Le taux de change de la Livre s’est en fait élevé dans les derniers mois, passant de 5,65 L.E. à 5,46 L.E. le dollar. Et ce, bien que la logique économique affirme que la baisse du taux de change de la Livre mène à booster les exportations et freiner les importations. Et donc dans ce contexte, il est indispensable de réviser la politique du taux de change de la livre égyptienne et entreprendre les changements requis pour mieux gérer l’économie du pays.

Les objectifs de n’importe quelle politique économique sont essentiellement : la croissance, l’équité, la stabilité du taux de change, la création d’emplois et l’équilibre dans la balance des payements. L’objectif essentiel de la politique monétaire selon la loi de la Banque Centrale est de maintenir la stabilité des prix. Les autorités financières ont déclaré en 2005 que la politique monétaire vise à lutter contre l’inflation. A l’ombre de la crise actuelle, il faut oublier cet objectif afin de réaliser des objectifs plus utiles et prioritaires, à savoir la croissance, l’activation de l’économie et la réduction du taux de chômage.

Partant de cette logique, je propose que la BCE présente des incitations afin d’accroître l’activité des petites et moyennes entreprises, comme des crédits à des intérêts réduits. Ainsi que le soutien des exportations, qui est en conformité avec la valeur ajoutée à l’économie nationale et la création de nouveaux emplois qui réduirait le taux de chômage, actuellement estimé à près de 10 %, soit 2,4 millions d’individus.

Enfin, d’aucuns douteraient de l’efficacité des politiques monétaires face à une crise financière. Mais ce doute n’a pas lieu d’être, car à la lumière du marché libre et l’orientation vers le secteur privé, la politique monétaire joue un rôle efficace dans la gestion de l’économie nationale. Il faut cependant que cette politique soit adéquate à la situation prédominante et à l’objectif prôné. L’harmonisation des politiques financières, commerciales et immobilières avec la politique monétaire est indispensable afin de réaliser les objectifs de la politique économique.

Pour finir, l’économie égyptienne est en crise et est menacée des retombées d’une éventuelle hausse du taux de l’inflation (lire page 4). Bien que l’économie mondiale soit en train de sortir de son marasme, il n’en demeure pas moins qu’elle n’a pas encore totalement guérie. L’administration économique en Egypte doit donc continuer à recenser les changements économiques et l’efficacité des mesures entreprises. Ne serait-ce pour réaliser des taux de croissance élevés et soutenus ?

Sultran Abou-Ali
Ancien ministre égyptien de l’Economie.

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